Après Guingamp, Dinan : décidément, la Chambre régionale des comptes de Bretagne s’intéresse aux petits hôpitaux bretons. Les deux cas sont pourtant bien différents : à Dinan, c’est l’Agence régionale de santé (ARS) qui a demandé à la Chambre de se pencher sur la situation du centre hospitalier. Autrement dit, il y avait de l’eau dans le gaz. Au lieu d’examiner une période du passé (2013-2017 à Guingamp) la Chambre s’est demandé où en était le centre hospitalier à fin 2018.
Le tableau n’est pas réjouissant. La maternité, en particulier, est fortement concurrencée par celles de Saint-Malo, Rennes et Saint-Brieuc. Sur une moyenne de 1.263 naissances par an dans le bassin de vie, seules 680 se sont déroulées à l’hôpital de Dinan en 2017. La chirurgie, aussi, manque d’activité. En 2006 déjà, le Conseil national de la chirurgie la rangeait parmi les blocs opératoires à fermer faute d’une activité suffisante. Selon lui, dans les établissements qui réalisent moins de 2.000 actes par an (1.100 à Dinan), « certains chirurgiens perdent leur savoir-faire car faire peu expose à moins bien faire ».
La situation financière est mauvaise, surtout à cause de la maternité. Le compte de résultat est déficitaire et l’autofinancement est si faible que l’hôpital aurait besoin de 155 années pour rembourser sa dette. Lâché par les banques, il n’a d’autre solution que de creuser ses dettes fiscales et sociales. « L’hôpital de Dinan est dans l’impossibilité persistante de pouvoir payer les dettes exigibles avec son actif disponible », écrit sombrement la Chambre. « Il se trouve donc dans une situation équivalente à une cessation de paiement. »
Coïncidence ou signal d’alarme ?
Aiguillonné par l’ARS, le centre hospitalier de Dinan a proposé une série de mesures d’économie et de réorganisation. Suffisantes ? L’ARS envisage d’aller plus loin avec une fusion entre les centres hospitaliers de Dinan, Saint-Malo et Cancale. Solution à laquelle la Chambre régionale des comptes ne croit pas trop : « la situation financière dégradée de l’hôpital de Dinan est même de nature à obérer la situation de l’ensemble nouvellement constitué ». Selon elle, il faut envisager des mesures plus radicales : la fermeture de la maternité et du bloc opératoire, qui seraient transférés à Saint-Malo.
Est-ce une coïncidence ou plutôt un ballon d’essai, voire un signal d’alarme ? Le fonctionnement de la maternité de Dinan a été suspendu le 5 juillet. À cause d’un manque d’anesthésistes, a expliqué la direction du centre hospitalier, hostile à une fermeture définitive. Bien entendu, la situation a suscité l’inquiétude à Dinan et une manifestation s’est déroulée dans la ville le jour-même.
E.F.
Crédit photo : la Rance à Dinan, photo Philippe Alès [cc] Wikimedia Commons
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