Tourné en 1960, un film suisse exalte le personnage de Guillaume Tell. Sa résistance à l’empire des Habsbourg est à l’origine de la création de la Confédération helvétique.
Au début du XIVe siècle, le bailli Gessler (Wolfgang Rottsieper), aux ordres des Habsbourg, impose une véritable tyrannie aux habitants des cantons helvétiques de Schwyz et Uri. Les paysans risquent la famine face à la charge fiscale et subissent les humiliations des gardes. L’un d’eux, après avoir tué un soldat autrichien qui tentait de violer sa femme, se cache dans les montagnes. Un autre, Guillaume Tell (Robert Freitag), est sommé de tirer un carreau d’arbalète dans une pomme posée sur la tête de son fils sous peine d’être tué avec toute sa famille. Guillaume Tell va prendre la tête de la révolte et libérer son peuple du joug autrichien. Les châteaux des Habsbourg sont pris d’assaut et incendiés. Ainsi naît la Confédération Helvétique.
Le film Guillaume Tell (Les châteaux en flammes), réalisé en 1960 par Michel Dickoff et Karl Hartl, est une adaptation suisse du drame Wilhelm Tell de Friedrich Schiller. Il exalte le héros légendaire suisse Guillaume Tell.
Ce divertissement familial bien mené montre la lutte pour la liberté des cantons suisses d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald. Guillaume Tell est décrit comme un paysan d’esprit conservateur mais obligé de mener une révolte pour obtenir la liberté de son peuple.
On est surpris d’apprendre que ce film a connu un triomphe en URSS et a même obtenu le prix du meilleur réalisateur lors du Festival international du film de Moscou. Mais ce n’est pas la première fois que ce personnage légendaire est récupéré à des fins de propagande. En effet, après plusieurs adaptations à l’âge du cinéma muet, dont la première est tournée dès 1898 par Georges Méliès, un film germano-suisse est réalisé par Heinz Paul, en 1934, semble-t-il influencé par l’idéologie du IIIème Reich.
Selon l’historien du cinéma François Amy de la Bretèque, la version suisse réalisée en 1960 est une « superproduction à forts relents nationalistes et clairement dirigée contre le bloc soviétique » (L’imaginaire médiéval dans le cinéma occidental, p. 837). Selon son producteur Josef Kaelin, ce film exalte « la Suisse, dernier bastion du monde libre ».
Tourné dans les magnifiques paysages naturels des cantons d’Uri, de Schwyz, d’Unterwald et du Tessin, ce film souvent bucolique mérite également d’être visionné pour ses superbes images. Sous un ciel bleu azur, on découvre les vallées verdoyantes entre les montagnes suisses aux sommets enneigés.
Ce film est inséré dans un coffret contenant un DVD, un Blu-ray ainsi qu’un livret de 80 pages rédigé par David L’Epée : « Guillaume Tell, de l’Histoire à la légende ». On y découvre la légende de Guillaume Tell, ses différentes interprétations idéologiques, un entretien avec Félicien Monnier (juriste et capitaine de l’armée suisse) ainsi que les nombreuses adaptations de Guillaume Tell dans la littérature et au cinéma.
Cette édition inaugure chez Artus Films la nouvelle collection « Histoire et Légendes d’Europe ». C’est un excellent choix. En Suisse, Guillaume Tell fait en effet figure de libérateur de la nation, à l’instar de Jeanne d’Arc en France ou du Cid en Espagne.
Kristol Séhec
Guillaume Tell, 28 euros (Artus Films).
Crédit photos : DR
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