Bientôt la fin des seins nus sur les plages en France et en Europe ? Le topless semble en tout cas en baisse dans les pratiques des plus jeunes femmes.
C’est ce qu’il résulte d’une enquête de l’Ifop a réalisé pour le site d’information et de conseils VieHealthy.com. Une vaste enquête permettant d’observer l’évolution des pratiques des Européennes en matière de nudité sur les plages en été tout en faisant la comparaison avec d’autres moeurs, et notamment le voilement intégral islamiste via le burkini, qui s’est invité dans le débat public comme à Grenoble récemment.
Réalisée auprès de 5 000 Européennes (dont 1000 Françaises), cette étude confirme la baisse de la pratique du topless en France et en Europe tout en apportant des informations précieuses sur les freins à l’exposition de leur corps, les jeunes femmes expliquant avant tout le couvrement de leur poitrine par la crainte d’attiser le désir des hommes et d’être l’objet d’agression physique ou sexuelle, signe que la « pression sexuelle » qui s’exerce sur elles toute l’année continue en été.
Prudents (politiquement correct et légalité obligent sans doute), les sondeurs de l’IFOP n’ont pas cherché à aller plus loin dans l’identification culturelle de ces nouveaux policiers de la nudité, et de ces nouveaux prédateurs sexuels qui sévissent, sur les plages comme dans nos villes.
Le topless, une pratique en baisse
S’il y a plus de cinquante ans (1964), les Françaises furent les premières à se livrer à la pratique des seins nus sur les plages publiques, le nombre d’adeptes du topless diminue d’année en année : à peine 22% d’entre elles y enlèvent régulièrement ou occasionnellement le haut en été, contre plus d’une sur trois il y a dix ans (34% en 2009). Et si on remonte jusqu’aux années 80, qui furent celles de la grande époque du bronzage monoï et du culte du teint hâlé, le recul de ces dépoitraillements publics est encore plus net : aujourd’hui, à peine 19% des femmes de moins de 50 ans se mettent seins nus à la plage, soit deux fois moins qu’il y a 35 ans (43% en 1984).
Chez les femmes mûres, plus du tiers des 50-69 ans se mettent régulièrement seins nus au bord de la mer, contre à peine 20% des jeunes européennes de moins de 30 ans. Il existe ainsi une forte différence générationnelle dans l’exposition de la nudité chez la femme : l’impact de la libération sexuelle se ressent davantage dans les générations déjà adultes ou presque dans les années 1970/1980.
D’autres critères sont intéressants à relever : 37% des Européennes se trouvant très jolies se disent des adeptes du topless, soit deux fois plus que celles qui se trouvent laides (17%). Logique. Tout comme apparait logique la sélection religieuse : le bronzage seins nus est beaucoup plus répandu chez les non-croyantes (33%) que chez les pratiquantes régulières (22%). Mais il y aussi des effets directement liés à la religion comme on peut le voir pour l’islam : la pratique du topless étant deux fois moins répandue chez les musulmanes (14%) que chez les athées (33%).
La peur de l’agression sexuelle et la santé poussent les femmes à ne plus se déshabiller
Chez l’ensemble des Françaises, le premier motif avancé pour expliquer le couvrement des poitrines sur les plages est d’ordre sanitaire (56% avancent le risque que l’exposition au soleil fait encourir à leur peau), suivent ensuite la crainte de susciter un désir pressant (35%) ou une agression verbale, physique ou sexuelle (28%).
En revanche, chez les jeunes femmes de moins de 25 ans, qui sont aussi celles les plus exposées au harcèlement de rue, le couvrement des corps s’explique avant tout par ces derniers motifs : les jeunes Françaises expliquant avant tout le couvrement de leurs poitrines par la crainte d’attiser le désir des hommes (à 59%) et d’être l’objet d’agression physique ou sexuelle (à 51%).
Enfin, le troisième motif invoqué par les jeunes femmes est la crainte des critiques négatives sur le physique (à 41%)
Le burkini choque plus que les seins nus, les Français soutiennent une loi l’interdisant
Interrogés plus spécifiquement sur les diverses formes de voilement et de dévoilement des corps dans les lieux publics en été, les Français (hommes et femmes) s’avèrent toujours plus gênés à la vue d’une femme portant un burkini sur une plage (à 68%) que par une femme y pratiquant le nudisme (à 55%) ou le topless (à 22%).
Et pour faire écho à la polémique née cette année à Grenoble sur le sujet, on observe aussi que la gêne suscitée par le port du burkini dans une piscine publique est un peu plus forte (75%) que celle que pourrait y provoquer une femme bronzant seins nus (68%).
De même, les personnes de confession musulmane se distinguent nettement du reste de la population par la gêne que suscite chez elles la vue d’une poitrine dénudée sur une plage : 60%, soit trois fois plus de gêne que dans le reste de la population. Autres cultures, autres moeurs, malgré la volonté des autorités d’imposer un « vivre ensemble » qu’une majorité semble rejeter dans les faits.
Sur la question du burkini, les trois quarts des Français (73%) se disent favorables à une loi qui interdirait à l’échelle nationale le port du burkini dans les piscines publiques, sachant que son bannissement des piscines municipales ne repose actuellement que sur un cadre règlementaire et non législatif. Un positionnement également majoritaire dans des électorats de gauche (ex : 61% chez les sympathisants EELV, 59% chez les sympathisants LFI). Seules deux catégories de Français viennent briser ce quasi-consensus sur le sujet : les musulmans, qui ne sont qu’un sur quatre (25%) à soutenir une telle loi, et les jeunes de moins de 25 ans qui sont deux fois moins nombreux (41%) que les seniors de 65 ans et plus (85%) à soutenir un tel dispositif législatif.
L’étude se trouve en intégralité ici
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