Le réseau de la langue bretonne tire la sonnette d’alarme face à l’inaction du conseil régional de Bretagne, incapable de mettre en œuvre ses déclarations d’intention concernant la sauvegarde du breton.
Langue bretonne : un conseil régional fort en paroles
Le 14 décembre 2018, le conseil régional de Bretagne adoptait les « Grandes orientations de la nouvelle politique en faveur des langues de Bretagne ». De quoi enfin sauver de la disparition le breton ? Sous la mandature de Loïg Chesnias-Girard, l’entité s’est fixée pour objectif « de contribuer à la création de la société bilingue qui est souhaitée par les Bretonnes et les Bretons ».
Dans sa communication, la Région (B4) entendait alors « poursuivre et amplifier son action actuelle en faveur du breton, en concertation avec ses partenaires ». Elle annonçait également soutenir « ce qui permet la transmission de la langue bretonne et à sa présence dans la vie sociale, culturelle et publique », indiquant au passage que « la réussite passera aussi par la prise de conscience des différents niveaux de collectivités que la région réunira en 2019 et l’usage des nouveaux moyens de communication. » De belles paroles donc…
Mais pas de moyens supplémentaires
Avec de pareilles déclarations, les défenseurs de la langue bretonne pensaient enfin voir le bout du tunnel. Espoirs déçus ! Le budget 2019 pour le breton voté le 8 février dernier n’a pas augmenté par rapport aux précédentes années. Et n’est que de 2,24€/habitant. Un montant largement insuffisant tandis qu’il est de 7,50 € en Corse. De quoi faire réagir « Rouedad ar brezhoneg », le réseau de la langue bretonne. Celui-ci comprend plus de 50 associations travaillant au quotidien à la promotion du breton.
En novembre 2018, Rouedad ar brezhoneg avait tenu à alerter le président du Conseil régional, par l’intermédiaire d’un courrier, sur « le risque probable de disparition de la langue bretonne dans les décennies à venir » en demandant notamment la mise en place d’un « plan d’urgence » ainsi qu’une augmentation conséquente du budget alloué au sauvetage de la langue bretonne. Des requêtes qui restent pour l’heure sans réponses à la hauteur des enjeux. Pour Renan Kerbiquet, secrétaire de l’association d’enseignants Kelennomp, il s’agit « de belles paroles sans engagements concrets. »
Les Corses, les Basques… et les Bretons ?
Face à l’inaction du Conseil régional, Rouedad ar brezhoneg a décidé de proposer 80 actions concrètes afin de matérialiser les orientations de la Région Bretagne. En indiquant des objectifs précis, les moyens pour les atteindre, le résultat attendu et le calendrier à mettre en œuvre.
Une énième tentative de donner l’ampleur nécessaire à la sauvegarde du breton dans une Bretagne où la volonté politique fait clairement défaut. Comme le rappelle Renan Kerbiquet : « 3 % des établissements scolaires proposent un enseignement bilingue en Bretagne. Ils sont à plus de 80 % au Pays Basque, en Alsace ou en Corse alors qu’on était les premiers il y a quinze ans ! ».
Langue bretonne : former 5 000 locuteurs par an
Comment rester optimiste dans ce contexte ? Le réseau de la langue bretonne mise désormais sur la nouvelle « convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne », laquelle doit être ratifiée en 2020. Encore de la poudre aux yeux ? La dernière en date, manquant cruellement d’ambition, n’avait eu presque aucun impact réel.
Avec son nouveau plan d’action pour la langue bretonne, Rouedad ar brezhoneg espère permettre le maintien des 200 000 locuteurs bretons actuellement recensés. Pour cela, le réseau indique qu’il faudrait former 5 000 nouveaux brittophones par an pendant quinze ans, contre 500 actuellement. Les 80 propositions ont été envoyées à Loïg Chesnais-Girard. Pour une nouvelle fin de non-recevoir ? La bataille pour la survie du breton semble être un éternel recommencement tandis que la situation de la langue est chaque jour plus préoccupante.
Arthur Keraudren
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