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Nantes : les Insoumis jettent l’éponge pour les municipales

Il n’y aura pas de liste siglée LFI (La France Insoumise) aux municipales à Nantes. Même s’il y aura une liste proche de ces idées. Voilà une décision qui illustre l’étendue des contradictions des Insoumis à Nantes comme ailleurs, mais est aussi liée à de l’arithmétique électorale simple. Et traduit nettement le détachement de LFI de la défense de la classe ouvrière au profit du « vivre ensemble », de la version low-cost des bobos mondialisés et de la société du spectacle.

Bien que Nantes compte dix « groupes d’action » de LFI, ceux-ci ne serviront pas une liste LFI, mais l’initiative de Nantes en commun.e.s Comme son nom l’indique, c’est un peu la même chose, moins la lutte des classes et plus de discours écolo-bobo immigrationniste, comme l’explique le chômeur Damian Bastian, animateur du groupe d’action LFI de l’Ile Beaulieu dans les colonnes de nos confrères d’Ouest-France (10.07).

Nantes en commun.e.s : discours écolo-bobo, théorie du genre et divers gauche

« Nous voulons une ville vraiment écologiste, une ville qui stoppe le bétonnage, l’abattage des arbres et multiplie les pistes cyclables, les coulées vertes. Nous sommes aussi pour l’encadrement des loyers, l’accueil des migrants et contre cette course folle à l’attractivité, cette concurrence des métropoles pour attirer les cadres ». Voisins du squat de migrants à Beauséjour et commerçants lassés par la politique municipale anti-voitures vont être ravis…

Nantes en commun.e.s est portée par Margot Medkour, Clément Barailla et Morgane Petiteau – ainsi qu’une quarantaine de nantais proches de LFI. Morgane Petiteau, qui est de Rezé, est animatrice d’ateliers sur les discriminations de genre, après un master en études de Genre, égalité et politiques sociales et une licence sociologie – elle est aussi chargée de mission Égalité des droits au conseil général de Loire-Atlantique dirigé par une majorité de gauche.

Candidate pour le Mouvement du 10 novembre – un petit mouvement divers gauche nantais qu’elle a cofondé avec trois amis –  dans la 1e circonscription de Loire-Atlantique en 2017 (404 votes, 1.54%), Margot Medkour forme à l’animation au sein d’une association qu’elle a confondé en 2016, la Panoplie agile, après un master de management à Audencia – pas nécessairement une pépinière d’anarchistes militants de 2011 à 2016, puis un autre master de sciences politiques à l’Université de Nantes jusqu’en 2018 – et divers postes de consultant de 2012 à 2015 en petite couronne parisienne.

Issue d’une famille très à gauche, elle a reconnue qu’elle a été empêchée par sa mère d’adhérer au PS et y a préféré Nouvelle Donne. Cas assez rare, elle a fait une année d’études à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou en littérature algérienne francophone (2012-2013).

Enfin Clément Barailla partage pas mal de points communs avec Margot Medkour : comme elle, il a été étudiant à Audencia – mais trois ans seulement, militant à Nouvelle Donne en 2014 – pour laquelle il a été candidat aux européennes en 2014, il est cofondateur de la même association Panoplie Agile. Il est aussi responsable du projet politique du Mouvement du 10 novembre, et comme elle, il s’est engagé dans la Cop21 nantaise et citoyenne.

Il est aussi à l’origine de l’assemblée commune des collectifs nantais, lancée en juin 2019 . Tous les collectifs ? Non, plutôt ceux qui agissent dans les domaines de « la lutte pour le climat, les droits de l’homme, l’antiracisme, l’éducation populaire ». En toile de fond : un engagement dans la gauche alternative associative et l’héritage de Nuit Debout.

 Parmi les propositions faites ce 9 juillet, « une régie municipale qui rachèterait des terres pour permettre à des jeunes agriculteurs de s’installer sur de petites surfaces, puis leur ouvrir des débouchés, épiceries soldaires, Amap, cantines scolaires », soit bio aux frais des Nantais et favoritisme à tous les étages – pas sûr que les règles des marchés publics le permettent du reste.

Mais encore l’encadrement des loyers, « imposer dans toute nouvelle construction des espaces communs à disposition des habitants pour installer des machines à laver, une cuisine collective, des jeux d’enfant »… retour vers l’URSS des années 20, immeubles dortoirs pourvu de cantines et de crèches collectives ?

Pas de place pour une liste Insoumise à Nantes, sauf à la sauce bobo ?

Bref, on l’aura compris, dès ses prémices, Nantes en commun.e.s parle à une certaine clientèle politique, marquée au sein de la gauche alternative associative et sensible au discours écolo-bobo-immigrationniste.

 « Cette liste s’adresse plutôt aux enfants des électeurs LREM ou PS/Génération.s sensibles à un discours bien gauchisant, mais pas anti-système », relève un proche du dossier, « pas aux prolétaires s’il en reste ou à leur version moderne : travailleurs pauvres et autres infortunés riverains d’une société du spectacle bobo de plus en plus inaccessible pour eux et dont ils subissent les nuisances, comme les migrants, la délinquance, le laisser-faire des autorités politiques… d’ailleurs cette population en marge se fait chasser de Nantes depuis des années ».

Louis Moulin

Crédit photo :DR
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