Une élection est à peine terminée que les professionnels de la politique songent à l’étape suivante. Il en est une qui peut être qualifiée de stratégique puisqu’elle conditionne tout le reste : l’élection présidentielle de 2022. Richard Ferrand s’en occupe déjà.
La Macronie commence à s’inquiéter ; on craint en effet une mauvaise surprise à l’occasion de l’élection présidentielle de 2022. La possible candidature du « socialiste » Bernard Cazeneuve, redevenu avocat d’affaires (cabinet August Debouzy à Paris), fait peur. Avec un scrutin serré au premier tour, ce dernier pourrait prendre 3 ou 4% des voix au président sortant.
« Le FN a une chance. »
Lundi 22 juillet. Lors d’un dîner offert à l’Hôtel de Lassay aux membres du gouvernement, Richard Ferrand (LREM), député de Carhaix et président de l’Assemblée nationale, explique la situation : « Jadot, Bertrand, Melenchon, Macron et sans doute Cazeneuve, cela fait cinq candidats entre 10 et 18%, et vous aurez Marine Le Pen à 25%. Comme le premier tour se sera constitué dans la haine contre Macron, si le président est présent au second tour, ce qui n’est pas acquis, les reports se feront très mal. Donc le FN a une chance. » (Le Canard enchaîné, 31 juillet 2019).
Des sondages « moyens »
Ferrand aurait pu détailler les hypothèses « négatives » de 2022 : Macron ne se représente pas car les sondages sont mauvais ; il est éliminé au premier tour faute d’arriver dans les deux premiers ; il est battu au second. Notons qu’en ce moment les sondages sont « moyens » pour le président de la République. À la question « quel jugement portez vous sur l’action du président de la République ? », 31% des personnes interrogées répondent « favorable » et 64% « défavorable » (Ipsos, Le Point, 25 juillet 2019).
Le bonheur de Christian Troadec
En cas de disparition d’Emmanuel Macron de la scène politique en mai 2022, un effet « dégagisme » risquerait de suivre lors des élections législatives un mois plus tard. Ce qui pourrait ne pas arranger les oignons de Richard Ferrand dans sa circonscription de Carhaix – Châteaulin. En effet devenir un personnage important à Paris entraîne des obligations que ne connaissait pas Ferrand lorsqu’il était député de base. Si bien qu’on perd de vue ses électeurs qui critiquent l’absence de leur député. Celui qui a goûté aux délices de l’Hôtel de Lassay n’a plus envie de se taper le terrain.
Une éventuelle défaite de Ferrand ferait le bonheur de Christian Troadec, le maire de Carhaix, qui n’attend qu’une chose : prendre la place de l’agent immobilier.
Bernard Morvan
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