Quelques morceaux choisis de la série estivale de Drevet et Lhomme dans Le Monde consacrée à François Hollande et ses boys. Plusieurs Bretons furent aux premières loges.
Les deux journalistes vedettes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ont donné en août une suite à leur fameux livre Un président ne devrait pas dire ça (Stock). Avec une enquête dans les milieux socialistes où chacun a pu vider son sac et dire tout le mal qu’il pensait de ses « camarades » et tout particulièrement de Hollande. Bien entendu, ici et là, les Bretons apparaissent.
« Ayrault ? Un sale bonhomme »
Manuel Valls exécute Jean-Marc Ayrault (Nantes), alors Premier ministre : « Ayrault ? Un sale bonhomme, un type sans affect, qui ne manage pas, rancunier, ne promotionnant pas les jeunes, les considérant tous comme des rivaux » (mardi 27 août).
« Un Premier ministre calamiteux »
Ségolène Royal assassine à son tour l’ancien chef du gouvernement : « Ayrault était un Premier ministre calamiteux, il faut quant même le dire, c’était à pleurer ! » (mercredi 28 août).
« Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance », avait lancé François Hollande lors du fameux meeting du Bourget (22 janvier 2012). Commentaire de Benoît Hamon (Saint-Renan) : « Est-ce que j’ai cru qu’on allait être les ennemis de la finance ? Pas une seconde. Mais ça fait plaisir à entendre ! » (mardi 27 août)
On s’est beaucoup interrogé sur les qualités de François Hollande. S’il fut un bon premier secrétaire du PS, il ne fut pas un bon président de la République affirment ses détracteurs. Stéphane Le Foll (Berrien) s’interroge : « Est-ce qu’il avait l’envergure ? Je n’ai pas la réponse. Il n’a écouté personne. Pas moi, en tout cas. Il n’a jamais été capable de retourner vers son électorat. » (mardi 27 août).
La mort de la gauche ?
Le Foll n’est guère optimiste quant à l’avenir du PS. Pour lui, « c’est la gauche qui meurt. Elle va mourir. Les classes populaires vont partir là où il y a de la cohérence. » Il ajoute, désabusé : « Au bureau national, il n’y a que des bandes de petits cons. » (dimanche 1er septembre, lundi 2 septembre 2019).
Bernard Poignant (Quimper) était devenu conseiller spécial de Hollande à l’Élysée. Dans une note confidentielle (12 novembre 2015) destinée au Président, il explique comment il voir l’avenir de Emmanuel Macron, le jeune ministre de l’Économie : « On le verrait bien en 2020 ou 2021 à la tête d’une grande collectivité française (…) Il ne faut ni gâcher le potentiel d’Emmanuel Macron ni le décourager à poursuivre son chemin politique. » (samedi 31 août 2019).
» Valls, au moins, il a de la poigne »
Toujours taiseux, Jean-Yves Le Drian (Guidel) a refusé de répondre aux questions des journalistes du Monde. Pourtant il apparaît lorsqu’on évoque le « complot » qui précéda le vidage de Ayrault de Matignon. Avec Valls, Hamon et Montebourg, il voulait la tête du Premier ministre. D’après François Rebsamen (PS), alors sénateur et maire de Dijon, et proche de Hollande, Le Drian se troue au premier rang des intrigants : « Le Drian nous disait : « On ne peut plus tenir avec Ayrault ; Valls, au moins, il a de la poigne » » (mercredi 28 août).
On peut supposer que Le Drian avait également une raison très « bretonne » de souhaiter le départ de Ayrault de Matignon. En effet le redécoupage régional était dans les tuyaux. Et Le Drian, hostile à toute fusion de la Bretagne (4) et des Pays de la Loire, savait que le Premier ministre Ayrault disposait du poids politique suffisant pour imposer ce regroupement ; à coup sûr, Le Drian aurait été obligé de s’incliner. Tandis qu’une fois Ayrault redevenu député de base et Le Drian resté ministre, les rapports de force changeaient du tout au tout. Ayrault n’était plus le patron de Le Drian. Certes, au cours des débats qui précédèrent le vote de la loi relative à la délimitation des régions (16 janvier 2015), Ayrault dépose un amendement consistant à obtenir la fusion des deux régions. Sans succès. Manuel Valls était devenu Premier ministre en avril 2014.
Bernard Morvan
Crédit photo : J.M. Ayrault/Flickr (cc)
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