Un homme déjà défavorablement connu des forces de l’ordre pour violences volontaires a été condamné à un an de prison fermepar le tribunal correctionnel de Nantes, assorti d’une interdiction de paraître en Loire-Atlantique à sa sortie, pour avoir agressé des pompiers en intervention.
Les faits s ‘étaient déroulés dans la nuit du 11 au 12 juin dernier : peu après minuit, dans les locaux du CCAS de Nantes, il y avait une soirée. Le prévenu s’est d’abord fortement alcoolisé, puis s’en est pris à sa compagne, puis a blessé au couteau de cuisine un des invités – à l’épaule et la hanche, suite à une bagarre.
La BAC arrive sur les lieux, calme le prévenu avec un Taser, mais il trouve encore moyen de mordre un policier au bras et d’arracher une touffe de cheveux à un pompier volontaire. Le prévenu a été condamné à 16 mois dont quatre avec sursis, et à indemniser les victimes.
Un pompier agressé chaque jour depuis début juillet
Le 20 juillet dernier, une quinzaine de pompiers du centre de Gouzé (centre-ville de Nantes près de l’église Saint-Clément) se sont mobilisés avec trois camions devant le château des Ducs de Bretagne, contre les agressions dont ils font l’objet. Des pompiers de Châteaubriant et de La Baule – Guérande ont aussi fait des mobilisations peu après avec un objectif similaire. Devant l’importance de la problématique au niveau national – un pompier serait agressé toutes les trois heures – le Sénat a lancé une mission d’information sur la sécurité des pompiers.
Chaque jour depuis début juillet, un pompier est agressé en Loire-Atlantique. En chiffres, cela donne 40 agressions de pompiers rien que pour le centre d’intervention de Rezé et 15 plaintes déposées par les pompiers de la caserne de Gouzé. Et encore, le syndicat SUD-SDIS 44 relevait en février dernier que le nombre de dépôts de plaintes était nettement inférieur aux agressions, insultes ou menaces relevés à cause de la lourdeur des procédures et du « fossé énorme entre le service juridique et les attentes de personnels » en centres de secours.
Le 26 mai dernier, un SDF qui avait perdu connaissance dans un ascenseur a menacé d’égorger les trois pompiers qui l’ont secouru, quartier Bouffay à Nantes. Il a été condamné à trois mois ferme, plus cinq d’un sursis révoqué.
De plus en plus d’interventions finissent mal
« Il y a de plus en plus d’interventions qui finissent mal », confirme un pompier nantais. « Surtout dans le Bouffay, avec une population assez spécifique, l’alcool, la drogue. C’est nouveau et c’est difficile de travailler ainsi ». Cependant, « nous, nous sommes un peu les gardiens d’une institution, et on a le devoir de réserve. On n’en parle pas facilement ».
Au CHSCT du 18 juin 2019, la question de la violence était une fois de plus abordée par le syndicat Sud-Sdis, qui proposait la mise en place de la caméra-piéton pour les pompiers en intervention – cela se fait déjà dans le Nord, où les pompiers étaient aussi jusque là fréquemment agressés.
Un sujet sensible…
Le directeur départemental des sapeurs pompiers a botté en touche, tout en confirmant que les caméras-piétons étaient envisagées, relève SUD-SDIS 44 : « On attend le décret qui devrait sortir en juillet. L’étude des caméras est faite il manque le décret. Le DMO prend la parole à son tour pour annoncer qu’ils cherchent avec le DDA une solution de protection et qu’ils ont rencontré les forces de l’ordre et le service pénitencier mais que leurs solutions ne s’adaptaient pas à nos missions. Ils continuent leurs recherches ».
Le directeur a aussi refusé lors du même CHSCT la création d’une application WhatsApp pour permettre aux pompiers de signaler incidents ou accidents en service – y compris les violences – au CHSCT. C’est dire que le sujet est sensible…
Louis Moulin
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