La ville de Nantes y est habituée, Saint-Nazaire pas encore. Ce mardi 9 juillet vers 22h45, un homme a tiré trois coups de feu sur un autre homme, rue de la République au droit de l’esplanade des Droits de l’Homme. Une fusillade en plein centre de Saint-Nazaire qui n’étonne pas les riverains qui dénoncent une place livrée aux délinquants et au trafic de drogue depuis plus d’un an.
Le tireur s’est approché d’un groupe de 15 personnes en train de discuter, a dégainé une arme de poing et a tiré trois fois, en direction d’un homme, à faible distance. La victime, âgée de 24 ans, a été transportée à l’hôpital en urgence relative, le tireur a pris la fuite en scooter.
Deux bandes rivales
« Sur cette place, il y a deux bandes de délinquants, l’une principalement d’origine africaine, l’autre principalement d’origine nord-africaine », relève un commerçant du quartier. « Ils s’installent vers 18 heures au niveau du Dragon [jeux pour enfants] et restent sur place jusqu’à deux heures du matin, la nuit ils s’installent dans le renfoncement d’une librairie », explique une riveraine.
Selon les riverains, la police, la BAC sont intervenues déjà à plusieurs reprises sur cette place, notamment pour des rixes. Selon nos informations, parmi les personnes qui s’adonnent aux trafics sur cette place, il y a plusieurs demandeurs d’asile et des « mineurs isolés », qui sont comme ailleurs, souvent ni mineurs, ni isolés. D’autres sont déjà défavorablement connus des forces de l’ordre.
La municipalité met en cause l’État
Dans un communiqué, la municipalité socialiste de Saint-Nazaire – mais dont le maire est de plus en plus compatible avec LREM – accuse l’État d’impéritie. Xavier Perrin, adjoint au maire en charge de la prévention de la délinquance, découvre l’eau chaude et affirme ainsi : « les tirs par arme à feu ont eu lieu en plein centre-ville, blessant gravement une personne. Le trafic de drogue s’organise au vu et au su de tous dans notre centre-ville et génère une recrudescence de la violence. Cette situation est intolérable et c’est la responsabilité de la police nationale, et donc de l’État, d’y mettre un terme. L’État n’est pas au rendez-vous et dès lors, l’escalade de la violence est inévitable ».
Des caméras de vidéoprotection qui regardent ailleurs ?
Des propos qui font rire jaune un policier nazairien : « Qui est responsable de l’installation des caméras de vidéoprotection ? La mairie, non ? Comment se fait-il que les deux caméras de l’esplanade sont dirigées sur tout autre chose que le lieu de deal et que la mairie ne les a pas redirigées dans le bon sens une fois que le lieu de deal est devenu permanent ? Comment se fait-il que c’est aussi le cas sur la place de l’Amérique Latine, un autre lieu de deal et de rixes en tous genres ? »
Un riverain s’interroge : « vu le coût de ces caméras, elles se doivent d’être efficaces – c’est l’argent de tous. Pareil quand des jeux pour enfants montés avec l’argent public servent de lieu de deal, sans que la mairie ne s’interroge ou n’essaie d’intervenir pour protéger le quartier, les riverains et leurs enfants. Samzun essaie-t-il d’acheter la paix publique sur le dos des nazairiens alors qu’il est incapable de le faire dans sa propre majorité ? »
Celle-ci vient en effet d’imploser, avec le départ de la première adjointe et de deux autres élues, suite à une affaire où elles ont accusé l’adjoint aux finances, un autre pilier de la majorité socialiste-gauche à la tête de Saint-Nazaire, d’avoir agressé sexuellement une conseillère municipale. Le maire David Samzun et son prédécesseur Joël Batteux ont soutenu l’adjoint aux finances, tandis qu’une dizaine d’élus nazairiens PS, PCF et EELV ainsi que les réseaux nationaux du Mouvement des jeunes socialistes et féministes de gauche ont servi de caisse de résonance au service de Lauriane Deniaud, ex-présidente du MJS de 2009 à 2011.
Louis Moulin
Photo d’illustration : DR
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