Un banal tweet du directeur départemental des rédactions de Ouest-France en Loire-Atlantique en dit long sur son mépris de l’identité bretonne et sur les militants œuvrant pour la réunification.
VigiBretagne interpelle Ouest-France
Breizh-info avait déjà parlé il y a quelques mois de l’excellente association VigiBretagne. Cette dernière, créée en 2016, a pour objectif de signaler les médias, institutions, entreprises, etc. ne respectant pas l’intégrité du territoire de la Bretagne historique (à cinq départements donc) dans leurs communications diverses.
N’hésitant pas à interpeller sur les réseaux sociaux les entités et individus pris en flagrant délit de manquements à l’histoire bretonne, VigiBretagne a publié un tweet plutôt anodin le 24 juillet dernier. Celui-ci concernait l’absence d’une carte de la Bretagne historique recensant les différents manifestations culturelles estivales dans les éditions de Loire-Atlantique du quotidien Ouest-France. D’autant plus surprenant que cette même carte, appréciable pour le coup, est bien diffusée dans éditions des quatre autres départements bretons.
Chaque été, la #Bretagne redevient entière pour annoncer les fêtes dans les éditions @OuestFrance des 4 départements de la région administrative, mais cette belle carte est absente des éditions @OuestFrance44 ! Merci de publier cette carte dans les 5 départements bretons ! #44BZH pic.twitter.com/6B2tckz5PR
— VigiBretagne (@VigiBretagne) July 24, 2019
Arnaud Wajdzik : cachez cette Bretagne que je ne saurais voir
Si la requête n’a pas, en soi, un caractère exceptionnel, la réponse d’Arnaud Wajdzik, directeur départemental des rédactions de Ouest-France en Loire-Atlantique, laisse largement transparaître un mépris sous-jacent envers les partisans de la réunification bretonne :
« Nous parlons évidemment de la région administrative qui correspond à notre découpage et c’est notre choix. Maintenant peut-être aurait-il fallu que vous soyez plus de 50 à manifester devant l’hôtel du département au moment du débat sur la réunification ? Je dis ça, je dis rien. », écrit ainsi celui que son journal présente comme un « vrai Normand ».
Nous parlons évidemment de la région administrative qui correspond à notre découpage et c’est notre choix. Maintenant peut-être aurait-il fallu que vous soyez plus de 50 à manifester devant l’hôtel du département au moment du débat sur la réunification?Je dis ça, je dis rien.??♂️
— Arnaud Wajdzik (@awajdzik) July 25, 2019
« Ouest-France est un média indépendant… »
Les réactions qui succèdent au tweet d’Arnaud Wajdzik ne manquent pas de rappeler la mauvaise foi évidente du directeur départemental du journal Ouest-France.
Comment railler la cinquantaine d’infatigables militants réunis un jour de semaine devant le Conseil départemental à Nantes pour un débat se tenant à l’intérieur entre conseillers et déjà couru d’avance sans faire mention de la pétition en question ayant obtenu plus de 105 000 signatures. Laquelle demandait la mise en place d’une consultation ou d’un référendum en Loire-Atlantique sur le sujet de la réunification.
Arnaud Wajdzik aurait pu aussi relever que ces 105 000 personnes ayant accordé leur signature représentaient les plus de 10 % du corps électoral départemental nécessaire. Il n’en fut rien ! Comme il aurait également pu se remémorer les manifestations massives à répétition dans les rues de la Cité des Ducs pour demander, encore et toujours, le retour de Nantes dans son giron breton plus que millénaire.
Nantes. Incontestable succès pour la manifestation en faveur de la réunification
Tout comme les sondages successifs montrant une large adhésion de la population à cette idée de réunification, tant en Pays nantais que dans les autres départements bretons.
Mais le patron des rédactions du 44 a visiblement préféré invoquer « l’indépendance » de son journal pour prendre la tangente dans le débat et justifier les choix de ses rédactions :
« Et ça tombe bien, puisque nous avons publié plus d’une vingtaine d’articles sur le sujet…! Maintenant, Ouest-France est un média indépendant, qui reste maître de ses propres choix. Notre mission est d’informer, pas de servir une cause. Merci de respecter cela. »
Et ça tombe bien, puisque nous avons publié plus d’une vingtaine d’articles sur le sujet…! Maintenant, Ouest-France est un média indépendant, qui reste maître de ses propres choix. Notre mission est d’informer, pas de servir une cause. Merci de respecter cela.
— Arnaud Wajdzik (@awajdzik) July 25, 2019
Arnaud Wajdzik : « hargne contre toute revendication démocratique bretonne »
Mais, à lire les diverses réponses sur Twitter, la « mission d’information » non partisane chère à Arnaud Wajdzik ne semble pas convaincre tout le monde. Florilège :
Est-ce réellement votre choix ? Nous pensons que votre choix est celui de l’argent public de vos souteneurs qui vous gavent de près de 6 millions €/an pour prêcher leur bonne parole. Si demain on vous en offre 10 pour dire autre chose, vous prenez.
— NHU Bretagne (@NhuBretagne) July 26, 2019
Nous étions combien en 2014 déjà !? Pour un journaliste éclairé je trouve que M. @awajdzik opère un choix étrange de chiffres.
Je dis ça, je dis rien…— Loeiz (@LoeizArBzhg) July 27, 2019
Informer ? En sous entendant que seules 50 personnes se sont mobilisées ?
Alors que 40 000 étaient dans la rue pour la loi Notre (chiffre min).Rien à voir avec l’indépendance du @OFentreprises mais plutôt l’éthique. Y a pas de code dans le journalisme ?
— Josseliñ C’HΞR (@josselin_k) July 25, 2019
Quand on discute avec Ouest France ou ses représentants, il ne faut jamais oublier ceci. Ça peut expliquer certaines positions.
source : https://t.co/31Y56sSChF pic.twitter.com/XTvcx1tlFz
— Yannick Merceron (@yannickmerceron) July 26, 2019
Même Alan Coraud, ancien maire de la Remaudière et figure du militantisme breton dans le Vignoble nantais, est monté au créneau :
Votre propos est clairement une prise de position idéologique que l’on retrouve dans toute la sphère nationaliste française de Mélenchon à Le Pen en passant par les autres courants. On a compris depuis longtemps votre hargne contre toute revendication démocratique bretonne.
— Alan Coraud (@AlanCoraud) July 26, 2019l’e
Enfin, si Ouest-France « reste maître de ses propres choix » selon son directeur départemental, il l’est de moins en moins concernant ses ventes. Lesquelles sont en chute libre.
Youenn Kereon
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