Avec 52.1% dès le premier tour, Mohamed Ould Ghazouani, le candidat du système, l’a emporté face à Biram Dah Abeid. Ce dernier n’a obtenu que 18,58 %, sur un programme peut-être un peu trop audacieux pour la Mauritanie d’aujourd’hui : sa mesure phare consistait à proposer l’abolition de l’esclavage…
L’esclavage en Mauritanie : déjà officiellement abolie par la France en 1905
L’esclavage a une longue histoire en Mauritanie : le pays se situe sur la route de la traite saharienne, à mi-chemin entre l’Afrique noire et l’Afrique musulmane, consommatrice historique de main d’œuvre forcée.
La colonisation française (1903-1960) a été trop courte et trop superficielle pour modifier la société mauritanienne. Les autorités coloniales ont décidé l’abolition de l’esclavage en 1905 mais il a perduré sous une forme informelle.
Il faut attendre 1981 pour que les autorités mauritaniennes décident de prendre la question à bras le corps : elles abolissent une nouvelle fois l’esclavage, qui commence alors à décliner. Mais lentement : il y aurait encore 90 000 esclaves en Mauritanie, soit 2 % de la population.
Au-delà de l’esclavage, le clivage socio-ethnique
Au-delà de cet esclavage résiduel, ces élections révèlent le clivage racial qui divise de plus en plus la Mauritanie. Car ce pays saharien est un laboratoire de l’oppression intersectionnelle telle qu’elle est théorisée par l’extrême-gauche en Occident. Les esclaves et anciens esclaves (les Harratins), sont des afro-descendants importés du Mali ou du Sénégal voisins ; parmi ceux qui restent esclaves, les femmes semblent surreprésentées. Ces noirs s’opposent à leurs maîtres ou anciens maîtres, les Beidanes (« Blancs »), d’origine arabo-berbère.
Ce clivage historique a dégénéré en affrontements violents en 1989. La participation aux élections de Biram Dah Abeid, lui-même d’origine « racisée », est de ce point de vue un progrès. Mais il n’avait guère de chance de l’emporter, puisqu’il représente une minorité (autour d’un tiers de la population).
Alors que les violences renaissent sur fond de contestation des résultats, Biram Dah Abeid pourra-t-il compter sur un soutien international ?
En France, élection à l’Unef d’une racisée imaginaire : Mélanie Luce
Pendant ce temps-là en France, l’élection début février de Mélanie Luce à la tête de l’Unef, syndicat étudiant historique, pourrait être un signe encourageant. Cette jeune femme se présente elle-même comme une « racisée », victime d’une oppression systémique.
Mais dans son interview inaugural de présidente dans Libération, pas d’intérêt marqué pour les grandes questions internationales. Au contraire, une introspection pour se découvrir des malheurs personnels un peu consistants. Au point d’agacer la journaliste Nathalie Raulin, qui décrit plutôt le parcours banal d’une princesse de la bourgeoisie intellectuelle de gauche.
Deux vidéos sur l’esclavage en Mauritanie :
Crédit photo : DR
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