Une étude de l’INSEE publiée mardi 28 août s’intéresse à la fécondité des femmes en France, notamment en fonction de leurs origines : immigrées et non immigrées. Et cette fécondité diffère grandement entre les deux…
Les femmes cadres ont moins d’enfants
D’un point de vue socioprofessionnel, le document, réalisé à partir d’une analyse des chiffres recueillis sur l’année 2016, nous indique que les femmes cadres sont celles qui ont généralement le moins d’enfants. Avec un ICF (indice conjoncturel de fécondité) de 1,64, elles ont tendance à moins procréer que les employées (1,91). Ces dernières seraient donc les plus fécondes d’après l’INSEE, devant les ouvrières (1,76), les professions intermédiaires (1,75) ou encore les artisanes, commerçantes et cheffes d’entreprise (1,70).
Un autre point retient notre attention : les femmes qui n’ont jamais travaillé se distinguent par une fécondité forte (2,57). Parmi elles, 29 % ne sont ni élèves ni étudiantes et leur ICF atteint alors 3,24 enfants par femme.
Par ailleurs, si les femmes cadres sont celles ayant le moins d’enfants, elles sont aussi celles dont l’âge moyen est le plus élevé à la naissance de leurs enfants : 33 ans. À noter que cet âge moyen de procréation est en augmentation pour toutes les catégories socio-professionnelles par rapport à 1999.
Femmes immigrées : une fécondité plus forte
L’enquête de l’INSEE offre également une autre grille de lecture permettant de distinguer la fécondité des femmes immigrées et celle des non immigrées. Et les conclusions sont éloquentes ! En 2016, l’ICF moyen de l’ensemble des catégories socio-professionnelles pour une femme immigrée est de 2,72 quand, dans le même temps, il n’est que de 1,79 pour les femmes non immigrées. Soit un écart de 0,93 enfant par femme et une fécondité de 52 % plus élevée pour les femmes immigrées. Le record de fécondité étant atteint par les immigrées non étudiantes et n’ayant jamais travaillé : 4,17 enfants par femme.
Par immigré, l’INSEE désigne « une personne résidant en France née à l’étranger et de nationalité étrangère à sa naissance ». Sont donc exclues de cette catégorie les femmes nées en France mais d’origine allochtone. Une précision indispensable si l’on cherche à quantifier plus précisément le nombre de naissances d’enfants d’origine extra-européenne en France. Il faut notamment pour cela se référer aux différentes études sur le dépistage de la drépanocytose.
Le rapport révèle également que, sans les femmes immigrées, le niveau de la fécondité en France en 2016 serait inférieur de 0,12 enfant par femme. Cette prépondérance des femmes immigrées en termes de fécondité est déjà apparue dans de précédents travaux de l’Ined : la part des naissances de mères immigrées dans l’ensemble des naissances en France était de 19 % en 2017 tandis que la part des femmes immigrées parmi la population féminine de 15 à 50 ans n’était en moyenne que de 12 %.
Hommes immigrés : eux aussi plus féconds
Chez les hommes, l’écart de fécondité entre les immigrés et les non immigrés est aussi très présent :
Si l’ICF moyen de l’ensemble des catégories socio-professionnelles n’est que de 1,79 en 2016 pour les hommes non immigrés, il atteint 2,84 chez les immigrés.
Enfin, il existe une différence troublante parmi les hommes non étudiants et n’ayant jamais travaillé : si les non immigrés ont une fécondité très réduite (0,78), celle-ci est de trois enfants par homme inactif chez les immigrés. Une différence culturelle dans l’approche des problèmes matériels engendrés par une telle situation ?
Arthur Keraudren
Crédit photo : Flickr (CC BY 2.0/DFID – UK Department for International Development) (Photo d’illustration)
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