Une revue scientifique renommée a relayé une étude controversée affirmant que le réchauffement climatique est dû au fait que la Terre se rapproche du Soleil. Avec une polémique à la clé.
La distance Terre-Soleil en cause ?
C’est le 24 juin dernier que la revue scientifique en libre accès Scientific Reports, gérée par Nature Research (groupe auquel appartient la célèbre revue Nature) a publié une étude suggérant que le réchauffement de la planète est dû aux cycles solaires naturels. De nombreux scientifiques sont montés au créneau pour pointer différentes erreurs relevées dans le document.
La recherche, menée par quatre universitaires britanniques de l’Université Northumbria, de l’Université de Bradford et de l’Université de Hull au Royaume-Uni, ainsi que par l’Observatoire d’astrophysique Nasir al-Din al-Tusi Shamakhi en Azerbaïdjan, a donc créé une polémique compte tenu du relais médiatique dont elle a bénéficié.
Les auteurs de l’article affirment que la hausse des températures moyennes mondiales d’environ 1°C au cours des deux derniers siècles pourrait être due en grande partie à une combinaison de cycles d’activité solaire, ainsi qu’au mouvement du Soleil autour du centre de masse dans notre système solaire, connu comme un barycentre. Et, selon la publication en question, ce mouvement modifie la distance entre la Terre et le Soleil à différents moments, affirme le journal.
Trois degrés de plus dans 600 ans ?
Par ailleurs, l’étude fait aussi des prédictions pour l’avenir : au cours des 600 prochaines années, les températures pourraient encore augmenter de 3°C en raison de ce phénomène de modification de la distance. Quel crédit accorder à ces affirmations ?
Les critiques se multiplient depuis la parution de l’article. À l’instar de Ken Rice, de l’Université d’Édimbourg, qui a déclaré au magazine The New Scientist que l’équipe avait fait une erreur « élémentaire » concernant le mouvement de la Terre par rapport au Soleil.
Et d’ajouter : « Il est bien connu que le soleil se déplace autour du barycentre du système solaire sous l’influence des autres corps du système solaire, principalement Jupiter ». Selon lui, « cela ne signifie pas, comme le prétend le journal, que cela entraîne des changements dans la distance entre le Soleil et la Terre. »
Puis le professeur Rice conclut : « L’affirmation selon laquelle nous verrons un réchauffement dans les siècles à venir parce que le soleil se rapprochera de la Terre en se déplaçant autour du barycentre du système solaire est tout simplement fausse. »
Réchauffement climatique : la réponse des auteurs
Ken Rice a ainsi incité la revue à retirer la publication en question, affirmant qu’il était « embarrassant » que l’article ait été publié. De son côté, l’auteure principale de l’étude Valentina Zharkova a répondu que les liens entre le réchauffement et les cycles naturels de l’activité solaire suffisaient à prouver l’existence d’un schéma de réchauffement, même sans l’impact supplémentaire de la modification des distances entre le Soleil et la Terre.
Elle a poursuivi en déclarant que « les liens étroits entre les oscillations du champ magnétique solaire de base, le rayonnement solaire et la température sont établis dans notre article sans aucune implication du mouvement d’inertie solaire ». En qualifiant au passage le professeur Rice d’ « alarmiste climatique ».
Depuis la publication des travaux de l’équipe de chercheurs, Valentina Zharkova a tenu une conférence… devant le Global Warming Policy Forum, un groupe de réflexion et d’influence britannique niant l’origine humaine du réchauffement climatique. Ce think tank a notamment pour objectif de contester les « politiques extrêmement dommageables et nuisibles » envisagées par les gouvernements pour diminuer l’impact humain dans ce processus de réchauffement. En bref, les passes d’armes entre « réchauffistes » et climato-sceptiques sont visiblement loin d’être terminées…
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