L’échec de Manuel Valls dans la course à la mairie de Barcelone ne signifie pas pour lui la fin de sa carrière politique en Espagne après avoir mis un terme à la sienne en France.
Avec seulement six élus au conseil municipal de Barcelone, Manuel Valls ne pouvait prétendre à rien dans le nouveau rapport de forces. Mais il a réussi à tirer son épingle du jeu et à renverser la situation.
Ada Colau, la candidate d’extrême gauche et maire sortant, est arrivée au coude à coude avec Ernest Maragall, le candidat d’Esquerra republicana de Catalunya, le parti indépendantiste de gauche. Aucune des deux formations parvenues en tête ne disposait pourtant d’assez de voix pour réunir une majorité.
Avec cinq mille voix de plus que la maire sortante, Ernest Maragall a tout fait pour que sa dynamique l’emporte, mais il a trouvé face à lui le Parti socialiste catalan qui a opté pour une alliance avec Ada Colau. Il manquait à cette dernière une poignée de voix pour gagner et ces bulletins lui ont été apportés gracieusement par Manuel Valls sur un plateau, sans conditions.
Dans une déclaration devant le conseil municipal, sans concessions au nationalisme catalan, Manuel Valls a affirmé qu’il soutenait sans conditions et sans rien demander en échange, Ada Colau pour éviter que la mairie de Barcelone ne tombe entre les mains des indépendantistes.
Ce choix a eu pour conséquence immédiate que le parti Ciudadanos a rompu ses relations avec lui et de six élus, il se retrouve avec plus que trois, puis deux. Mais par ce geste, il a renversé la donne dans la capitale catalane d’une manière totalement inattendue et le place à nouveau sous le feu des projecteurs.
Son éloignement du parti Ciudadanos loin d’être une catastrophe, lui ouvre de nouvelles perspectives. Condamnant au nom des valeurs de gauche les alliances tactiques de Ciudadanos avec le parti conservateur Vox, Valls se trouve libéré de toute attache et devient un allié potentiel du premier ministre sortant socialiste Pedro Sanchez.
Dès qu’il a offert son soutien à l’alliance gauche, extrême gauche à la mairie de Barcelone, Valls a eu ses premiers contacts avec les socialistes dans le restaurant las Tortillas de Gabino. Autour de la table, un seul sujet : comme exfiltrer Manuel Valls de Barcelone pour lui trouver une place à Madrid.
Manuel Valls est en Espagne pour y rester comme l’indique sa récupération de la nationalité espagnole en 2018. Son prochain mariage avec la riche héritière Susana Gallardo témoigne également de sa volonté d’enracinement dans une bourgeoisie locale bon teint.
De son côté, Pedro Sánchez a conclu une alliance au parlement européen avec Emmanuel Macron et le départ pour Bruxelles de l’actuel ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell libère un fauteuil à la table du conseil des ministres.
Pour l’instant rien n’est fait. Pedro Sanchez a beaucoup à gagner si Manuel Valls devient son ministre des Affaires étrangères comme le prétend le site d’informations Moncloa.com, mais il prend en risque en acceptant à ses côtés une personnalité aussi forte et aussi clivante.
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