À chaque problème, sa solution. En Hongrie, Viktor Orbán, quant à lui, voit plus grand. Pour lutter à la fois contre la baisse de la natalité, le vieillissement de la population, l’immigration et la désertion des travailleurs en quête de salaires plus élevés, le Premier ministre hongrois et père de 5 enfants propose à chaque couple marié de bénéficier d’un prêt de 30 500 euros… qu’ils n’auront pas besoin de rembourser s’ils font trois enfants.
Hongrie : quatre ans de salaire pour les couples
C’était le 10 février dernier. À l’occasion de son discours annuel sur l’état de la nation, Viktor Orbán annonçait un plan radical pour relancer la natalité de son pays alors en plein déclin démographique (la Hongrie souffre en effet d’un faible taux de fécondité : 1,54 enfant par femme contre une moyenne de 1,59 enfant dans l’UE en 2017).
De nombreuses mesures fiscales y avaient été annoncées : une aide financière à l’achat d’un véhicule pour les familles nombreuses, une exonération d’impôts sur le revenu pour les mères d’au moins quatre enfants, un système de prêt immobilier particulièrement avantageux, des aides aux couples mariés etc.
Chose promise, chose due : depuis début juillet, le gouvernement offre aux couples mariés un prêt de 10 millions de forint, soit environ 30 590 euros. Une somme considérable puisqu’elle équivaut à quatre ans de salaire en Hongrie.
Faire des enfants pour éviter les migrants
L’objectif du premier ministre, fer de lance de la lutte contre l’immigration extra-européenne vers le Vieux Continent, est clair : maintenir son pays à flot et éviter à tout prix l’arrivée massive de migrants pour palier la désertion des travailleurs hongrois et le vieillissement inquiétant de sa population.
« Les gens veulent que la Hongrie reste un pays hongrois et que nous favorisions la vie de famille. […] Nous n’avons pas besoin de chiffres mais d’enfants hongrois. » avait alors déclaré Viktor Orban le 10 février dernier.
Depuis quelques semaines donc, ce ne sont pas moins de 2400 familles qui ont demandé à bénéficier de ce prêt de 30 500 euros. À la clef : suspension des remboursements pendant trois ans dès la venue de leur premier enfant. Nouvelle suspension de 3 ans des remboursements dès le deuxième enfant.
Et si une troisième petite tête blonde venait à pointer le bout de son nez, le prêt n’aurait alors plus du tout à être remboursé. Cerise sur le gâteau : le prêt peut être utilisé par le couple comme bon lui semble.
Hongrie : des règles pour les parents
Pour prétendre à l’obtention de cette somme, certaines règles doivent néanmoins être respectées : les deux parents doivent être mariés et résider en Hongrie. La mère doit être âgée entre 18 et 40 ans et l’enfant doit être issu d’une première union, pour au moins l’un des deux parents.
Par ailleurs, le premier enfant doit naître dans les cinq ans après l’obtention de l’aide. En cas de manquement à cette règle, le couple doit rembourser tout ce qu’il a emprunté… en seulement quatre mois.
Cette mesure-phare du programme de protection familiale hongroise a d’ores et déjà reçue des critiques de la part des opposants à Viktor Orban, ceux-ci arguant que ce prêt ne saurait être profitable aux classes hongroises les plus pauvres. Sans fondement véritable, la critique de l’opposition semble davantage viser une politique ultra-nataliste et nationaliste hongroise menée à contre-courant d’une politique européenne plus portée vers l’immigration de masse.
Rappelons en effet qu’au même moment en France, certaines figures politiques comme Yves Cochet préconisent de « limiter nos naissances pour mieux accueillir les migrants ».
Crédit photo : Pixnio (CC0 Public Domain/Joel Carter)
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