La Bretagne n’aime pas les radars. Ni surtout les radars tourelles, qui peuvent suivre 32 véhicules à la fois sur 8 voies et flasher – de façon invisible, le flash étant infrarouge – la vitesse, le non-respect des feux rouges, des distances de sécurité, des lignes continues etc. Ce sont donc déjà quatre radars tourelles qui ont été détruits depuis juillet – le premier était à Avessac en Loire-Atlantique.
Le 27 juillet et le 3 septembre, le radar tourelle de la RD178 près de Domalain a été incendié. L’état persiste et signe : il a été réinstallé une troisième fois. Il faut tout de même reconnaître que les radars tourelle, soit-disant « indestructibles » mais surtout plus chers, ne sont installés qu’aux emplacements les plus fructueux : lignes droites, descentes, bois… « Ce n’est plus une question de sécurité routière, mais de faire rentrer des sous et escroquer celui qui a le malheur de devoir conduire pour travailler », commente un commerçant ambulant du nord-est de la Loire-Atlantique.
Ce qui explique aussi que ces radars, d’autant plus efficaces qu’ils ne sont que peu voire mal signalés, sont peu aimés. Celui de Goven, au sud-ouest de Rennes sur la RD44, a été incendié ce 13 septembre.
Selon notre cartographie, la Bretagne compte à ce jour au moins 13 radars installés ou en voie de l’être : deux ont été incendiés (Goven, donc, et Avessac, en Ille-et-Vilaine et Loire-Atlantique respectivement), trois fonctionnent dans le Morbihan (Marzan, Locqueltas et Caudan), deux en Loie-Atlantique (sur le périph à l’extrémité nord du pont de Cheviré, à La Baule route de l’Immaculée), deux autres y seront installés d’ici décembre (Dréfféac et Saint-Herblain sur la RD17), quatre autres fonctionnent en Ille-et-Vilaine (Chavagne, la Chapelle Janson, Vern-sur-Seiche et donc Domalain).
Des radars équipés de caméras illégales : la société de surveillance toujours plus loin ?
Par ailleurs, pour limiter les vandalisations – officiellement du moins – ces nouveaux radars ont été équipés de caméras, placées dans le coin inférieur gauche de la fenêtre intérieure du radar, révèlent Capital et le média spécialisé Radars-autos.com.
Problème, relève Capital, « à ce jour, aucun panneau informant de la présence d’un tel dispositif n’est installé aux abords des radars. Le public doit en effet être informé de l’existence du dispositif de vidéoprotection. Toutes les caméras de vidéosurveillance doivent en outre être autorisées par un arrêté préfectoral qui précise notamment quelle est la finalité du système […]. Rien n’indique non plus qu’un arrêté préfectoral a été pris » dans chacun des départements concernés par les nouveaux radars.
Donc, en cas de vandalisme, les images de ces caméras sont légalement inutilisables et ne peuvent être retenues contre les contrevenants. Tout comme elles ne pourront l’être dans le cas d’autres procédures. Un raté de taille qui démontre que les tenants de la société de la surveillance totale ne reculent devant rien – pas même le droit – pour surveiller encore plus leurs concitoyens.
Remarquons au passage que ces radars tourelles, dénommés Mesta Fusion 2, sont fabriqués par Idemia – ex-SFIM, puis Sagem et Morpho, détenue depuis 2017 par le français Oberthur Technologies, lui-même tenu par un fonds d’investissement américain, Advent.
Louis Moulin