Le 11 septembre a marqué les esprits et suscité de nombreuses questions depuis 18 ans. La culture populaire en a également subi l’impact, à travers des films, séries ou chansons.
Le documentaire incontournable des frères Naudet sur le 11 septembre
S’il n’y avait qu’un film à voir sur les attentats, ce serait le documentaire des Français Jules et Gédéon Naudet. Durant l’été 2001, les deux frères étaient à New York pour suivre le parcours d’une jeune recrue des pompiers. Le 11 septembre, ils suivaient une banale sortie de la brigade pour une fuite de gaz dans une rue adjacente aux Twin Towers lorsqu’ils ont vu et filmé le crash du premier avion dans la tour Nord du World Trade Center à 8h46 du matin.
S’ensuit une dramatique course contre la montre pour les pompiers et les deux frères. L’un d’entre eux se retrouve même sur le site de l’une des tours lors de son effondrement.
Leurs images sont un témoignage historique absolument invraisemblable. Ils sont les seuls à avoir filmé le premier impact, et tous les événements de la funeste matinée nous sont montrés de l’intérieur.
Les bruits glacent le sang.
Le documentaire a été diffusé à la télévision américaine en mars 2002 puis à la télévision française en septembre de la même année, et est aussi sorti en DVD, les ventes allant au profit des associations des familles des pompiers tombés le 11 septembre.
Les frères Naudet sont retournés sur place cinq ans après, Jules se mariant même dans la caserne à cette occasion.
Ils furent par la suite les auteurs du documentaire sur les attentats du 13 novembre 2015 de Paris, disponible sur Netflix et dont nous avions parlé à sa sortie en 2018.
Au cinéma, tragédie et poésie autour du 11 septembre et des Tours jumelles
Il y a mille façons d’aborder un même sujet au cinéma. Le 11 septembre n’échappe pas à la règle et des films très différents ont ainsi été tournés.
Vol 93 (2006) et World Trade Center (2006) sont très classiques et racontent des événements bien précis.
Le premier évoque comme son nom l’indique le Vol 93 d’United Airlines, l’appareil s’étant écrasé dans une plaine de Pennsylvanie suite à la révolte des passagers. Les autres détournements sont également traités dans la première partie du film du point de vue du personnel des aéroports de Newark-Liberty et Boston, d’où sont partis les avions, mais aussi par celui d’une base militaire.
Dans World Trade Center, nous suivons une brigade de police de New York (dont le chef est joué par Nicolas Cage) se retrouvant rapidement plongée en enfer, sous les gravats des Tours jumelles. Il s’agit presque d’un huis-clos, les trois policiers survivant à l’effondrement étant bloqués sous terre. Pris au piège, ils ne peuvent que subir les conditions infernales auxquelles ils sont confrontés et essayer de se rassurer mutuellement pour tenir et espérer revoir leur famille un jour. C’est justement par les familles que l’on a le second point de vue du film sur les attentats, chacune d’elle vivant dans la tension et la peur. Certains diront peut-être que le long métrage a pour but de faire pleurer dans les chaumières mais il faut garder à l’esprit qu’il est sorti en salles seulement cinq ans après les faits, période où les blessures étaient encore très vives.
The Road to Guantanamo (2006), un docu-fiction inspiré d’événements réels, montre une autre facette et certaines conséquences des attentats. La prison de Guantanamo, à Cuba, accueillait en effet des prisonniers britanniques musulmans accusés de se battre avec les Talibans. Ces derniers étaient en fait allés en Afghanistan pour célébrer le mariage de l’un d’entre eux, au pire moment possible.
Les conditions de détention inhumaines des prisonniers ont suscité l’indignation. Ce film est un témoignage de cet épisode qui aura poursuivi George W Bush mais aussi Barack Obama pendant de longues années.
Nouveau changement de ton avec The Walk (2015). Il ne s’agit en fait pas d’un film sur le 11 septembre mais d’une histoire vraie plus ancienne mettant à l’honneur les Tours jumelles. Elle présente Philippe Petit, funambule français actif principalement dans les années 1970 et 80, qui rêvait de marcher sur un fil tendu entre les deux gratte-ciel. Un exploit – illégal – effectué le 7 août 1974.
Le film est réalisé par Robert Zemeckis, à qui l’on doit notamment Forrest Gump. Si les studios hollywoodiens auraient bien vu un Forrest Gump 2 lié aux attentats de 2001, le cinéaste a préféré évoquer les tours avec pudeur et poésie dans The Walk. Un choix à saluer !
Le 11 septembre a tué près de 3 000 personnes. Un chiffre colossal qui déshumanise presque les victimes. Pourtant, il s’agissait d’hommes et de femmes normaux, de parents, d’enfants ou d’époux. Ils ont laissé des veufs, des orphelins, comme le personnage principal de Extrêmement fort et incroyablement près (2011). Meurtri par la disparition de son père, qu’il a presque vu en direct à la télévision, il s’entête à résoudre une énigme que son père lui avait laissée. Les souvenirs douloureux réapparaissent bien sûr régulièrement.
Touchant mais pas bien reçu par le public, le film a tout de même obtenu une nomination à l’Oscar du meilleur film en 2012.
Spiderman, le super héros de New York impuissant le 11 septembre
Metropolis a Superman, Gotham City a Batman, New York a Spiderman.
L’homme araignée, créé en 1962 par Stan Lee, vit la plupart de ses aventures dans la Grosse Pomme. Aussi, après le 11 septembre, la maison d’édition Marvel a commandé un numéro spécial pour rendre hommage aux victimes.
Celui-ci est sorti dès décembre 2001 et montre le héros assister impuissant à l’explosion des Tours jumelles. S’ensuit un discours patriotique et politiquement correct plus qu’une vraie histoire. Spiderman est en effet accompagné par d’autres super héros mais aussi par les super vilains afin d’aider les pompiers de New York à fouiller les décombres. Les soldats du feu sont désignés comme les vrais super héros (c’est mérité !) tandis que le discours du « pas d’amalgame » est étalé en long, en large et en travers. Un avant-goût de ce que la France connaîtra 14 ans plus tard.
Le comics offre tout de même quelques belles images, publiées dans l’Hexagone en septembre 2002, pour le premier anniversaire des attaques terroristes.
Un tube de Renaud et du rap
Qui n’a jamais entendu la chanson Manhattan-Kaboul interprétée par Renaud et Axelle Red ?
Diffusée à partir de l’été 2002, elle ne quittera jamais vraiment les ondes. En plus de marquer le retour de Renaud sur le devant de la scène, elle illustre parfaitement le discours de victimisation des musulmans et d’accusation de la toute-puissance américaine. La chanson est disque de platine et obtient plusieurs récompenses (Victoires de la musique, NRJ Music Awards).
Le premier album du rappeur musulman Médine est consacré aux attentats et se nomme 11 septembre, récit du 11e jour. Lui aussi, dans son style, joue la carte de la victimisation, avec de nombreuses critiques envers l’Occident. Il félicite aussi le travail de Michael Moore.
Outre-Atlantique, c’est un autre rappeur, Immortal Technique, qui s’est emparé du sujet. Il remet largement en cause la version officielle des attentats dans son titre Cause of death, qui cumule des millions de vues sur YouTube.
Enfin, des groupes comme Gorillaz ou Yellowcard ont rendu hommage aux victimes et notamment aux pompiers en musique.
Nul doute que le 11 septembre continuera d’inspirer les cinéastes et les musiciens pendant longtemps, permettant ainsi de ne jamais oublier les victimes de ces attaques.
Crédit photos : DR
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