À Rennes, Carole Gandon (LREM) se voit déjà en train de virer Nathalie Appéré lors des prochaines élections municipales. Du « dégagisme municipal » en quelque sorte. Cela ferait tout drôle aux socialistes qui se considèrent propriétaires de la ville. Depuis si longtemps !
Très sûr de lui, Florian Bachelier (LREM), député de Rennes – Saint-Jacques-de-la-Lande et premier questeur de l’Assemblée nationale, avait annoncé la couleur : « Nous allons gagner la ville de Rennes » (OF, Ille-et-Vilaine, mardi 26 septembre 2017). L’épisode élections européennes étant terminé, il faut maintenant songer à la prochaine compétition : les élections municipales de 2020. Ainsi va la vie pour les professionnels de la politique.
Longtemps chasse gardée du PS, Rennes vote maintenant LREM
Comme toutes les villes où la classe supérieure et les classes moyennes « modernes » sont surreprésentées, la ville de Rennes, après avoir été longtemps la chasse gardée du PS, vote maintenant LREM. Au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron y faisait la course en tête avec 31,86% des suffrages. Au second, il écrasait Marine Le Pen : 88,40% pour lui, 11,60 pour elle. Un mois plus tard, aux élections législatives, les Marcheurs enlevèrent les quatre circonscriptions rennaises. Puis arrivent les élections européennes : la liste Renaissance (Nathalie Loiseau) arrive en tête avec 25,85%, devançant celle d’EELV (24,33%), celle du PS (10,91%), celle du RN (7,89%), celle des Républicains ((6,55%), celle des Insoumis (6,35%) et celle de Benoît Hamon (6,03%).
À partir de ces données, les marcheurs peuvent aborder les prochaines élections municipales avec optimisme. Porte-parole nationale de LREM, référente départementale pour l’Ille-et-Vilaine, Carole Gandon dirigera la liste macroniste. Elle a le bon profil pour le job : compagne de Florian Bachelier, ancienne socialiste tendance Strauss-Kahn, diplômée de Sciences-Po, salariée dans une « PME technologique engagée dans un projet dans le domaine de la smart-city » (Ouest-France, Bretagne, jeudi 25 avril 2019). Sa méthode pour prendre la place de Nathalie Appéré : « Nous souhaitons rassembler la droite progressiste et la gauche progressiste » (Ouest-France, Rennes, mardi 3 juillet 2018).
Les grandes ambitions de Carole Gandon
De grandes ambitions l’habitent : « Le temps est venu de donner un nouveau souffle à Rennes et de renouveler les visages qui l’incarnent ». Car « Rennes n’occupe pas aujourd’hui la place qu’elle mérite, ni à l’échelle de la Bretagne, ni dans le concert des métropoles européennes. La ville souffre d’un déficit d’image et d’un manque d’audace. Je veux révéler ses talents, son patrimoine, son excellence artistique, son potentiel technologique, sa vitalité entrepreneuriale. » (Ouest-France, Rennes, jeudi 25 avril 2019). Un mois et demi plus tard, elle persiste et signe : « Cette ville a besoin d’être renouvelée sur un plan politique, d’être réoxygénée, même s’il y a beaucoup de belles choses à Rennes. Mais parmi les réalisations qui sortent aujourd’hui, ce sont plutôt les fruits du travail des mandatures précédentes » (Le Journal de la Bretagne, 5 juin 2019). Traduction possible : l’actuel maire Nathalie Appéré (PS) ne fiche rien, c’est une mauvaise, voire une nulle ; il est urgent de la renvoyer dans ses foyers pour s’occuper de ses enfants.
La question des alliances
S’installer à l’hôtel de ville exigera d’obtenir la majorité en cas de duel ou d’arriver en tête en cas de triangulaire. À coup sûr, il faudra passer par le second tour. D’où la nécessité de trouver des alliés. En principe, il sera difficile de compter sur les écolos. « Les groupes locaux d’EELV vont décider de leurs alliances en toute indépendance, la direction nationale ne leur donnant qu’un cadrage thématique. Une seule consigne sera passée : pas d’alliance avec la droite ni LREM », indique-t-on du côté des amis de Yannick Jadot (Le Monde, mercredi 5 juin 2019). À Rennes « la stratégie (alliance avec le PS dès le premier tour ou pas…), le programme et la composition des listes seront soumis aux adhérents en septembre ou en octobre prochains. » Mais le leader rennais d’EELV, Matthieu Theurier, rappelle une évidence : « Les résultats des européennes ont rappelé la réalité des rapports de force » ( Le Télégramme, jeudi 6 juin 2019).
La seule question qui vaille : avec qui Carole Gandon pourra-t-elle faire équipe pour s’emparer de l’hôtel de ville si elle ne peut compter ni sur les écolos ni sur les socialistes ? Certes il y a toujours la possibilité de baptiser Bertrand Plouvier, leader local de LR, et ses amis « droite progressiste » ! « Personne ne pourra gagner tout seul les municipales à Rennes », avait-il déjà prévenu, en laissant la porte ouverte à LREM (Ouest-France, vendredi 27 avril 2018).
Précision : à ce jour, Carole Gandon est la seule candidate à l’investiture LREM à Rennes…, pistonnée en haut lieu. Il faudra attendre la fin juin pour que la commission nationale d’investiture annonce qui sera tête de liste à Rennes. Carole Gandon sera donc officiellement désignée à ce moment là.
Bernard Morvan
Crédit photo : Édouard Hue/Wikimedia (cc)
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