La syphilis est de retour en Europe. Une récente étude alerte sur le nombre de cas détectés, en augmentation de 70 % depuis 2010 !
Syphilis, une vieille maladie
Si l’on vous demandait de citer des maladies des siècles passés, nul doute que la syphilis apparaîtrait en bonne position. Celle-ci est une IST (infection sexuellement transmissible) engendrée par une bactérie appelée Treponema pallidum. Les premiers symptômes sont une apparition d’une ulcération non douloureuse au pénis, au vagin ou à l’anus. Sans prise en charge rapide, la syphilis peut causer des problèmes au coeur et au cerveau.
Quant à son mode de transmission, c’est lors de relations sexuelles orales, génitales ou anales avec un partenaire infecté qu’un individu peut, lui aussi, être contaminé. Dans des cas plus rares, la transmission peut avoir lieu par l’échange de seringues ou par une lésion cutanée.
Avec la découverte d’antibiotiques en 1945, la syphilis s’était fortement raréfiée depuis dans nos contrées. Mais l’heure est de nouveau à l’inquiétude.
Syphilis : pourquoi revient-elle en Europe ?
Voilà qu’une étude réalisée par le European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC) [NDLR : Centre européen de prévention et de contrôle des maladies] vient nous rappeler que la syphilis connait une forte recrudescence sur le Vieux Continent. Les cas recensés ont ainsi augmenté de 70 % depuis 2010. La syphilis a même atteint son taux de contamination le plus haut en 2017 : 33 189 malades dénombrés à travers 28 pays du monde entier. Et l’Europe n’est pas en reste.
Parmi les principales causes, la multiplication des comportements sexuels à risques explique en partie cette propagation de la syphilis en Europe. Le Royaume-Uni enregistre par ailleurs l’une des augmentations les plus fortes. Dans le pays, le nombre de cas avérés de cette IST a plus que doublé entre 2007 et 2017, passant de 3 561 à 7 798. Cela équivaut à une augmentation de 5,8 cas pour 100 000 habitants à 11,8 cas pour 100 000 habitants. Seules l’Islande – avec un taux de 15,4 pour 100 000 – et Malte avec un taux de 13,5, avaient des taux plus élevés que le Royaume-Uni. L’Irlande et l’Allemagne sont les deux autres États composant ce « top 5 » des pays touchés par la maladie.
L’homosexualité mise en cause
Le rapport s’inscrit dans un contexte d’augmentation des IST dans le monde, l’Organisation mondiale de la santé ayant signalé le mois dernier qu’un million de nouveaux cas d’IST sont contractés chaque jour. L’augmentation du nombre de cas de syphilis en Europe – de 19 000 en 2007 à 33 000 en 2017 – est principalement due aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, selon les chercheurs. Entre 2007 et 2017, presque deux tiers des 260 000 cas de syphilis signalés sur le Vieux Continent étaient des hommes homosexuels. Les hommes hétérosexuels représentaient 23% des cas et les femmes 15%. Cette part des homosexuels est particulièrement marquée en France, en Allemagne, en Hollande et au Royaume-Uni : ceux-ci représentent plus de 80% des cas !
Le rapport de l’ECDC attribue l’augmentation du nombre de cas aux hommes qui n’utilisent pas de préservatifs mais aussi à l’augmentation du nombre de partenaires sexuels et à l’impact de la prophlyaxie pré-exposition (PrEP), une pilule prise avant les rapports sexuels pour réduire le risque d’infection à VIH.
Les experts pensent que cela a conduit à des comportements sexuels plus risqués, car les gens ne sont plus préoccupés par la contamination par le virus.
De plus, la mode du « chemsex » [NDLR : combinaison littérale de « chemical » et de « sex »] où les individus prennent des drogues pour augmenter leur plaisir sexuel et perdre leurs inhibitions – et l’utilisation d’applications pour trouver des partenaires sexuels pourrait également être à l’origine d’une augmentation de la maladie, selon le rapport.
Crédit photos : Pixabay (Pixabay License/kerryank)
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Une réponse à “Syphilis : homosexualité et « chemsex » pour expliquer son retour ?”
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