Le conseil municipal de Belfast a adopté une motion visant à intenter une action en justice concernant l’installation de drapeaux aux accents paramilitaires dans certains quartiers de la ville. La motion du Sinn Féin suggérait des poursuites contre le département chargé de la voirie, pour son refus de retirer les drapeaux et bannières paramilitaires des lampadaires.
Des drapeaux qui, généralement, fleurissent lorsqu’approche la saison des marches orangistes loyalistes, mais également en amont de commémorations républicaines, selon que vous soyiez dans un quartier nationaliste, ou unioniste. Cette motion intervient après l’apparition de drapeaux de l’UVF (Ulster Volunteer force) dans le quartier de Cantrell Close (East Belfast) qui ont provoqué des remous.
Flags & Banners motion being discussed by @belfastcc pic.twitter.com/CJzNhUOfTF
— Mark Devenport (@markdevenport) 1 juillet 2019
La motion du Sinn Fein a été adopté grâce à l’appui de 34 conseillers municipaux, tandis que 18 unionistes ont voté contre. Elle indique que le conseil municipal est « alarmé par le nombre croissant d’affichages offensants de banderoles et de drapeaux paramilitaires à travers Belfast. Les drapeaux paramilitaires et les banderoles soutenant les régiments britanniques sont utilisés pour diviser, offenser et blesser les victimes »
La motion invite les conseillers municipaux à soutenir les poursuites judiciaires contre le département chargé de la voirie, qui possède les lampadaires sur lesquels sont attachés bon nombre de ces drapeaux et bannières.
Le nouveau chef de la police d’Irlande du Nord a appelé quant à lui à faire preuve de bon sens et de compréhension mais aussi de dialogue, les communautés étant attachées à certains symboles. La nouvelle motion obligerait théoriquement le ministère à « nlever tous les drapeaux paramilitaires… et toutes les banderoles, ce qui pourrait provoquer des tensions dans les quartiers.
La motion semble plus symbolique qu’autre chose, puisque pour le moment, elle n’a pas été suivie des faits. Le Département de la voirie a de son côté expliqué que le ministère n’avait aucune responsabilité concernant ces drapeaux mais qu’ils « enquêteraient sur les plaintes et prendraient des mesures si des problèmes de sécurité routière étaient relevés. Conformément à la politique actuelle et tel qu’énoncé dans le protocole sur les drapeaux, nous prendrons également des mesures pour faire enlever les drapeaux et les banderoles lorsque la communauté appuie clairement leur enlèvement et lorsque nous sommes convaincus que leur enlèvement n’augmentera pas les tensions dans la communauté ou ne présentera pas de risques pour la sécurité de notre personnel et des entrepreneurs . Nous travaillons en étroite collaboration avec nos collègues du PSNI pour prendre de telles décisions.»
La motion du conseil municipal de Belfast a également été adoptée, de façon allégée un mois auparavant, par les conseils municipaux d’Armagh, de Banbridge et de Craigavo. De son côté, le DUP (unioniste) a déclaré qu’intenter une action en justice contre le département chargé de la voirie serait une erreur . « Essayer de forcer un ministère à appliquer cette motion ne fera qu’exacerber les tensions et aliéner une grande partie de la communauté.»
Cette politique, menée par le conseil municipal de Belfast, n’est en réalité que le prolongement de la politique visant à effacer, petit à petit, les marques liées aux Troubles et à la guerre civile. Dans certains quartiers, des fresques guerrières sont effacées et remplacées (on pense notamment à celle de l’entrée de Sandy Row, où un paramilitaire protecteur du quartier a été remplacé par Guillaume d’Orange…). Pour une partie des habitants, il s’agit d’en finir avec la guerre civile. Pour d’autres, c’est leur mémoire que l’on viole, et leurs proches ou leurs familles qu’on assassine une seconde fois.
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