Conséquence de l’affaire Da Silva, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, annonce « qu’il n’y a pas possibilité d’accorder l’investiture socialiste au maire sortant ». David Samzun ne se dégonfle pas et réplique qu’il sera candidat « quoi qu’il arrive ». Aujourd’hui, les choses étant ce qu’elles sont, Samzun n’a pas besoin de l’enseigne PS, essentiellement contre-productive. Il pourra alors chanter sur tous les toits : « Bon débarras ».
Un « climat sexiste »
La situation se complique pour Dadid Samzun (PS), maire de Saint-Nazaire. Acte 1. Une conseillère municipale, Gaëlle Betlamini Da Silva, se confie à quatre élues de la majorité : Laurence Deniaud, première adjointe, Gaëlle Bénizé-Thual, adjointe aux sports, Pascale Hameau, adjointe à la transition écologique, et Céline Girard, adjointe aux affaires sociales. « Elle évoque une relation passée avec Martin Arnout, adjoint aux finances, mais surtout « un rapport non consenti » (Ouest-France, Saint-Nazaire, jeudi 6 juin 2019). Acte 2. Le 27 avril 2018, elles alertent le maire de la situation. « Outre le témoignage de leur collègue, les adjointes relaient leurs inquiétudes concernant d’autres femmes, et décrivent un « climat sexiste » régnant au sein de la collectivité. « C’est compliqué de réagir face à un flot continu de blagues graveleuses ou de regards appuyés sur des collaboratrices », énonce Mme Deniaud. De son côté, Mme Bénizé-Thual évoques des « mots grivois », « des SMS en rafale pour décrocher un rendez-vous avec des agents de sexe féminin », « une drague lourde » (Le Monde, dimanche 11 – lundi 12 août 2019).
Un complot politique ?
Acte 3. Le procureur de Saint-Nazaire classe sans suite l’enquête relative aux faits de viol, tout comme la plainte en diffamation déposée par l’adjoint incriminé. Acte 4. Le 28 juin, David Samzun crie au complot politique et annonce son intention d’écarter, à la faveur des élections municipales de mars 2020, les onze élus signataires d’un texte critique intitulé « Ils ne nous feront pas taire ». L’adjoint mis en cause ne sera pas reconduit non plus. Parmi les onze, des élus communistes et écologistes qui devraient constituer leur propre liste.
Acte 5. Le 23 juillet, Cécilia Gondard, secrétaire nationale à l’égalité femmes – hommes au sein du PS, dévoile les conclusions de la mission d’écoute diligentée à Saint-Nazaire par Olivier Faure. « La mission affirme avoir recueilli suffisamment d’éléments pour affirmer que la collectivité de Saint-Nazaire pâtit, en l’état, « d’un climat de violences sexistes et sexuelles », ainsi que l’énonce Cécilia Gondard, qui dit avoir été frappée par « la loi du silence » ambiante. Des propos et des comportements déplacés ont été rapportés. Des plaines, notent-ils pourraient être déposées prochainement. Le maire n’est pas visé. » (Presse Océan, samedi 10 août 2019).
Acte 6. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, prend la parole : « C’est le bureau national du PS qui tranche la question des investitures. À ce stade, il est toutefois acté qu’il n’y a pas la possibilité d’accorder l’investiture socialiste au maire sortant. La situation sera gelée tant que des discussions ne seront pas engagées avec la ville et qu’un éclaircissement de la situation soit obtenu. Il y a un certain nombre d’indices qui laissent à penser que s’est développée une culture sexiste, basée sur des stéréotypes de genres dépassés, créant un climat particulier marqué par une sexualisation importante. » (Presse Océan, samedi 10 août 2019).
Samzun, candidat quoi qu’il arrive
Acte 7. Réponse de David Samzun : « Je serai candidat aux élections municipales de Saint-Nazaire en mars 2020, quoi qu’il arrive (…) Je voudrais bien savoir ce que j’ai fait de mal au nom du PS. » (Presse Océan, id.).
Un raisonnement réaliste pourrait conduire David Samzun à considérer qu’en lui refusant l’investiture, la direction du PS lui rend un fieffé service. Car l’image du parti est plus que médiocre, les résultats électoraux pas fameux (la liste Glucksmann est arrivée en quatrième position avec 10,08% des voix aux européennes à Saint-Nazaire) et le leadership d’Olivier Faure insignifiant. Dans ces conditions, l’enseigne PS est davantage un boulet qu’un atout. On peut ajouter qu’à Saint-Nazaire, la seule personnalité locale à bénéficier d’une forte notoriété s’appelle justement David Samzun. Toutes ces données inciteront le maire sortant à constituer une liste « gauche indépendante », s’il le faut ; il n’aura aucune difficulté à monter une liste (49 sièges à pourvoir) en dehors des appareils. Et, cerise sur le gâteau, s’il veut montrer que l’époque du jacobinisme est terminée à l’hôtel de ville, faire référence à la réunification de la Bretagne et à la nécessité d’accorder une place à la culture bretonne dans la ville – comme à Rezé ou à Saint-Herblain – s’impose dans son programme ; ce serait un changement que la population apprécierait et un bon moyen de pratiquer une certaine « ouverture » en direction de milieux extérieurs à la gauche – on appelle cela le « rassemblement ».
Si on considère les résultats obtenus au premier tour des élections municipales de mars 2014, David Samzun peut aborder celles de 2020 avec optimisme. Sa liste « fraternelle et inventive » (sic) était arrivée en tête avec 41,37% des voix. Suivie par la liste de droite (25,11%) puis celle du Front national (12,56%). Ce qui laisse de la marge à Samzun si une seconde liste « de gauche » (PS officiel, PCF et écolos) prenait le départ.
Remarquons que le journaliste Yan Gauchard a réalisé un « scoop » avec le duel Olivier Faure/David Samzun grâce à deux articles publiés dans Presse Océan (samedi 10 août) et dans Le Monde (dimanche 11 – lundi 12 août). Beau ratage pour les journalistes d’Ouest-France ; ils étaient peut-être partis en week-end !
Bernard Morvan
Crédit photo : DR
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