Vous avez rendez-vous avec votre généraliste mais celui-ci vous informe qu’il sera en congés à ce moment-là et que vous serez accueilli par son remplaçant. Mais qu’est-ce qu’un remplaçant ? On fait le point ci-dessous avec la chargée de communication d’Urbreizh-Syndicat, qui rassemble et représente les jeunes généralistes bretons (remplaçants, jeunes installés et chefs de clinique), affilié local de ReAGJIR
Le remplaçant, un stagiaire ?
Souvent perçus comme des stagiaires, les remplaçants sont en fait des médecins à part entière comme les médecins installés. Ils ont simplement fait un choix d’exercice différent souvent limité dans le temps : remplacer temporairement un médecin installé auprès de sa patientèle le temps que ce dernier effectue une formation, profite de vacances bien méritées, d’un congé maternité/paternité ou se remette d’une maladie. « Une grande partie des remplaçants ne l’est que peu de temps : ils mettent à profit cette période pour découvrir différents modes d’exercice et territoires afin de mieux réussir leur installation. », précise le Dr. Delphine Loquin, Chargée de communication d’Urbreizh-syndicat.
Deux types de remplaçants existent :
- Les médecins titulaires du diplôme d’Etat et inscrits à l’Ordre
- Les internes en médecine générale en fin d’internat, titulaires d’une licence de remplacement, valable un an. Ils ont déjà effectué au moins 3 semestres de stage sur 6, dont un chez un généraliste.
Un indispensable à la permanence des soins
« Il y aurait aujourd’hui entre 3 000 et 4 000 remplaçants généralistes pour 60 000 médecins généralistes installés. C’est assez peu quand on comprend qu’ils interviennent certes pour remplacer des médecins, salariés ou libéraux, en congés, mais aussi pour pallier d’autres absences temporaires pas toujours prévisibles (arrêt maladie, formation, maternité, mandat politique). », souligne le Dr. Delphine Loquin. « Les remplaçants sont essentiels au bon fonctionnement de notre système de santé, et notamment pour assurer la continuité des soins. »
Pour un médecin installé, trouver un remplaçant pendant ses vacances dépend surtout de deux critères : l’emplacement du cabinet et la période de remplacement. L’été est évidemment la période où la demande est la plus forte : il est généralement recommandé de s’organiser près d’un an à l’avance pour trouver un remplaçant disponible.
D’après l’Atlas 2018 du Conseil National de l’Ordre des Médecins, ils sont 0,9% des nouveaux inscrits en Bretagne à exercer comme remplaçants, 12,3% en libéral, 53,9% salariés et 0,2% en exercice mixte (par exemple libéral + PMI).
Alors qu’à l’échelle nationale, le nombre de médecins généralistes en activité régulière connaît une diminution de 0,4% depuis 2017[1], il est en légère augmentation en Bretagne : +0,47%, et plus précisément +0,36% en Ille-et-Vilaine. « Si on regarde maintenant sur la période 2010-2018, bien que la Bretagne enregistre une baisse d’activité régulière des médecins généralistes, on constate plus localement une hausse dans les départements du Finistère, du Morbihan et de l’Ille-et-Vilaine. », se réjouit le Dr. Delphine Loquin. « Et l’Ille-et-Vilaine peut s’enorgueillir d’être le département avec la moyenne d’âge des médecins généralistes la plus jeune à 47,5 ans. »
Les préoccupations des remplaçants
Le 16 mai, Urbreizh organisait à la faculté de médecine de Rennes « l’après-midi du remplaçant », un événement dédié aux remplaçants pour les accompagner dans leurs démarches, rencontrer les institutions actrices du remplacement (Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins d’Ille-et-Vilaine, Urssaf, CPAM, Agence Régionale de Santé de Bretagne), et répondre à leurs questions.
« Les questions récurrentes concernaient en effet l’inscription à l’Urssaf et la CPAM, le contenu d’un contrat de remplacement, le matériel nécessaire aux débuts d’un remplacement, comment trouver un remplacement, comment s’assurer de tenir correctement sa comptabilité… », rapporte le Dr. Delphine Loquin. « Autant de questions que l’on se pose aussi lorsque l’on s’installe ou quand on créée une entreprise. Les remplaçants, comme les jeunes installés, ont besoin d’un véritable accompagnement pour ne pas se perdre dans les démarches administratives et identifier les bons interlocuteurs. »
« On entend souvent dire qu’il faudrait forcer les remplaçants à s’installer coûte que coûte et rapidement. Mais le remplacement est à la fois un moment-clé dans la future installation d’un médecin, celui où il découvre tant un territoire qu’un mode d’exercice, et un outil indispensable pour une prise en charge continue des patients ! Ce qu’il faut c’est mieux l’accompagner, lui offrir une meilleure protection sociale, etc. », conclut le Dr. Delphine Loquin.