Plusieurs dizaines de milliers d’euros en petites coupures ont été découverts dans une cave de Bellevue le 30 août dernier dans le cadre d’une mission de sécurisation des halls et des caves d’immeubles investis par le deal de drogue.
Selon un proche du dossier, cette découverte représenterait « le fond de caisse d’un dealer », utilisé pour « rendre la monnaie aux clients, remettre l’argent dans le circuit, payer les charbonneurs [dealers], les nourrices [personnes qui cachent la drogue et où se réfugient les dealers en cas d’opération policière] et les guetteurs, demander certains services, etc ».
Le trafic de drogue, aux mains de neuf familles dont sept issues du Maghreb à Nantes, génère des revenus colossaux… et une consommation de drogue non moins importante, du fait d’un marché local – en demi-gros et au détail – impressionnant. Cette situation est aussi liée aux pressions et intimidations – contre les riverains, mais aussi les juges et même la police – exercée par les chefs de réseaux, sûrs de leur impunité.
« Les dealers de Nantes alimentent aussi les trafics dans d’autres villes moyennes alentour, et même au-delà de la région », relève une source proche du dossier. « Il suffit notamment de s’intéresser aux liens, notamment commerciaux, entretenus par certaines familles avec d’autres, en Île-de-France et dans le Languedoc, près de la frontière espagnole ».
Les revenus du trafic sont réinvestis « en objets de luxe, mais aussi et surtout en investissements au pays, et dans certaines entreprises ici qui couvrent l’activité – un garage peut ainsi servir de support à l’organisation de go-fast, ou à l’organisation d’une activité triangulaire entre la France, le Maroc et l’Algérie : ils exportent des voitures et rentrent d’autres biens, parmi lesquels est cachée la drogue ».
Par ailleurs, les tests pratiqués sur les 1.5 kilos de drogue de synthèse à la naphtaline retrouvés plus tôt à Bellevue ont révélé la présence de kétamine et de GHB. La seconde, l’acide gammahydroxybutyrique, plus connu sous le nom de drogue du violeur, a des propriétés sédatives et amnsésiques. Le GHB était employé en médecine pour soigner la narcolepsie, mais est souvent employé par les violeurs en milieu festif dissous dans une boisson – dont il ne modifie ni l’aspect ni le goût – pour endormir la victime et faciliter l’acte sexuel.
La kétamine, utilisée comme anesthésiant en médecine vétérinaire et humaine, provoque des troubles hallucinatoires et d’impression délirantes. Elle élève aussi la fréquence cardiaque et la tension artérielle, réduit le rythme respiratoire. En association avec l’alcool et d’autres produits stupéfiants, elle peut entraîner la mort, surtout à forte dose et sur un usager non habitué. Quant à la naphtaline à forte dose, elle provoque la destruction des globules rouges – une anémie hémolytique –, a des effets cancérigènes prouvés sur l’animal et probables chez l’homme, et des effets pulmonaires. Reste à savoir si d’autres quantités de drogues semblables ont été produites et dans quel but quelqu’un a associé le trio infernal kétamine, GHB et naphtaline.
Louis Moulin
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