L’Afrique du Sud plus que jamais en proie aux tensions raciales a vu une chaîne de restaurants boycottée par les Blancs suite à un incident. Avec des conséquences non négligeables pour l’enseigne.
Spur : quand l’Afrique du Sud change…
Tout est parti d’une scène relativement anecdotique dans un pays où les tensions raciales exacerbées entre Blancs et Noirs atteignent leur paroxysme. En mars 2017, un incident a eu lieu entre un homme blanc et une femme noire dans un restaurant Spur de Johannesburg. Spur, signifiant « éperon », est une chaîne de restaurants fondée en 1967. Sorte de Buffalo Grill sud-africain, les franchises de la marque sont basées sur le thème de l’Amérique et du Far West. Pendant longtemps, Spur était un lieu incontournable de la restauration à destination des Sud-Africains d’origine européenne. Avec la fin de l’apartheid, la clientèle s’est progressivement mixée tandis que les affaires de Spur étaient florissantes avec plusieurs nouveaux restaurants à travers le pays.
Mais les choses ont pris un tour radicalement différent il y a deux ans. L’incident, confus, a été filmé et a fait le buzz sur les réseaux sociaux sud-africains par la suite :
La mère de famille noire s’en prend à un homme blanc qui aurait eu maille à partir avec ses enfants. Les insultes fusent de la part de la femme jusqu’au moment où l’homme lève et secoue la table. Rien de très grave en soi mais c’est la réaction de Spur à suivre qui va suscité la polémique.
Seul l’homme blanc interdit chez Spur
Par la suite, Spur a présenté des excuses à la femme pour « ne pas l’avoir suffisamment aidée » tandis que l’enseigne a banni l’homme blanc en question de ses restaurants en raison de son « comportement agressif » et de ses gestes « inacceptables ». Mais cette prise de position n’est pas restée sans conséquence : la communauté blanche d’Afrique du Sud a décidé de boycotter massivement Spur, reprochant à l’enseigne de ne pas avoir également banni la femme noire de ses établissements. Des Blancs qui considèrent que Spur a désormais pris le parti des Noirs…
L’efficacité de ce boycott dans le pays est telle que, six mois après son début, les ventes de Spur ont chuté de plus de 9 %. Des propriétaires de franchises situées dans des territoires majoritairement peuplés de Blancs ont même commencé à perdre de l’argent et à vendre leurs restaurants.
Afrique du Sud : quel avenir pour les Blancs ?
Le président directeur général de Spur Mark Farrelly a alors accusé les conservateurs sud-africains d’être à l’origine de ce boycott massif… et efficace. En réponse, le dirigeant de Solidarité, un syndicat influent de la minorité blanche, a écrit dans une lettre ouverte que les Blancs sont dorénavant « une communauté qui se sent étrangère au pays » et ce, « y compris dans leur restaurant préféré ».
Des Blancs qui ont vécu comme une forme de trahison cette prise de position de Spur alors que l’enseigne était un symbole fort de la culture afrikaner. Désormais, selon un rapport interne de la chaîne de restaurants, les Sud-Africains noirs représentent maintenant environ 65% des clients des plus de 280 franchises du pays.
Ce sursaut des Blancs intervient dans un contexte où leur sort à moyen-terme est plus que menacé. Sans parler du cas particulier des fermiers. Rappelons que la population blanche d’Afrique du Sud ne représente aujourd’hui plus qu’environ 8 % de la population totale du pays.
Crédit photos : Flickr (CC BY 2.0/South Africa Tourism)
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