Les opioïdes sont un désastre pour l’économie américaine. Jerome Powell vient de tirer un signal d’alarme. Jerome Powell est l’un des personnages les plus importants de l’économie mondiale : il dirige la « Fed », la banque centrale des États-Unis. Il témoignait mercredi devant la commission des finances du Congrès américain. On l’attendait sur le sujet des taux d’intérêt. Il a aussi parlé santé.
« Un nombre de personnes extraordinaire prennent des opioïdes sous une forme ou une autre », a dit Powell. « Cela pèse sur la participation au marché du travail, largement mais pas exclusivement pour les jeunes hommes et les jeunes femmes. C’est vraiment une crise nationale. » Seuls 63 % des adultes en âge de travailler occupent un emploi aux États-Unis.
Les opioïdes étaient déjà un problème de santé majeur : ils causeraient plus de 130 décès par jour aux États-Unis. On prend conscience qu’ils sont aussi un problème économique : les personnes dépendantes deviennent incapables de travailler. Powell n’est pas le premier à tirer le signal d’alarme. Janet Yellen, qui l’avait précédé à la Fed, avait elle-même signalé le risque. Selon le conseil des économistes de la Maison blanche, la crise des opioïdes aurait coûté aux États-Unis 504 milliards de dollars en 2015, soit 2,8% du PIB.
En attendant le cannabis…
Les drogues opiacées et l’héroïne ne sont qu’une petite partie du problème. Les addictions proviennent en grande partie de la surconsommation de médicaments anti-douleur, surtout à base de fentanyl. Pour la première fois cette année, le patron d’une grande chaîne de pharmacies a été inculpé à ce titre. Et Purdue Pharma, producteur de l’OxyContin, l’un des principaux médicaments incriminés, fait face à 1.600 actions judiciaires pour avoir trop peu signalé les effets addictifs de son médicament vedette.
L’alerte aux opioïdes pourrait n’être qu’un début. Plusieurs états américains ont libéralisé la consommation de cannabis ces dernières années. Les chercheurs ont ainsi pu étudier plus largement les effets de cette consommation. Et leurs constats sont inquiétants. Synthétisant les résultats de 56 études, Danilo Nader et Zila Sanchez écrivaient en 2017 : « il semble que l’usage régulier du cannabis est associé à des changements cognitifs modérés en plus d’altérations structurelles et fonctionnelles du cerveau chez les adultes »(1). Ce qui n’annonce rien de bon…
E.F.
Crédit photo : Jerome Powell, gouverneur de la Réserve fédérale, témoignant devant une commission du Sénat des États-Unis en 2016, photo gouvernement des États-Unis, Flickr
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(1) Danilo A. Nader & Zila M. Sanchez, « Effects of regular cannabis use on neurocognition, brain structure, and function: a systematic review of findings in adults », The American Journal of Drug and Alcohol Abuse, Volume 44, 2018 – 1