Fascismes d’Europe. Thomas Ferrier présente son nouvel ouvrage

Thomas Ferrier a 42 ans. Historien (spécialisé en histoire romaine), il est dirigeant du Parti des Européens, mouvement prônant l’unité politique de l’Europe de l’Islande à la Russie sur une base identitaire et ayant vocation à préserver et restaurer l’identité européenne commune.

Il vient de publier le livre « Fascismes d’Europe » aux éditions Synthèse nationale (à commander ici)

Le fascisme a été, avec le communisme, le principal phénomène politique du XXème siècle. Synthèse originale de socialisme et de nationalisme, plus héritier de Blanqui que de Bonald, il a essaimé dans toute l’Europe à des degrés divers, inspirant les uns et les autres. La plupart de ses dirigeants, y compris les deux plus célèbres, viennent de la gauche socialiste. Le fondateur historique du national-socialisme, l’autrichien Walter Riehl, était lui-même un ancien social-démocrate. Et son parti, la DAP devenue DNSAP, était la révision nationaliste d’un courant socialiste classique. Zeev Sternhell, qui a consacré une part importante de sa vie au fascisme, a toujours exclu le national-socialisme de sa réflexion, et sa démonstration des origines socialistes du fascisme français a abouti à une aberrante conclusion, qui est de relier les Croix de Feu ou le régime de Vichy au fascisme, très loin de toute révision du socialisme et même par bien des aspects l’antithèse. Nous pousserons son raisonnement jusqu’où il n’a pas osé le mener.

Dans cet ouvrage, vous découvrirez un panorama exhaustif des fascismes d’Europe, de la centaine de groupuscules polonais et hongrois jusqu’aux grands partis au pouvoir, du Parti nationaliste islandais à la NSDAP. L’idéologie commune de ce mouvement continental sera analysée, ses racines également. Cette expérience historique finira dans le froid de l’hiver russe puis dans les ruines de Berlin.

Nous nous sommes entretenus avec Thomas Ferrier au sujet de son ouvrage.

Breizh-info.com : Pourquoi avoir écrit un énième livre sur le fascisme ? Qu’entendez vous y apportez de plus ?

Thomas Ferrier : Il y a de nombreux ouvrages consacrés à l’histoire du fascisme, comme Milza et Bernstein (en français), Paxton ou Payne (en anglais). Je cite également les travaux de l’historien israélien Sternhell. A droite, il y avait eu l’ouvrage sur les « fascismes inconnus » de Duprat. L’originalité de mon ouvrage est de citer tous les partis fascistes d’Europe entre 1918 et 1945, le moindre groupuscule étant recensé. Ils sont cités en version française et aussi en langue originale, ce qui est là aussi inédit, y compris en cyrillique ou en grec. Il prolonge les thèses de Frédéric Le Moal et de Zeev Sternhell déjà cité, à savoir qu’il prend au sérieux l’idée que le fascisme, y compris sous sa forme allemande (ce qui est inédit), est une révision nationaliste du socialisme et qu’il hérite fondamentalement du socialisme européen pré-marxiste ou anti-marxiste du XIXème siècle.

Le fascisme est bien une doctrine révolutionnaire, de nature totalitaire par ailleurs, mais sous une forme « archéo-futuriste », comme l’idée d’associer romanité et futurisme. En ce sens, Mussolini a bien été le socialiste italien annoncé par Lénine mais sous une forme que ce dernier n’aurait jamais envisagée.

Enfin de nombreux autres thèmes seront abordés comme les racines du fascisme depuis l’antiquité, les symboles fascistes, une analyse non-contextuelle définissant donc un type « idéal » libéré de toutes contingences historiques. Ce résultat sera baroque peut-être aux yeux de certains historiens professionnels, d’autant plus qu’il est « sans bibliographie ».

Breizh-info.com : Les fascismes ont-ils été jacobins, ou bien y a t’il une dimension européenne forte ?

Thomas Ferrier : Ils ont avant tout été nationalistes, et si certains fascismes ont eu des traits jacobins, ce n’était pas structurel mais simplement parce qu’un état autoritaire n’aime pas la subsidiarité. Ils n’ont jamais été vraiment anti-européens mais n’ont compris la nécessité d’une Europe unie traitant tous les Européens à égalité qu’à la fin, lorsqu’il était trop tard et que la défaite s’annonçait. Cette absence de perspective européenne a été la principale cause de sa ruine, ainsi que par ailleurs un mépris de la vie humaine à un point tel qu’il ne pouvait être perçu comme autre chose qu’une folie dévastatrice.

Breizh-info.com : Vous écrivez  qu’on ne peut pas comprendre l’Europe d’aujourd’hui sans analyser les égarements d’hier. Quel rapport entre l’Europe d’aujourd’hui et les fascismes ? Qu’entendez vous par là ?

Thomas Ferrier :  J’entends le fait que l’Europe actuelle a fait du fascisme, et surtout de sa version allemande, son opposé en toutes choses. Il suffit d’associer la moindre politique à ces années sombres pour la déconsidérer aux yeux des media et d’une partie du peuple. On le voit bien avec le traitement dont les populismes de droite sont les victimes médiatiques, en permanence ramenés à cette époque et devant se justifier plus ou moins bien.

On oublie que l’opposé absolu d’un extrémisme est un extrémisme contraire. Au lieu de retrouver le point d’équilibre, que l’Europe de 1957 avait pu malgré tout trouver, il a fallu appliquer les politiques exactement contraire dans tous les domaines à cette expérience politique et ainsi nos dirigeants emmènent petit à petit l’Europe vers le gouffre. Si l’Europe est désarmée moralement, elle le doit à une lecture fallacieuse de son histoire.

L’Europe est bien l’héritière de cette période, mais pas pour en perpétuer le souvenir, et sans aucun risque de reproduire les mêmes erreurs. Elle doit digérer cette époque et pour cela bien la connaître et la replacer dans son contexte historique et en ayant à l’esprit que ce sont les hommes qui commettent des erreurs, des fautes ou des crimes, et jamais une civilisation ou des idées.

Propos recueillis par YV

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