Les partisans de la réunification de la Bretagne ne peuvent pas sabrer le champagne à la lecture du sondage révélé ce jeudi 29 août. Un sondage réalisé par TMO Régions pour le compte de l’association DIBAB en partenariat avec le Breizh Civic Lab.
Enquête réalisée par téléphone et en ligne du 3 au 15 juillet, selon la méthode des quotas auprès d’un échantillon de 1 683 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et résidant en Bretagne et Loire-Atlantique. Marge d’erreur de 2 à 3 points.
50% de favorables à la réunification, mais…
(Voir ici l’intégralité du sondage)
Ainsi, si une petite majorité de sondés en Loire-Atlantique (53%) se déclare favorable au rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, ce n’est pas le cas en Bretagne administrative (47%). Au total, ce sont uniquement 50% des sondés qui seraient favorables à la réunification. Par ailleurs, chez les jeunes, seuls 34% des sondés se disent favorables chez les 18/24 ans, signe que le travail de désidentitarisation du département mené notamment par la région Pays de la Loire (via l’immigration et via la débretonnisation) porte ses fruits.
Les nouveaux arrivants (ceux qui sont en Loire-Atlantique ou en Bretagne administrative depuis moins de 5 ans) sont également les moins concernés par cette question (tout comme sur la question de l’identité).
Dossier spécial du @LeTelegramme. Voici la vidéo présentant les résultats du #sondagebretagne mené par @tmoregions à l’initiative de@DIBAB_BZH et @BZHciviclab
Réunification de la Bretagne. Pour ou contre ? Les arguments de chaque camp https://t.co/DzpnNsHy2w
— Breizh Civic Lab ☰?? (@BZHciviclab) August 28, 2019
Le fait que la Loire-Atlantique soit rattachée à la région Pays de la Loire convient à 48% des sondés de Loire-Atlantique (ne convient pas à 32 %, 15% indifférents et 6% sans avis) tandis que chez les jeunes, cela convient à 62% chez les moins de 24 ans et à 60% chez les moins de 39 ans.
Mais dans le même temps, 59% des sondés en Loire-Atlantique se sentent bretons, cherchez l’erreur (87% en Bretagne administrative). Majoritairement là encore (60%) les sondés souhaitent qu’une concertation citoyenne soit engagée sur la question de la réunification, et ils sont 67% à souhaiter un référendum sur la question.
Autre question intéressante, sur la volonté que la région Bretagne prenne en charge des compétences jusqu’ici gérées par la France : alors que 61% des sondés confient mal ou très mal connaitre les compétences de la Région, ils sont 64% à se dire favorables ou très favorables à des transferts de compétences. Une majorité souhaiterait un référendum sur la question des compétences de la Région, sans estimer qu’il s’agisse d’une priorité, et alors que certaines nouvelles compétences (voter ses propres lois, prélever l’impôt notamment) ne suscitent pas l’adhésion majoritaire.
Le référendum, solution pour régler cette question une fois pour toute ?
Enfin, une majorité des sondés (61%) se prononcent en faveur de la fusion du conseil régional de Bretagne et des conseils départementaux, pour une Assemblée de Bretagne.
Ce sondage se révèle finalement très contrasté, et plus les années passent, malgré un sentiment breton toujours présent, moins l’idée de réunification de la Bretagne semble être une évidence pour des citoyens qui apparaissent très « interchangeables » dans leurs différentes réponses. La jeunesse et les nouveaux arrivants se sentent par ailleurs manifestement peu concernés par ces questions, à chacun ensuite d’en tirer les conclusions.
Cette question du désintéressement de ces « néo-bretons » vis-à-vis de l’identité bretonne souligne avant tout un échec majeur pour le mouvement culturel breton : il ne suffit pas d’ouvrir les portes de la Bretagne à quiconque veut y vivre pour que ces nouvelles populations prennent fait et cause pour les combats locaux.
L’idée toutefois centrale qui jaillit de ce sondage, positive, est celle d’une volonté de plus de pouvoir de proximité, avec notamment la volonté de traiter ces questions locales par référendum.
C’est d’ailleurs la conclusion que devraient tirer les élus de tout bord, s’ils souhaitaient se réconcilier avec la démocratie et avec leurs électeurs. Faire de la question du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne un référendum. Enfin poser la question et permettre aux citoyens de décider de leur destin, sur ce sujet là au moins.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine