Les Américains ont débarqué en Normandie ! Non, Donald Trump n’a pas envoyé ses troupes sur les plages du Cotentin 75 ans après le « D-Day », mais, comme chaque année à la même période s’est déroulé le festival du film américain de Deauville. Les organisateurs ont à nouveau su attirer du beau monde, et dans tous les styles. Ils se devaient de mettre les petits plats dans les grands puisque le festival fêtait sa 45ème édition tandis que la compétition célébrait ses 25 ans.
Les femmes à l’honneur à Deauville
Honneur aux femmes avec Catherine Deneuve, Sophie Turner et Sienna Miller. La première n’est pas américaine, mais qu’importe, elle est l’un des visages du cinéma français de ces soixante dernières années et présidait cette 45ème édition.
Sophie Turner est quant-à elle devenue une star mondiale avec son rôle de Sansa Stark dans la série Game of Thrones. Le succès critique très relatif de la dernière saison n’a semble t-il pas eu d’incidence sur sa côte de popularité à en juger les hourras du public à son arrivée sur le tapis rouge.
Comme au festival de Cannes, il faut être invité pour assister aux projections et autres réceptions mais les acteurs et les cinéastes ont toujours un petit geste pour la foule. La jeune américaine, vue également cet été dans X Men : Dark Phoenix, change de registre dans Heavy, bientôt à l’affiche, où elle incarnera la compagne d’un dealer dans une sombre histoire.
Sienna Miller, vue en 2009 dans GI Joe, en 2015 dans American Sniper ou encore en 2017 dans The Lost City of Z est en Normandie pour la promotion de American Woman. Ce film qui parlera d’une mère ayant perdue son enfant devrait émouvoir plus d’un spectateur.
L’actrice a profité des interviews inhérents à ce genre d’événement pour faire une déclaration qui sera sans doute très discutée, puisqu’elle a affirmé que « les femmes regardent plus de films que les hommes » et que cela devait donc avoir une incidence dans leur place dans l’industrie du cinéma.
Sienne Miller a reçu un trophée, le « Talent Award », pour l’ensemble de sa carrière.
Johnny Depp et Pierce Brosnan : élégance au masculin à Deauville !
Si l’époque est à la dénonciation du sexisme et du traitement fait envers les femmes, Deauville accueille paradoxalement deux « sexe symboles » masculins, Johnny Depp et Pierce Brosnan.
Johnny Depp, 56 ans, fut pendant longtemps le conjoint de la Française Vanessa Paradis et a gardé de réels liens avec l’Hexagone. Il va prochainement ajouter un nouveau film à son cv prestigieux, Waiting for the Barbarians, un drame historique.
Celui qui a prêté ses traits à Donnie Brasco, Edward aux mains d’argent et bien sûr au capitaine Jack Sparrow se glissera cette fois dans l’uniforme du Colonel Joll, tortionnaire sans pitié.
L’ancien James Bond Pierce Brosnan était sur place pour recevoir, comme sa collègue Sienna Miller, un « Talent Award » récompensant le travail de sa vie.
Désormais grisonnant –l’acteur a 66 ans-, il s’est félicité de la décision de faire de 007 une femme. Pas sûr que son avis persuade les fans du légendaire personnage britannique.
Plus étonnant, Pierce Brosnan a allumé le feu médiatique en racontant qu’il était ami avec Johnny Hallyday.
Once upon a time in Deauville…
Créé en 1975 sous l’impulsion de Lionel Chouchan (publicitaire) et André Halimi (journaliste), le festival de Deauville permet de lancer la promotion française ou européenne de films américains mais aussi d’honorer la carrière de grands noms du cinéma. Certains des plus grands ont ainsi foulé le sol Normand, notamment Clint Eastwood, Robert Mitchum, Tom Cruise ou Harrison Ford.
Le festival se déroulé au centre international de Deauville, le palais des Congrès de la ville, depuis 1992, et c’est à partir de 1995 que la compétition a lieu, même si elle demeure secondaire en comparaison de celle du festival de Cannes.
Parmi les films vainqueurs du grand prix, on trouve quelques œuvres renomées comme Collision (2005), Little Miss Sunchine (2006), Whiplash (2014).
Le palmarès de la 45ème édition du festival de Deauville
Les lauréats de cette 45ème édition ont été révélés.
Le grand vainqueur est Bull, film signé Annie Silverstein, qui remporte non seulement le Grand prix du festival mais aussi le prix de la critique et le prix de la révélation.
Le synopsis:
Après avoir saccagé la maison de son voisin dans un acte juvénile purement gratuit, Kris, une adolescente de 14 ans qui vit dans la banlieue pauvre de Houston, donne l’impression de suivre le chemin de sa mère qui purge actuellement une peine de prison. Devant faire amende honorable, elle est obligée de prêter main-forte à Abe Turner, le propriétaire de la maison vandalisée et ancienne gloire du rodéo. En accompagnant ce dernier sur les circuits du Texas, elle se découvre une passion pour l’art de monter les taureaux à cru. Mais lorsqu’elle retourne chez elle, les mauvaises fréquentations ne sont jamais très loin…
‘Bull’ First-Look Clip: Annie Silverstein’s Cannes Un Certain Regard Pic Grabs Hope By The Horns
Deux films se partagent le prix du jury, The Climb, de Michael Angelo Covino, et The Lighthouse, de Robert Eggers.
Comme l’indique le site officiel du festival, le premier raconte l’histoire de Kyle et Mike, deux amis aux tempéraments très différents mais dont l’amitié a toujours résisté aux épreuves de la vie. Jusqu’au jour où Mike couche avec la fiancée de Kyle… Alors que l’amitié qui les lie aurait dû être irrémédiablement rompue, un événement dramatique va les réunir à nouveau.
Le second raconte l’histoire hypnotique et hallucinatoire de deux gardiens de phare sur une île mystérieuse et reculée de Nouvelle-Angleterre dans les années 1890.
Les Misérables remporte le prix Michel d’Ornano. Le film signé Ladj Ly, cinéaste issu du collectif Kourtrajmé, suite la route de Stéphane, policier intégrant la Brigade anti-criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « bacqueux » d’expérience, et découvrir rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…
Le prix du public de la ville de Deauville est attribué à The Peanut butter falcon, réalisé par Tyler Nilson et Michael Schwartz.
Le synopsis :
Zak, un jeune homme atteint de trisomie, s’enfuit de son foyer pour réaliser enfin son rêve : rejoindre l’école de catch de Salt-Water Redneck, une vieille gloire de ce sport, et devenir catcheur professionnel. Il rencontre Tyler, une petite frappe en cavale, qui va devenir son improbable coach et compagnon de route. Ils vont remonter ensemble les rivières, échapper à leur poursuivant, boire du whisky, rencontrer Dieu, attraper du poisson et convaincre Eleanor, une aide-soignante dévouée trimbalant ses propres démons, de les accompagner en chemin.
Cuban Network, d’Olivier Assayas et avec la belle Penélope Cruz au casting remporte le prix du 45ème festival du cinéma américain de Deauville. Il fait voyager les spectateurs au début des années 1990, lorsqu’un groupe de Cubains installé à Miami mettait en place un réseau d’espionnage avec pour mission d’infiltrer les groupuscules anticastristes responsables d’attentats sur l’île.
Enfin, le prix spécial du 45ème est décerné à Swallow, de Carlo Mirabella-davis.
Synopsis :
Hunter semble mener une vie parfaite aux côtés de Richie, son mari qui vient de reprendre la direction de l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets dangereux. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette étrange et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ?
Rendez-vous du 11 au 20 septembre 2020 pour la 46ème édition !
Alexandre Rivet
Crédit photo : DR
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