Le syndicat FO Pénitentiaire de la maison d’arrêt de Rennes-Vezin dénonce, dans une longue lettre ouverte, l’état de la maison d’arrêt de Rennes, dangereux pour le personnel qui y travaille et à même de faciliter une évasion. La maison d’arrêt vient de connaître par ailleurs de nouveaux épisodes d’agressions à l’encontre du personnel.
« Au [centre pénitentiaire pour hommes de] RENNES VEZIN il y a un problème récurrent au niveau des caillebotis », écrit le syndicat : « une très grande partie de ceux-là sont détériorés à un tel point que la maison d’arrêt 1 et la maison d’arrêt 2 arrivent à faire des YOYOS entre elles. Cela est impensable, il faut le voir pour le croire !!! Les détenus en profite également pour faire des zones neutres une poubelle a ciel ouvert ».
Insécurité au cours des promenades
FO Pénitentiaire dénonce aussi l’insécurité des cours de promenade : « les grilles qui entourent les cours de promenades sont très fragiles et ces derniers mois à deux reprises des personnes détenues ont brisé le grillage avec une facilité déconcertante pour aller dans les zones neutres » où ils ont récupéré des objets certainement prohibés arrivés soit via les yoyos, soit par les projections de l’extérieur de la prison.
Ces dernières « ont lieu à n’importe quelle heure du jour et de la nuit » ; récemment, un couteau projeté par-dessus les murs a été retrouvé par les surveillants. Et pour cause : « Le glacis est accessible à tout le monde et ne fait même pas l’objet d’une sécurisation digne de ce nom qui pourrait se caractériser par la mise en place de concertinas à la base et en haut des grillages qui limitent le site pénitentiaire », relève FO.
Des zones neutres très difficiles à surveiller
Par ailleurs, ces zones neutres entre les maisons d’arrêt 1 et 2 semblent très difficiles à surveiller : « la qualité de notre surveillance vidéo en promenade est elle que des angles morts permette à nos pensionnaires de faire ce que bon leur semble ». Plus inquiétant, « en janvier 2018 les personnes détenues avaient également cette fois-ci pas coupé mais fait tomber les grilles de la cour de promenade ».
Bien qu’avertie à plusieurs reprises des problèmes, la direction ne semble rien faire… en attendant une évasion ? « Un autre problème se pose, c’est le positionnement des préaux qui sont beaucoup trop près de la limite de la cour de promenade. Le préau et les grilles des cours de promenade sont équipé de concertinas [barbelés en rouleaux], mais malheureusement ils ne sont pas assez serrés ou même pas du tout doublés pour empêcher toute tentative d’évasion ».
Des parloirs pas sécurisés
Enfin, par volonté de maintenir la paix sociale au détriment du personnel, les parloirs ne sont pas sécurisés, dénonce FO, et participent à l’introduction d’objets prohibés en détention : « les personnes détenues se déplacent en toute impunité avec leur sac de linge sale qui peut dissimuler une multitude d’objet interdits pouvant servir à faire une prise d’otage au sein du parloir [armes blanches ou à feu] ou bien alimenter le trafic des différents bâtiments [drogue, téléphones, alcool, clés 3g, clés USB…] Le syndicat enfonce le clou : « sur ce secteur aucun détenu n’est palpé, de ce fait ceux qui ne sonnent pas au portique de sécurité rentre en toute impunité un tas d’objet interdit dans notre détention »
Le matin du 22 août dernier, les problèmes d’insécurité et de vétusté de la maison d’arrêt de Rennes se sont rappelés au quotidien des surveillants pénitentiaires. Outre un dysfonctionnement des portes au retour de la promenade des détenus de la maison d’arrêt n°2, des objets illicites ont été découverts dans une béquille, puis dans une cellule – un smartphone et son chargeur. Par ailleurs un détenu mécontent a copieusement insulté les surveillants peu avant le repas, puis lors de la distribution de celui-ci, tout en les menaçant de « représailles ». Il a été placé au quartier disciplinaire.
« On a bien l’impression que la direction attend qu’il y ait un mort ou une évasion. Ou peut-être bien les deux »
Le syndicat FO-Pénitentiaire enfonce à nouveau le clou dans son communiqué adressé au directeur de la maison d’arrêt concernées : « Cela fait des mois voire des années que le bureau local Force Ouvrière attire votre attention sur ces problèmes récurrents et qui mettent à mal la sécurité de nos agents et de notre établissement. Que faites-vous à part faire trainer les choses ? Ils sont pourtant nombreux : Les caillebotis ; les projections ; une sécurité périmétrique au plus bas, des dysfonctionnements de portes … D’ailleurs, depuis quelques temps c’est le portail d’accès au site pénitentiaire qui ne fonctionne plus et il semble évident que ce disfonctionnement laisse un accès facile aux personnes les moins bien [in]tentionnées … ».
Des problèmes que confirme un surveillant rennais : « entre les projections, les trous béants dans la sécurisation de l’établissement et l’indifférence totale de la direction face aux pannes et aux problèmes récurrents et régulièrement signalés, on a bien l’impression que la direction attend qu’il y ait un mort ou une évasion. Ou peut-être bien les deux ».
Louis Moulin
Crédit photo : chisloup/Wikipedia (cc)
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