Les images l’attestent, et le passif est déjà trop lourd. Un article publié il y a plusieurs jours sur Breizh-info.com, tend à faire passer les policiers pour des victimes dans l’histoire de la mort de Steve, dont le corps a été retrouvé lundi 29 juillet dans la Loire. En tant que militant breton régulièrement confronté à la répression administrative et policière, il m’était inconcevable de laisser un tel article sans réponse.
Le soir de la fête de la musique, le 22 juin, un jeune homme de 24 ans profite d’une soirée techno inoffensive au bout de l’île de Nantes, vers le hangar à Bananes. Vers 4 h du matin, la police charge les fêtards, pour une histoire d’horaires et de provocations. 14 personnes tombent dans le fleuve bouillonnant et dangereux. Steve restera porté disparu pendant 5 semaines.
L’article cité plus haut (et celui-ci) décharge la police de sa responsabilité pour des motifs délirants. Certes peut être que Steve est tombé dans la Loire avant la charge policière, certes il y avait évidemment une consommation de drogues et d’alcool importante comme dans toutes ces teufs, et sûrement qu’il y a eu quelques provocations. Mais même si Steve est tombé dans la Loire avant la charge policière, cette dernière est symptomatique du contexte sécuritaire de plus en plus répressif auquel on assiste.
Cette nuit-là, ce sont des dizaines de jeunes qui auraient pu mourir noyés, suite à cette action policière complètement irresponsable. Un article de Médiapart, paru dimanche 28 juillet, fait état des différents rapports internes qui témoignent de l’évolution du traitement policier sur cette zone. En 2017, dans un rapport faisant état d’une situation analogue sur cette zone, un policier indique que « compte tenu des risques que représente cette zone le long des berges non sécurisées, les policiers restent à distance ».
Deux ans plus tard, en 2019, les témoignages des policiers, dans l’article de Médiapart, sont accablants. Ils reconnaissent la dangerosité du lieu en lui-même et pointent la responsabilité de leurs collègues ce soir-là : « Les jeunes pouvaient tomber à l’eau, mais on y est allé et on a joué avec le feu. Ce drame aurait pu être évité. Et les responsabilités côté police, préfecture et mairie doivent être assumées ». Cette escalade de la violence, et la réponse répressive systématique maintenant, sont les signes de la radicalisation policière et politique.
On rappelle à propos que les consignes d’engagement de la police sont soumises à un code déontologique, et à une mission qui est de faire respecter « l’ordre public ». Mission qui irait de pair avec la protection des citoyens nous dit-on. Mais quand on voit ce genre de comportements, la répression complètement folle des mouvements sociaux, des militants politiques, le nombre délirant de blessés suite aux violences policières ces derniers mois et l’absence totale de sanctions, on peut se demander à juste titre qui nous protège de la police ? Il y a aujourd’hui à Nantes, et partout dans l’Hexagone, des hommes qui sont assez irresponsables pour charger et gazer un rassemblement festif à proximité immédiate de la Loire, alors qu’il n’y a aucune barrière de protection. Ces gens-là sont protégés par le pouvoir en place, et on leur laisse des armes et une liberté d’action sidérante. Le militant que je suis, conscient que nos libertés d’action et de parole sont de plus en plus limitées, ne peut se réjouir de ce triste événement. Je dois en tirer les conclusions avec l’analyse qui s’impose.
La police est une institution qui a pour but de protéger le pouvoir en place. Elle a pour mission d’organiser le désordre ambiant et non pas la protection des citoyens. Les policiers font en sorte que rien ne trouble l’installation massive d’extra-européens en Bretagne, que rien ne remette en cause sérieusement les conditions d’exploitation par le travail. Depuis des années déjà, l’impunité policière pour toutes les violences est effrayante. Prétendre que la réponse à la situation actuelle soit policière ou sécuritaire est un leurre de bourgeois.
Les réponses pour l’avenir de la Bretagne ne viendront pas des matraques des policiers français, des caméras et des préfets. Elles seront celles du travail politique, économique et culturel quotidien des Bretons et des Bretonnes, qui luttent chaque jour pour le « Vieux pays de leurs pères ».
Briac Le Calvez
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