Selon Le Figaro du vendredi 14 juin, une quarantaine d’organisations environnementales, humanitaires, sociales ou de défenses des droits de l’homme ont exprimé par un communiqué la crainte d’être écartées des discussions du G7 qui se déroulera fin août à Biarritz. Elles exigent que leurs représentants aient un accès effectif au sommet et que soit prévu « un temps d’échanges » pour qu’elles puissent faire part des recommandations soi-disant élaborées par une fumeuse société civile.
Je suis effaré, révolté par la prétention inadmissible de cette poignée d’apparatchiks sans aucune légitimité démocratique, qui vivent le plus souvent de subventions publiques et qui somment des Premiers ministres ou des présidents de la République élus par leurs peuples respectifs de se conformer à leur opinion alors qu’ils ne représentent que 0,01 % de l’humanité. Mais la faute en revient aux médias qui plutôt que de rire des communiqués prétentieux de ces associations et de les mettre à la poubelle, leur ouvrent volontiers leurs colonnes.
Car fréquemment sur les sites des journaux et des magazines, vous lisez un des titres suivants « Les ONG critiquent… » ou « Une ONG déplore… ». Les points représentent des sujets variés depuis le trop grand nombre de prisonniers, la politique migratoire trop répressive de la France ou l’expulsion d’une Érythréenne vers son pays natal (une première suivant la Cimade).
Ces trois lettres ONG confèrent un poids moral exorbitant à ceux qui se tiennent derrière ce sigle. Ils peuvent désavouer des lois votées par le Parlement ou appliquées par des magistrats rendant la justice au nom du peuple français ; l’avis des associations est pris en compte au même niveau que celui du gouvernement qui est pourtant l’émanation de la nation.
Les ONG permettent de contourner la volonté majoritaire, de museler le peuple
Si Paul Dubois prône dans un communiqué de presse de payer des billets d’avions à tous les migrants qui souhaitent venir en France pour leur éviter de se noyer en Méditerranée, personne ne relayera son appel. S’il crée une association « réfugiés sans frontières » le même texte aura de grandes chances d’être repris par une partie de la presse.
Les ONG permettent de contourner la volonté majoritaire, de museler le peuple. Une association quelle qu’elle soit aura dans les médias une aura incontestable du moment qu’elle prône des valeurs « progressistes » de gauche, même si ses membres peuvent se réunir dans une défunte cabine téléphonique. Quand une question de société se pose, l’avis des ONG compte bien plus que les sondages d’opinion. Si les Français veulent à plus de 60 % une politique pénale plus répressive, les médias préfèrent mettre l’accent sur les communiqués de l’Observatoire des prisons qui préconise de désengorger les centres de détentions en libérant massivement ceux qui ont été condamnés par la justice. Entendons-nous bien : l’opinion de l’Observatoire des prisons est parfaitement acceptable et cette ONG a tout à fait le droit de défendre sa position ; nous sommes heureusement en démocratie.
Mais que représente cette association à l’aune du nombre de Français opposés à tout laxisme judiciaire ? Les deux plateaux de la balance sur ce problème ne sont pas égaux. Autre forme semblable sur le fond à l’ONG tout en étant plus ponctuel : la tribune signée par un groupe d’intellectuels ou de spécialistes. Si chacun des participants lançait son appel seul dans son coin, il ne serait pas pris en compte. Mais si le nombre de signataires dépasse 50, le texte devient incontournable et est repris par tous les médias. Il fait le buzz ! Pourtant que représente, 50, 100, 200 Français par rapport aux 67 millions d’habitants de l’Hexagone ? Pas grand-chose en fait, cependant l’opinion présentée par la tribune possède un poids excessif et personne ne souligne son manque de représentativité.
Pour les médias, une ONG est nécessairement de gauche
Pour les médias, une ONG est nécessairement de gauche. Les associations qui se situent sur le côté droit de l’arc politique comme l’Institut pour la justice qui préconise une réforme pénale plus répressive, La manif pour tous qu’on ne présente plus ou l’association Juristes pour l’enfance qui lutte entre autres contre la PMA n’ont pas le droit au titre d’ONG. Les bien-pensants ne parlent de ces organisations que pour les qualifier de proto-fascistes. Les avis et les communiqués de ces associations parias ne sont pas reproduits par la presse, sauf par les rares médias de droite (Le Figaro, Valeurs actuelles…), même si elles comptent des dizaines de milliers de membres, tandis que ceux des ONG de gauche sont accueillis partout avec faveur et ferveur, quel que soit le nombre de ses adhérents.
Les ONG ne seraient-elles pas au fond qu’une resucée des soviets ? Des groupements à la légitimité incertaine qui s’exprimeraient au nom du peuple puisque ce dernier n’est pas assez fiable et pense mal. C’est ainsi que les bolcheviques ont pris le pouvoir en Russie par le biais d’assemblées croupion.
Kim Robinson, une écrivaine de science-fiction acquise aux idées progressistes, a publié, il y a une quinzaine d’années, un cycle de roman d’anticipation sur la conquête de Mars. Dans son œuvre elle décrit le mécanisme d’ONG exerçant le pouvoir. Les habitants de la planète rouge s’étant révoltés contre l’ONU qui les gouverne, une conférence de paix s’ouvre. On (mais qui est derrière ce « on » ? Mystère.) décide que la future constitution martienne sera votée au préalable par toutes les associations intéressées par le problème. Il y en a une centaine et chacune a une voix.
L’ONU puissance « coloniale » n’a donc qu’un pour cent des droits de votes, de même que les indépendantistes les plus virulents. Serait-ce le paradis des progressistes, un nouveau mode de gouvernement qui permettrait de contourner le suffrage universel, car ce dernier a trop tendance à adouber des leaders populistes comme M. Salvini ?
Christian de Moliner
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