En ce moment, dans les eaux du PS, certains s’activent à pousser la candidature de Bernard Cazeneuve à l’élection présidentielle de 2022. Effectivement, un avocat d’affaires fera l’affaire… Et le Système applaudira !
« Le PS n’est plus un creuset d’idées. »
Au PS, l’optimisme semble être la règle ; on y croit… Ou bien on fait mine d’y croire. « Il y a un espace politique entre la France insoumise et la République en marche. Il faut préparer la reconquête. En retrouvant la création militante et en respectant le sens du collectif. », lance Dominique Raimbourg, premier secrétaire de la fédération socialiste de Loire-Atlantique (Dimanche Ouest-France, 18 mars 2018). Mais Philippe Grosvalet (PS), président du conseil départemental de Loire-Atlantique, tempère cet enthousiasme : « Le PS n’est plus un creuset d’idées. Notamment sur la question la plus complexe qu’est l’économie et le social. Il faut que l’on rediscute avec les intellectuels, avec des syndicalistes comme Laurent Berger » (Ouest-France, Loire-Atlantique, lundi 19 mars 2019).
À coup sûr, le militantisme n’apparaît pas en grande forme dans l’usine d’Olivier Faure. Entre 200 et 250 personnes à la fête de la rose – régionale, s’il vous plaît ! – en septembre 2018, à Ancenis. Pourtant M. Raimbourg s’en satisfait : « Pour un cru de renaissance, c’est un bon cru » (Ouest-France, Loire-Atlantique, mardi 25 septembre 2018). À la veille de ce – petit – rassemblement, le même Raimbourg affirmait : « Je sens un retour de flamme, en effet, mais qui reste encore hésitant. Nous voyons des militants qui reviennent mais qui ne franchissent pas le pas de l’adhésion. Il y a aussi des gens qui ont quitté le parti mais qui ne sont pas allés ailleurs. » (Presse Océan, samedi 22 septembre 2018). Comme dirait Maxime Picard, premier secrétaire de la fédération du Morbihan : « Le sujet de fond, c’est la place du militant dans le Parti socialiste » (Le Télégramme, Vannes, lundi 11 septembre 2017).
Quelques appuis
C’est dans ce climat de grande incertitude que l’on commence à songer à l’élection présidentielle de 2022. Certains cercles de gauche travaillent à la mise sur orbite de Bernard Cazeneuve, le dernier Premier ministre de François Hollande, faute de trouver parmi les dirigeants actuels un quidam faisant le poids. Cazeneuve se verrait bien présidentiable, aussi a-t-il écrit à ses amis socialistes pour les « convier au rassemblement qui se tiendra à Maraussan » où il aura « le plaisir d’intervenir » (Libération, 27-28 juillet 2019). En jouant à la vedette à cette fête de la rose, il prend donc le départ. Il dispose de quelques appuis : « Cazeneuve est le mieux placé pour incarner une espérance à gauche », déclare ainsi Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat (Le Parisien, mardi 13 août 2019).
Mais l’enthousiasme est loin d’être général. « Bernard Cazeneuve veut être utile à la gauche et s’est très bien. Il l’a été pendant les élections européennes. Il n’y a personne de trop dans le travail de refondation que nous avons à faire », constate Boris Vallaud, député des Landes et chargé du programme au sein de la direction du Parti socialiste (Le Monde, jeudi 22 août 2019).
Il ne faudra pas compter sur Stéphane Le Foll, le maire du Mans, pour participer au lancement de la fusée : « Je n’ai aucun problème avec l’ambition de Bernard Cazeneuve mais la gauche de demain, ce sera avant tout une ligne politique redéfinie, plutôt que la seule incarnation d’un homme ou d’une femme providentiel (le). Par ailleurs, je trouve ça assez paradoxal qu’après avoir tant voulu tourner la page du quinquennat Hollande, on fasse appel à son Premier ministre. » (Le Figaro, vendredi 23 août 2019).
Un remue-ménage qui n’arrange pas les affaires de François Hollande
Ce remue-ménage n’arrange pas les affaires de François Hollande – « lequel n’a toujours pas renoncé à un éventuel retour. En attendant, Cazeneuve participera aux journées parlementaires socialistes d’Avignon les 4, 5 et 6 septembre. Avec, en prime, un après-midi consacré à la social-démocratie. Avant de se rendre deux jours plus tard, à la fête de la rose de Maraussan, près de Béziers » (Le Canard enchaîné, 21 août 2019). Pour l’instant, c’est le seul recours possible du PS…
Un adversaire redoutable pour Emmanuel Macron ?
À coup sûr, Cazeneuve pourrait constituer un adversaire redoutable pour Emmanuel Macron car capable d’occuper une position centrale au sein de la gauche, c’est-à-dire compatible avec les différentes familles du camp « humaniste, progressiste et écologiste » (sic). S’il sait trouver le point d’équilibre – comme l’avait fait Hollande en 2012 –, il pourrait accéder au second tour de la présidentielle. Sa tête de notaire de province et son image « gauche libérale » l’y aideraient. D’autant plus que Jean-Luc Mélenchon ne semble pas en mesure de renouveler son exploit de 2017. Il peut donc ambitionner de « rassembler » tous les courants de la gauche, ce que Benoît Hamon s’était montré incapable de réaliser en 2017 (seulement 4,82 %). On notera qu’il est assez bien placé dans les sondages : sixième dans le classement des personnalités politiques (IFOP Paris Match, 11 juillet 2019) ; tandis que le baromètre IPSOS Le Point (25 juillet 2019) lui accorde un « total favorable » de 26 %.
Bernard Morvan
Crédit photo : State Chancellery of Latvia/Wikimedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V