Les véritables magiciens sont rares dans le football, et cette expression pour des techniciens souvent plus chanceux que doués ne cesse d’être galvaudée. Parmi les exemples les plus récents de véritable magie, on peut citer le titre de Leicester en 2016 obtenu sous les ordres de Claudio Ranieri, ou les deux incroyables réussites de Christophe Galtier qui a chaque fois ramassé un club aux portes de la relégation (Saint-Étienne puis Lille) pour le sauver d’extrême justesse avant de le qualifier pour l’Europe malgré un budget bien moindre que ceux du Big 4 français (PSG, OL, OM, ASM). Mais ce titre de magicien pourrait très bientôt se retrouver également accolé au nom de Julien Stéphan, l’entraîneur rennais, si celui-ci parvenait à réaliser une nouvelle saison plus aboutie que la précédente.
Des générations d’attente
Parce que parler de miracle pour avoir rompu la malédiction rennaise dès sa première saison à la tête de l’équipe première est loin d’être exagéré. Après 48 années de disette et une réputation de loser qui lui collait à la peau, le Stade Rennais avait remporté la Coupe de France, à la surprise générale, face au grand Paris-Saint-Germain. Après avoir perdu de cruelles finales face à Saint-Étienne et Guingamp, certains supporters rennais s’étaient faits à l’idée de ne plus jamais rien gagner. Et en plus de ce titre inattendu, les joueurs ont aussi offert à leurs fans le plus beau parcours européen de l’histoire du club breton. De quoi marquer les esprits malgré un parcours en championnat plus discutable, mais en partie dû au mauvais début de saison des Rouges et Noirs sous les ordres de Sabri Lamouchi.
Un début de championnat canon
Mais comme s’ils se sentaient enfin libérés de leur malédiction, les joueurs et les supporters rennais ont commencé cette saison avec plein d’ambition et, s’il est compliqué de tirer un bilan après 2 journées, on ne peut pas dire que l’enthousiasme soit retombé, bien au contraire. Tout avait pourtant commencé par un nouveau titre perdu, dans le Trophée des Champions, toujours face au PSG, mais le match avait été serré et motif d’espoir pour Julien Stéphan. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ses espoirs ont porté leurs fruits puisque les Rennais, malgré deux premiers matchs très difficiles, à Montpellier, une des meilleures défenses du championnat, et à domicile face, encore, au PSG, ont remporté leurs deux rencontres et partagent la tête de la Ligue 1 avec Lyon et Nice, aussi auteurs d’un carton plein.
Avec un Romain Salin presque novice dans les cages en l’absence de Mendy, et avec une jeune sentinelle d’à peine 17 ans en la personne de Camavinga au milieu de terrain, ces deux victoires sont plus que marquantes, et laissent espérer des jours encore meilleurs quand le mercato rennais sera terminé et que tout le groupe sera opérationnel et se connaîtra mieux. Rennes est en tout cas rassuré pour le moment en attaque avec la confirmation du buteur M’Baye Niang qui est assuré de rester. Gageons qu’il pourrait bien apparaître de nouveau parmi les buteurs de la prochaine journée face à Strasbourg.
Des objectifs élevés
En plus de cela, les Rennais vont bientôt commencer une nouvelle épopée en Europa League et, pour espérer faire au moins aussi bien que l’an passé et atteindre les huitièmes de finale, tout en continuant à bien figurer en championnat, il faudra compter sur un effectif large, ce qui n’est pas vraiment le cas pour le moment, et il suffirait de deux ou trois blessures de joueurs majeurs pour retrouver le club en difficulté. Concernant les coupes nationales, après leur titre de l’an passé, les supporters ne seront cette année pas trop exigeants et une élimination prématurée dans ces deux compétitions pour se concentrer sur le championnat et l’Europe sera plutôt bien acceptée.
Rennes n’a jamais fait mieux qu’une quatrième place en championnat de France. Si jamais Stéphan parvenait à qualifier le club pour la Ligue des Champions cette année, alors il deviendrait un vrai magicien. Mais attention, car à Rennes, spécialiste des espoirs déçus, la magie noire a longtemps été reine, à moins que ce titre en Coupe de France n’ait enfin rompu la malédiction pour de bon.
Photo d’illustration : DR
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