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Ministère de la Culture : Parisiens privilégiés, provinciaux délaissés

La France, jacobine jusque dans les dépenses du ministère de la Culture ? L’écart entre les montants investis en Île-de-France et en province est surréaliste…

139 euros pour les Franciliens… 15 euros pour les autres

Égaux sur le plan culturel, les citoyens de la République française ? Loin s’en faut, si l’on s’en tient aux chiffres hallucinants rapportés par le magazine L’Express le 11 juin. Il s’avère ainsi que le ministère de la Culture dépense chaque année en moyenne 139 euros par habitant en région Île-de-France. Une somme qui tombe à 15 euros pour les autres régions de France. Ce qui ne constitue rien de moins qu’un rapport de 1 à 9 au profit des Franciliens.

Si certains pouvaient encore douter du caractère centraliste et centralisateur de l’État, voilà une mise en perspective qui leur permettra d’y voir plus clair. Bien que ces chiffres soient révélés tandis que le ministère de la Culture est actuellement aux mains de Franck Riester, il est évident que ces (très) inégales répartitions des dépenses en matière culturelle ne datent pas de l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir.

Ministère de la Culture : tout pour Paris !

Symbole à lui seul de ce parisianisme culturel, l’ancien ministre à la fonction Jack Lang, désormais président de l’Institut du monde arabe, a le mérite de la franchise : il reconnaît sans ambages que, si les Parisiens disposent, de très loin, de la meilleure offre culturelle du pays, c’est surtout parce que l’État finance à lui seul « 80 % de la vie culturelle de la capitale ».

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Jack Lang. Source : Gala.fr

Une générosité qui interpelle lorsque l’on sait qu’en province, les dépenses culturelles sont en grande partie à la charge des collectivités (mairies, départements, régions) mais aussi parfois de l’Union européenne. L’exemple le plus frappant étant celui du Louvre et de sa déclinaison lensoise. Si, lors des travaux (dont l’érection de la pyramide) au Louvre-Paris sous l’ère Mitterand, l’État a réglé la totalité de la facture, il n’a financé le Louvre-Lens (inauguré en 2012) qu’à hauteur de 1 %…

Paul Molac, le parisianisme et les Seiz Breur

Dans ces conditions, ce cercle vicieux du jacobinisme culturel peut-il être rompu lorsque l’on sait que la plupart des grands musées et institutions culturelles nationales sont situés à Paris ? Un état de fait qui conforte le ministère de la Culture dans la répartition de ses dépenses mais qui nous laissent, nous autres provinciaux, sur notre faim.
Mais pour certains, à l’instar du député du Morbihan Paul Molac, il n’est pas question de se résigner à ce qui ressemble fort à une injustice : « Il va de soi qu’un établissement situé à Paris est moins accessible aux Bretons que le même établissement situé en Bretagne », déclare-t-il. En complétant que « l’idée sous-jacente est que, pour avoir droit à l’excellence, il faut venir dans la capitale. C’est tout à fait inadmissible ! »
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Paul Molac. Source : RTL.fr

Paul Molac, l’une des rares (la seule ?) voix à faire entendre un point de vue breton dissonant sur le sujet, dénonce ainsi la tendance à « privilégier une vision parisienne de la culture ». Il souligne aussi le fait que les musées parisiens ont une forte tendance à « mettre en avant les artistes parisiens, supposés par nature produire des œuvres de niveau national, voire international ». Dans le même temps, les artistes dits « régionalistes » sont considérés avec un certain mépris. La Bretagne, avec le courant artistique des Seiz Breur, en est un parfait exemple. Incarnation d’un style néo-breton enraciné ayant connu son apogée lors de l’entre-deux-guerres, ces Seiz Breur sont depuis tombés dans l’oubli et n’ont jamais bénéficié d’une promotion culturelle d’envergure. Mais, à raison de 15 euros en moyenne par Breton, pouvait-on s’attendre à mieux de la part du ministère de la Culture ? Les priorités de ce dernier ne sont visiblement pas en Bretagne…

Crédit photo : Flickr (CC BY 2.0/Jean-Pierre Dalbéra)
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine – V

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