Située non loin de la guerre civile syrienne et du conflit persistant avec l’Etat Islamique en Irak, mais aussi sur la route de l’Europe, la Turquie a accueilli ces dernières années des centaines de milliers de réfugiés de toute la région. L’afflux ne s’interrompt pas en 2018, bien que l’intensité des combats ait nettement diminué en Irak et en Syrie, malgré l’ingérence turque au nord de la Syrie contre les kurdes.
La Turquie a en effet accueilli en 2018 577.457 personnes sur son territoire – soit un peu moins d’un pourcent de sa population totale (79 millions), en évolution de 23% sur un an. Un tiers de ces migrants ont moins de 35 ans – il s’agit notamment de personnes en âge d’être mobilisées en Irak et Syrie, ou de familles avec enfants. Ces migrants viennent principalement d’Irak (23.6%), d’Afghanistan (9.6%) et de Syrie (8 .4%).
Par ailleurs 430.000 migrants illégaux ont été interpellés à la frontière. De facto, la frontière entre la Turquie et la zone occupée par ses troupes au nord de la province d’Alep (Al-Bab et ancien canton kurde d’Afrin) est une passoire, avec de fréquents mouvements de rebelles – utilisés par les turcs comme des supplétifs – dans les deux sens. Le gouvernement syrien affirme de son côté que les rebelles qui lui résistent encore dans la province d’Idlib ont installé de l’autre côté de la frontière, en Turquie, des camps d’entraînement et des dépôts d’armes à l’abri des bombardements syriens et russes.
La répartition des migrants – légaux ou non – en Turquie pose problème. Près de 200.000 sont arrivés à Istanbul en 2018, ce qui a poussé les autorités à obliger ceux qui ont été enregistrés à leur entrée dans d’autres provinces à y retourner.
Istanbul accueille aussi la plus importante communauté de Syriens de Turquie, avec 570.000 personnes, 15% des Syriens se trouvant en Turquie. Ils se concentrent aussi dans d’autres villes plus proches de la Syrie, notamment Hatay (Antioche), Şanlıurfa (Edesse), ou encore Gaziantep. La province de Kilis à la frontière syrienne est composée de 81% de Syriens.
Et si 340.000 sont revenus chez eux – notamment dans les zones libérées par le régime, plus de 400.000 sont nés sur le sol turc. Par ailleurs, selon les ONG, plus de 400.000 syriens en âge d’être scolarisés (38.65% d’entre eux) ne le sont pas, surtout les filles. Barrières culturelles et linguistiques restent fortes, même en exil.
LBG
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