Procrastination productive : moins faire avant pour mieux faire après ?

S’adonner à la procrastination productive, une pratique qui séduit (malgré eux bien souvent) de plus en plus de travailleurs. Mais l’efficacité est-elle au rendez-vous ? Passage en revue des arguments favorables et défavorables.

Procrastination productive : de quoi parle-t-on ?

Commençons par le commencement : qu’entend-on par « procrastination productive » ? Celle-ci désigne le fait de remettre toujours à plus tard les activités obligatoires. Avec des effets motivants une fois que le délai limite se rapproche dangereusement. Les procrastinateurs sont légion autour de nous, à l’instar de ces employés qui remettent au lendemain les taches les plus ingrates.

La procrastination productive consiste ainsi à être occupé par des tâches subalternes tout en procrastinant encore sur les tâches les plus précieuses. Même si vous travaillez de 8 à 10 heures par jour et que vous vous sentez productif, vous ne l’êtes finalement pas vraiment concernant votre travail qui est le plus important.

Procrastination productive : pourquoi elle séduit ?

Beaucoup de gens tombent dans le piège de la procrastination productive parce qu’il est assez difficile de détecter quand vous êtes engagé dans ce processus. Lorsque vous procrastinez (de façon normale), vous vous rendez presque toujours compte que vous le faites. Une prise de conscience beaucoup plus difficile dans le cas de la procrastination productive. Et pour cause : en menant de front un grand nombre de tâches différentes (de moindre importance), l’individu a alors une fausse impression d’efficacité.

De plus, dans une société où le volume d’heures travaillées par semaine est une valeur étalon (subjective certes) pour mesurer l’efficacité d’un employé, il peut parfois être très difficile d’accepter que nous n’avons pas besoin de travailler autant d’heures pour atteindre nos objectifs.

Dans ce contexte, il est donc tentant de perdre davantage de temps sur des tâches moins difficiles mais chronophages. Une dispersion fortement favorisée avec l’avènement des smartphones et des objets connectés.

procrastination

Travail occupé contre travail important

Être occupé n’est certainement pas la même chose qu’être productif. En étant occupé, vous consacrez beaucoup de temps et d’efforts à certaines tâches, mais vous n’êtes pas nécessairement productif. Être productif, c’est s’attaquer à des tâches significatives et utiles (vos priorités) de manière efficace.

Lorsque vous êtes engagé dans un processus de procrastination productive, vous avez tendance à travailler dur sans d’abord analyser la valeur des tâches sur lesquelles vous travaillez. Mais ce n’est pas parce qu’une tâche a une valeur quelconque que vous devez y consacrer votre temps ou votre énergie.

Rappelez-vous qu’il importe peu de travailler beaucoup si c’est pour travailler sur des choses secondaires. En somme, mieux vaut d’abord s’interroger sur la qualité du travail à accomplir que sur la quantité.

L’une des premières mesures à adopter lorsque l’on veut échapper à la procrastination productive est de commencer la journée avec les activités les plus importantes. Même si celles-ci ne sont pas toujours les plus agréables.

Procrastination productive : et il y a ceux qui sont pour…

Passons désormais dans l’autre camp : celui des partisans de la procrastination productive. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à la décrire comme la meilleure technique pour être plus efficace et productif au travail.

Un phénomène qui est encouragé par la publication de différentes études affirmant que les procrastinateurs seraient plus productif que les individus dont la gestion des tâches est très organisée. Nous voilà donc en plein dilemme. Des résultats de recherches publiés en 2014 nous indiquent notamment que l’esprit humain ne peut rester concentré en moyenne que 52 minutes d’affilé sur une activité. Avant de voir sa concentration et sa productivité diminuer. Après avoir travailler 52 minutes, 17 minutes de relâchement sur d’autres activités seraient alors nécessaires pour retrouver son niveau initial.

La créativité s’invite elle-aussi dans le débat pour certains métiers. La procrastination productive peut être une source d’inspiration lorsque l’imagination est à la peine. Passer à autre chose tout en ayant toujours la tâche initiale en toile de fond permet à l’inconscient de se ressourcer et donc d’enrichir la réflexion. Enfin, les adeptes de la procrastination productive seraient, selon une autre étude, mieux armés pour faire face aux situations de flux tendus, lorsqu’il faut être sur plusieurs tâches à la fois tout en gardant le contrôle.

Une fois ce constat dressé, libre à vous de remettre vos tâches prioritaires à plus tard, ou pas. Mais en optant pour la procrastination productive, ne perdez jamais de vue qu’elle doit vous permettre de réaliser vos objectifs initiaux. Sans vous perdre en chemin…

Crédit photo : Pixabay (Pixabay License/Concord90)
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