La malédiction des préfets de Nantes – selon laquelle tous les titulaires récents du poste ont eu par la suite des ennuis de carrière ou judiciaires – a encore frappé. Nicole Klein, ex-préfet de Nantes devenue directeur du cabinet de François de Rugy, a été limogée de sa fonction après les révélations de Mediapart. Elle avait en effet un logement HLM qu’elle avait conservé 12 ans sans l’occuper. Quant au Nantais de Rugy il est actuellement au cœur du maelström pour ses goûts de luxe aux frais du contribuable, notamment en matière gastronomique.
Si la coïncidence entre la révélation médiatique des divers travers de François de Rugy et l’annonce le 4 juillet de sa candidature sur une liste LREM à Nantes – de quoi plomber un peu plus encore la réélection de Johanna Rolland – peut étonner, force est de constater que les abus relevés semblent d’autant plus intolérables à l’opinion publique que, comme François Fillon avant lui, ou Raymond Barre dont les millions cachés en Suisse font le bonheur du Canard Enchaîné en ce moment, François de Rugy plaidait la rigueur, l’exemplarité et la transparence.
En ce qui concerne Nicole Klein, elle avait obtenu en 2001 un logement HLM à Paris, près de la porte de Vanves (14e) et l’avait conservé jusqu’en 2018 alors qu’elle ne l’occupait plus depuis 2006 : elle a en effet été préfète des départements du Nord, Seine-et-Marne, Somme, Seine-Maritime, Hautes-Alpes puis des régions Normandie, Pays de Loire et Picardie.
Des revenus supérieurs au plafond de ressources HLM
Elle avait obtenu le logement en deux jours alors qu’elle venait d’être nommée adjointe au directeur général de l’urbanisme au ministère de l’équipement – elle y a d’abord payé un surplus de loyer, puis en a été exonérée, suite à une dérogation du Programme local d’habitat la ville de Paris pour toute la zone où se trouve cette résidence. Cependant, l’attribution de ce logement en 2001 est légal.
Ce qui l’est moins, c’est son maintien alors que ses revenus dépassaient le plafond de ressources HLM et qu’elle n’y habitait quasiment pas – hors certains week-ends si elle pouvait rentrer, comme elle l’a expliqué à Médiapart. Elle a aussi affirmé que par manque de temps, elle ne s’est pas occupée de rendre son logement.
Tout au moins, elle était au fait des implications du manque de logements sociaux sur l’exclusion, puisqu’en 2013 en tant que préfète de Seine-et-Marne (77), elle a mis en place une politique de réquisition des logements vacants – un dispositif qui occupait déjà une vingtaine d’agents à Paris et 10 dans chaque département de la Petite Couronne, détaille le Parisien.
Des agents qui avaient des pouvoirs très étendus : « [ils] peuvent consulter les fichiers des compagnies de distribution d’eau, de gaz ou d’électricité, les opérateurs de téléphonie ainsi que les fichiers tenus par les professionnels de l’immobilier. Autre moyen d’investigation mis à leur disposition : ils ont le pouvoir de visiter, accompagnés d’experts, les locaux susceptibles d’être réquisitionnés avec l’accord du titulaire du droit d’usage ou, à défaut d’accord, avec l’autorisation d’un juge. Une « visite » qui, en droit pénal, équivaut à une perquisition ». Sauf évidemment pour l’appartement de la préfète…
Lâchée par François de Rugy
Suite à ces révélations, elle a été lâchée par François de Rugy, actuellement visé par d’autres révélations de Mediapart sur ses dépenses somptuaires. « C’est François de Rugy qui souhaite expressément que je parte », a-t-elle annoncé à nos confrères d’Ouest-France. De Rugy s’est aligné sur celui que les médias mainstream appellent le « patron de LREM », Stanislas Guerini – en réalité le porte-parole des désirs d’Emmanuel Macron, qui reste le vrai chef – qui avait déclaré sur France 2 au sujet de cette affaire « s’il y a des pratiques qui ne sont pas dans le cadre de la loi, bien évidemment c’est choquant et bien évidemment elle devait rendre ses fonctions ».
Un lâchage peut-être suivi d’un recasage – si elle se soumet et joue le jeu – comme cela a été le cas avec Agnès Saal, pourtant débarquée de l’INA après la révélation de 40.000 € de frais de taxis en sept ans, suspendue six mois sans solde… mais de retour au ministère de la Culture dès 2016 comme chargée de mission et nommée haut fonctionnaire chargée de l’égalité, la diversité et la prévention des discriminations au ministère de la Culture le 1er septembre 2018, et ce pour trois ans. La République irréprochable dans toute sa splendeur…
Louis Moulin
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