La Ville de Rennes a de bien curieuses méthodes pour se battre avec la pression migratoire. La ville vient en effet d’ouvrir le gymnase du Haut-Sancé pour 80 migrants dont 52 qui sont ou se disent mineurs, principalement africains. Si le chiffre de 80 migrants semble assez faible pour une ville telle que Rennes, l’importance des migrants arrivés en quête d’un « environnement favorable », comme le dit la Préfecture à mots couverts, est nettement plus important, et entraîne comme à Nantes une passe d’armes entre la municipalité socialiste et la préfecture – représentante du gouvernement.
Or, selon la Préfecture, Rennes et l’Ille-et-Vilaine sont confrontées à une forte pression migratoire qui provient essentiellement d’immigrés venus de pays sûrs, venus pour des raisons économiques. Ainsi, le top 5 des demandeurs d’asile, selon la Préfecture, ce sont les « Géorgiens (26,8 %), les Albanais (10,3 %), les Afghans (7,9 %) et les Guinéens (5 %) ».
Rennes, un « environnement favorable » pour les migrants clandestins ?
Cependant comme la Géorgie et l’Albanie sont des pays sûrs, 95% des géorgiens et 91% des albanais se voient refuser l’asile, mais se maintiennent sur le territoire – ils représentent 40% de l’afflux subi par Rennes et sa métropole et y trouvent une diaspora, des aides des collectivités et un réseau d’associations pour les aider – ce que la préfecture appelle un « environnement favorable », propre à alimenter l’appel d’air. Par ailleurs, bien que l’Ille-et-Vilaine ne représente qu’un tiers de la population de la région administrative Bretagne, elle concentre 6 demandes d’asile sur 10.
Les places pour demandeurs d’asile sont réparties selon la population et non la demande – ce qui fait que l’Ille-et-Vilaine en a 1162 sur 3491 (32%). L’hébergement des migrants coûte 10.5 millions d’euros à l’échelle de la Bretagne administrative selon la Préfecture – un arrêté de mars 2019 les fixe en réalité pour les seuls CADA (centres d’accueil pour demandeurs d’asile) à 15.6 millions d’euros pour la Bretagne administrative, et 18.3 millions d’euros en Pays de Loire.
Municipalité PS de Rennes : soutien à l’immigration clandestine et l’islamisme ?
Par ailleurs la Préfecture de Rennes, qui souhaite mettre en place un centre d’aide volontaire au retour pour 50, puis 80 migrants qui sont déboutés du droit d’asile, épingle la Ville de Rennes et les associations pro-migrants au sujet des migrants logés dans le gymnase ouvert par la ville : « Dans un État de droit, il nous faut nous fonder sur les situations administratives des uns et des autres. Or cela a systématiquement été refusé par les différentes associations. Nous ne pouvons pas accepter d’accorder aux personnes soutenues par des associations des « coupe-file » en traitant leur dossier de façon privilégiée », affirme la Préfecture.
L’adjoint au maire de Rennes en charge de la solidarité, Frédéric Bourcier, a répondu de façon fort cinglante que sans l’action de la ville et des associations, « un millier de femmes, d’hommes et d’enfants vivraient dans la rue à Rennes », et annonce l’ouverture d’un second gymnase. Il sort à son tour la boîte à baffes : « Accuser les collectifs, les associations et les collectivités de créer, à Rennes, un environnement trop favorable aux migrants et d’encourager ainsi un afflux massif est proprement scandaleux, d’autant que l’État lui-même fait venir à Rennes, chaque semaine, 20 migrants supplémentaires en provenance d’Ile-de-France, pour désengorger le dispositif parisien ».
Frédéric Bourcier a aussi récemment eu l’occasion de se distinguer : il est monté au créneau pour défendre et la présence du maire PS Nathalie Appéré, et celle de jeunes filles voilées, lors de l’inauguration du centre islamique Al Taqwa le 23 juin dernier à Rennes.
La ville de Rennes, propriétaire des lieux – qui abritent la plus ancienne mosquée de la ville, ouverte en 1981 – a dépensé 430.000 € dans ce chantier.
Louis Moulin
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