Johanna Rolland, maire de Nantes, est si peu apte à parler au bon peuple que ses services doivent monter des « événements » pour qu’elle puisse s’exprimer. Ce 22 juin les Nantais étaient donc invités à venir la rencontrer et parler aux élus sur la place Royale. Devant des stands montrant un bilan (largement enjolivé au Photoshop) des cinq ans que Johanna Rolland a déjà passés à la mairie.
Ce fut surtout l’occasion pour la mairie de montrer « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Dans les projets en cours, « l’accueil des réfugiés. Très largement mobilisée aux côtés des associations, Nantes soutient l’accueil des réfugiés ». Suit un texte sur la prise en charge des migrants du square Daviais, et un ajout « tout au long de l’année, elle apporte une aide alimentaire et vestimentaire à ceux qui en ont besoin, et accueille tous les enfants, sans distinction, dans les écoles et les cantines ».
La mairie ne va pas jusqu’à rappeler que la charité de Johanna Rolland… coûte cher aux Nantais, comme l’a avoué, penaud, le premier adjoint, le socialiste Pascal Bolo, lors du dernier conseil municipal. L’épargne de la ville baisse en effet de 6,4 millions d’euros, « les dépenses exceptionnelles de prise en charge de l’accueil des migrants ». L’État a en effet estimé qu’il n’était pas une vache à lait au service des décisions unilatérales de Johanna Rolland. La mairie devra se débrouiller. Tant pis, les nantais paieront.
Langue de bois
Très encadrée par les agents de sécurité – pas moins de quatre vigiles Lynx, les trois vigiles personnels de Johanna Rolland et plusieurs agents de police municipale qui avaient mobilisé un scooter et une voiture – la rencontre du 22 juin ne rassemblait en plein samedi après-midi, vers 16-17 heures, qu’une poignée d’habitants. La plupart étaient plutôt venus… se plaindre des retombées négatives des projets « co-construits » et démocratiquement participatifs de la mairie. Sans être entendus, comme d’habitude. Ou bien accueillis avec force langue de bois.
Une habitante des Dervallières se plaignait ainsi du trafic de drogue– qui a carrément annexé le hall du 16, rue Edmond Bertreux – le fameux Building – et des coupures d’eau provoquées par de jeunes drogués qui ont mis en panne un surpresseur. La mairesse lui a répondu que la police municipale allait faire le nécessaire. Mais comment ferait-elle, puisque l’interpellation des dealers n’est pas dans ses compétences ? Et surtout, pourquoi, alors que Nantes Métropole Habitat laisse tolère des trafics à quelques mètres de son agence, par peur ou par désir d’acheter la paix sociale ?
Fin de règne
D’autres Nantais se plaignaient auprès d’Alain Robert, adjoint en charge de l’urbanisme justement, du désert minéral qu’étaient devenus les environs de la place du Commerce suite à l’abattage de plus de la moitié de ses arbres… Un abattage en pure perte puisque, contrairement à une raison avancée par la mairie, il n’a découragé ni la violence, ni les dealers. Pendant que ses administrés expliquaient leurs récriminations, l’adjoint les a abandonné pour saluer une autre personne et entamer une discussion avec elle.
Bref, cette rencontre témoigne de la fin de règne de Johanna Rolland : des élus qui font preuve de leur manque de considération envers le concitoyen, ou qui se réfugient derrière le « peu de marge de manœuvre sur les techniciens », une maire claquemurée dans sa mairie et incapable de parler à ses concitoyens sans s’entourer de la police municipale et d’une masse de vigiles, et une rencontre qui ne sert in fine qu’à la communication de la mairie. Le problème, c’est que de moins en moins de nantais y croient.
LM
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine