Les fermiers blancs d’Afrique du Sud sont exposés à des violences de plus en plus graves, souvent mortelles. Bien qu’ils soutiennent à bout de bras l’économie du pays, beaucoup sont pourchassés et leurs fermes systématiquement squattées et pillées. Nombreux sont ceux qui se résignent à émigrer, plusieurs siècles après l’installation de leurs ancêtres en Afrique australe. L’Allemagne rechignant à leur donner asile, certains se tournent à présent vers la Russie.
Martin Hebner, député du parti de droite nationale Alternative für Deutschland (AfD) a adressé à Angela Merkel et au Parlement européen des questions officielles sur le sort des fermiers blancs d’Afrique du Sud. Les médias mainstream n’en ont pas fait état, le Parlement européen s’est tu et le cabinet d’Angela Merkel, s’il ne ferme pas la porte au droit d’asile pour les Boers à titre individuel, refuse de prendre position contre leur persécution en Afrique du Sud.
L’Australie en revanche a décidé de faire son devoir : près de 200 fermiers sud-africains lui ont déjà adressé une demande d’asile. Mécanisés, organisés, travailleurs, les fermiers sud-africains sont au fait des techniques agricoles modernes, notamment sur des sols pauvres ou en climat chaud. Ils intéressent aussi les Russes, lancés depuis 2010 dans un grand regain de leur complexe agro-alimentaire.
Déjà 80.000 fermiers émigrés
Une délégation de trente fermiers boers s’est rendue cet été dans la région de Stavropol, la « Beauce russe », au sud du pays. Selon l’adjoint aux droits de l’Homme du kraï de Stavropol, Vladimir Poluboiarenko, « ils représentent 200 familles qui ont demandé officiellement à être reçues en Russie. Ce ne sont pas que des fermiers, mais des mineurs, des savants, des spécialistes techniques, des enseignants. Je pense qu’on leur trouvera du travail à tous. Des gens aussi travailleurs et dévoués sont utiles partout » .
Chaque fermier est prêt à investir jusqu’à 100.000 $ pour installer sa ferme en Russie : une manne pour l’agro-alimentaire russe, mais aussi le salut pour les fermiers boers, qui ont connu depuis 2016 au moins 74 morts dans leurs rangs et plus de 638 attaques selon l’ONG AfriForum.
Une autre délégation de fermiers blancs s’est rendue en Bouriatie – une région de l’est de la Russie – en juin 2019. Les conditions météo y sont plus difficiles et les rendements plus bas, mais la terre vaut moins cher et les fermes sont éligibles à des aides dans le cadre du programme agricole d’Etat pour le développement de la Sibérie et de l’Extrême-Orient. D’autres fermiers blancs se sont rendus en Crimée, dans la région de Rostov et même dans le nord du Caucase.
Pendant que les fermiers blancs réfléchissent à s’installer en Russie pour continuer leur métier, plus de 80.000 blancs d’Afrique du Sud ont déjà quitté le pays avec armes, bagages et compétences. Ils sont allés pour l’essentiel s’installer non en Hollande et Allemagne d’où leurs ancêtres sont partis au 17e siècle, voire de France à la révocation de l’Édit de Nantes, mais en Angleterre, aux États-Unis, au Canada, en Australie et Nouvelle-Zélande.
Louis-Benoît Greffe
Crédit photo : arrivée de Vladimir Poutine en Afrique du Sud pour le sommet des BRICS, photo présidence de Russie [cc] 4.0 International
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Une réponse à “Fermiers blancs d’Afrique du Sud : émigrer en Russie plutôt qu’en Allemagne ?”
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