Sandro Gozi, ancien secrétaire d’État aux Affaires étrangères du gouvernement de Matteo Renzi (2014-2018) en Italie, est désormais, depuis ce mardi, « chargé de mission » pour le cabinet du Premier ministre en France..L’occasion de se pencher sur son passé politique, et notamment sur son appartenance de jeunesse au MSI, parti néofasciste italien dissout en 1995. Ce sont nos confrères du Primato Nazionale qui expliquent qui est Sandro Gozi.
D’abord, des études impeccables : baccalauréat classique, diplôme de Bologne, maîtrise à Paris et à Bruxelles, maître de conférences à Parme, Bruges et Drew University à Madison, New Jersey. Puis les premières grandes nominations politiques : de l’assistant politique du Président de la Commission européenne Romano Prodi, au conseiller politique du Président de la Commission européenne José Manuel Durão Barroso. Après avoir affiné les compétences de quelqu’un au bras droit, le voici en 2005 conseiller diplomatique du président de la région des Pouilles, Nichi Vendola, et en 2006 secrétaire général adjoint du Parti démocrate européen. Gozi a été élu député sur la liste de l’Olivier en 2006 et a participé à la fondation du PD en 2007. Nommé membre de la direction nationale du parti, il sera toujours élu député jusqu’aux élections législatives de 2018.
Au service de la France
Il a cependant atteint le sommet de sa carrière avec le gouvernement de Matteo Renzi, pour lequel il a occupé le poste de sous-secrétaire à la présidence du Conseil des ministres chargé des politiques européennes. Confirmé dans le même rôle par le gouvernement de Paolo Gentiloni, Gozi était en mars dernier candidat aux élections européennes en France sur la liste de Macron, tout en restant membre du Parti démocrate. Fin juillet, il a été nommé en France comme chargé de mission sur les affaires européennes, c’est-à-dire le même poste qu’il a occupé dans les gouvernements de Renzi et Gentiloni. Pour certains observateurs en Italie, c’est un évènement politique d’une gravité sans précédent, car bien que la France soit officiellement une « nation amie », dans un passé récent — notamment sur la question de l’immigration — elle a agi de fait contre les intérêts italiens.
Sandro Gozi, jeune militant du MSI, parti néofasciste italien
Mais au-delà de ces fonctions, qui est vraiment Sandro Gozi ? Ou plutôt, qui était le conseiller actuel de Macron lorsqu’il était jeune ? Était-il simplement cet étudiant modèle qui s’est ensuite assuré une carrière politique impeccable ? Pas sûr.
Comme on peut le voir sur la photo ci-dessous, Sandro Gozi était un militant adhérent du Front de la jeunesse (Fronte de la Gioventu) l’organisation de jeunesse du mouvement social italien, le MSI, parti néofasciste italien (et revendiqué comme tel). Selon les sources de nos confrères du Primato Nazionale, le futur bras droit du président français aurait même participé à l’escorte de Giorgio Almirante, fondateur du parti et ancien proche de Benito Mussolini, lors de la visite de ce dernier à Cesena.
Sandro Gozi fut, selon les mêmes sources, un membre actif du mouvement de jeunesse du MSI. Ce dernier reconnait cette adhésion, mais conteste son activisme de longue durée : « J’avais 16 ans, c’était un acte de rébellion qui n’a pas duré longtemps. Mon meilleur ami était le secrétaire local du Front de la jeunesse. Je venais d’une famille de centre gauche et mon acte était un acte de rébellion. Il m’a fallu très peu de temps pour comprendre que ce n’était pas ma façon de faire. La photo a été prise lors d’une visite d’Almirante à Cesena. Je l’ai approché un peu par amitié et un peu par curiosité… »
Il Primato Nazionale rapporte pourtant une feuille d’adhésion datée de l’année 90 — Gozi avait alors 22 ans et il était étudiant. La rédaction du Primato Nazionale évoque également « Une adhésion partagée de 1984 à 1987 » ainsi qu’une élection au conseil d’administration des instituts du Liceo Classico’V. Monti’ de Cesena, après sa candidature sur la liste Fare Fronte. Toutefois, ces derniers détails n’ont pas encore été confirmés.
Aujourd’hui, plusieurs décennies plus tard, le nouveau compagnon de route d’Emmannuel Macron a bien changé et résume ainsi sa pensée, à La Stampa : « Je travaille pour faire tomber les frontières de la politique nationale. Le projet européen valable est transnational, c’est ce que souhaite Macron ».
Après la polémique Nathalie Loiseau, tête de liste LREM aux Européennes et ancienne candidate de l’UED (Union des étudiants de droites), association montée par le GUD dans les années 80, voici donc le passé n’étudiant pas forcément « macron compatible » de Sandro Gozi, ancien du MSI, conseiller du Premier ministre en France. Insolite non ?
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