Un foyer de chancre coloré a été détecté pour la première fois à Nantes, rue Basse-Porte près du marché de Talensac. Les arbres concernés seront abattus – l’Etat impose l’abattage des arbres 35 mètres autour d’un arbre contaminé, et la rue fermée toute la semaine pour éviter les risques de contamination.
On les voit bien dans la rue : deux arbres complètement morts en bas, et un arbre – le quatrième en partant du haut – entouré de barrières rouges. Ces trois arbres ont été contaminés par un champignon redoutable, le chancre coloré. Et il a eu la peau de 22.000 des 40.000 platanes du Canal du Midi – voire du classement UNESCO du site, remis en cause.
« On voit quand il y a le chancre coloré sur les platanes », nous explique un agent des espaces verts de la ville, en montrant un arbre. « On voit des suintements rouges, et des fissures que l’arbre ne referme plus. On a d’ailleurs lancé un contrôle visuel des 4545 platanes nantais. On avait eu peur pour un exemplaire, ailleurs, mais finalement les analyses n’ont pas montré la présence du champignon. On est en train de contrôler les autres ».
Pour éviter la propagation du champignon, les normes sont strictes : abattage des platanes à 35 mètres autour du sujet contaminé, sur la même ligne – cela sauve les platanes de l’autre côté de la place, séparés des précédents par le bâtiment du marché. Et interdiction de replanter des platanes au même emplacement pendant au moins dix ans. « On replantera autre chose, entre les emplacements des arbres actuels », continue l’agent des espaces verts. « Pour l’instant, l’important c’est d’abattre les arbres le plus vite possible, sans impacter de trop les commerçants – or on est dans les semaines les plus calmes de l’année ».
Sous les platanes, ce sont en effet les emplacements des vendeurs de primeur. « Ce sont probablement eux qui ont contaminé les arbres », pointe un habitué du marché. « C’est moins le cas maintenant, mais il y a encore peu ils empilaient leurs caisses et palettes sous les arbres, le temps qu’elles soient ramassées par les éboueurs. Il aura suffi d’une caisse ou d’une palette contaminée… ». Une hypothèse pas exclue par les services de la mairie, « mais on ne sait toujours pas comment c’est arrivé ».
Des arbres avaient déjà été abattus dans cette rue et remplacés par d’autre, était-ce déjà le chancre ? « A l’époque, on n’avait pas fait la vérification, cela paraissait incroyable à Nantes. Et puis on pouvait encore remettre des platanes en lieu et place des arbres abattus ».
Pour éviter la dispersion de la sciure, les arbres seront coupés au pied avec des grosses cisailles – comme pour l’abattage forestier – et débités sur place sur des bâches tendues au sol. Puis les débris seront emmenés dans des bennes fermées et incinérés, les souches arrachées, ainsi que la plupart des racines. Les outils utilisés seront désinfectés, la rue fermée jusqu’à vendredi et les commerçants déplacés de l’autre côté du marché. « Espérons qu’ils éviteront de mettre leurs caisses en bas des autres platanes, on a envie de les garder », soupire un riverain.
« L’abattage des platanes me fend le cœur, même si ça semble justifié », explique un autre. « Le temps qu’on retrouve l’ombre donnée par ces arbres, il se passera des années », affirme une troisième. Un employé de la société d’élagage bouguenaisienne SERPE répond : « on ne peut faire autrement. Voyez l’arbre contaminé en haut [le quatrième en partant du haut], le gros à côté a déjà le tronc noir, il est contaminé. Et le suivant, il noircit, on voit des coulures noires au pied, c’est pareil. Ce sont les racines qui transmettent le champignon, ils sont tous plus ou moins en train d’être atteints, à divers degrés, même s’ils semblent parfaitement sains ».
Louis-Benoît Greffe
Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine