Avec le limogeage express de l’ex-préfète de Nantes Nicole Klein, qui détenait sans l’occuper de 2006 à 2018 un logement HLM dans Paris, François de Rugy a pris le luxe de s’offrir une affaire dans l’affaire. En effet, contrairement aux habitudes de la « République irréprochable » – peut-être car cette haute fonctionnaire est chevronnée et a déjà une longue carrière derrière elle – Nicole Klein s’est épanchée auprès des médias au lieu de se taire en attendant un recasage juteux.
En toile de fond aussi, comme elle l’a laissé entendre à LCI, le ras-le-bol des hauts fonctionnaires de payer pour les bêtises et les inélégances des politiques : « Après quelques jours de sidération devant la violence médiatique et devant la violence de mon limogeage, il m’a paru indispensable de me justifier, de laver mon honneur, celui de mes enfants, celui de tous les hauts fonctionnaires ».
Un limogeage violent
Dans sa tournée médiatique – qui l’a de fait transformée en victime, lui redonnant la main, elle charge le comportement « brutal » et en fin de compte lâche de François de Rugy : « Il a voulu sauver sa tête en offrant la mienne. Dès jeudi matin, avant même le décret mettant fin à mes fonctions, son chef de cabinet et son conseiller communication m’ont retirée de tous les moyens de liaison du cabinet, dont la messagerie Telegram. J’ai quitté les lieux à 15h30 sans un mot de plus avec le ministre », déclarait-elle à Ouest-France.
Et renchérissait sur RTL : « Il a décidé de me limoger immédiatement, sans que je n’aie pu expliquer quoi que ce soit. Je n’explique pas la violence de ce limogeage, je ne comprends pas comment on peut se séparer de sa collaboratrice la plus proche dans un moment d’extrême difficulté ». En fait, elle tient à partir sur son bilan – dont l’évacuation du gros des zadistes irréductibles de Notre-Dame des Landes : « Tout le sens de ma vie professionnelle est confirmé par ces messages […] de soutien de ministres ou d’anciens ministres, dont Nicolas Hulot, et j’ai tenu à prendre la parole parce que je souhaite partir avec ce bilan-là, qui est celui de toute ma vie professionnelle ».
Allergique au homard ?
On est loin du politique, certes amateur de homard et de vins fins aux frais du contribuable, mais censé garder dans l’imaginaire collectif un reste de droiture de ses ancêtres sans peur ni reproche. On s’en doutait un peu depuis que des internautes ont eu l’idée de remonter d’anciens tweets du ministres qui faisaient l’éloge des homards et des fruits de mer, alors que ses communicants lui ont conseillé de crier sur les toits qu’il y était allergique.
Une gestion de crise désastreuse
« Dans les écoles de com’, la gestion de la crise de Rugy va rester comme le cas d’école de ce qu’il ne fallait pas faire », résume un ex-proche du ministre et élu nantais. « Il aime les fruits de mer et les homards – normal pour un breton – fallait pas dire l’inverse, car les gens savent remonter un fil Twitter ou un profil Facebook.
Les goûts de luxe de Madame
Sa nouvelle femme a des goûts de luxe – logique pour une chroniqueuse chez Gala – et d’abus pouvoir, ça s’est déjà remarqué avec l’affaire du roman qu’elle voulait interdire l’été dernier, il fallait donc qu’il redouble d’attention. A ces hauteurs la moindre erreur est une faute. D’ailleurs ceux qui l’ont toujours jalousé à Nantes ou qui avaient peur de sa candidature aux municipales, même en second couteau sur une liste LREM, s’essuient maintenant les pieds sur lui. Ce sont des minables, mais ils profitent du moment – c’est aussi ça la politique, hélas ».
Quant au limogeage de Nicole Klein, « c’est clairement tout l’exemple de ce qui ne fallait pas faire. Cette décision brutale l’a braquée – et comme elle était en fin de carrière, il était fort possible qu’elle n’en reste pas là. Pis, elle a été interprétée comme un lâchage, et une décision hâtive d’un homme traqué, elle a redoublé le torrent médiatique et politique au lieu de l’arrêter net. Ceux qui s’occupent de la communication de Rugy – et notamment de sa communication de crise – ne méritent certainement pas le salaire qu’il les paie. Ils ont largement aggravé une affaire au début anodine : il n’est pas le premier élu à s’être gobergé aux frais de la princesse, et nombre de ceux qui lui donnent des leçons aujourd’hui sont loin d’être irréprochables – mais c’est ça aussi, la politique – ça relève de la paille et de la poutre ».
Louis Moulin
Crédit photo : Breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine