Défilant sous le slogan « L’amour ne peut qu’unir », les militants LGBT de la « Marche des égalités » de Gdańsk, en Pologne, avaient parodié samedi une procession catholique de la Fête-Dieu (Corpus Christi), avec une personne déguisée en prêtre catholique et brandissant une image de vulve en guise de Saint Sacrement dessinée dans un cœur faisant allusion au Sacré Cœur de Jésus. Autour de ce faux prêtre catholique, des femmes aux couleurs LGBT mimaient les fillettes précédant ces processions lors de cette fête dans toute la Pologne.
La maire libérale de Gdańsk, Aleksandra Dulkiewicz, avait ouvert cette marche et s’était dite très fière en expliquant que « Gdańsk n’a pas peur de la diversité ». À propos de cette parodie blasphématoire pour les chrétiens dénoncée après la marche, Dulkiewicz a répondu en termes très vagues sur Twitter que « le respect est la condition de l’égalité » et que « nous apprenons tous progressivement le respect, l’égalité et la responsabilité ».
La Coalition européenne (KE) rassemblant les libéraux de la PO, les libéraux-libertaires de Nowoczesna, le parti agraire PSL, les sociaux-démocrates du SLD post-communiste et les Verts avait fait de la critique de l’Église catholique et du soutien au lobby LGBT un des axes directeurs de sa campagne. Bien mal lui en a pris, puisqu’elle a raté dimanche son pari de doubler le PiS en présentant un front uni de l’opposition aux élections : le PiS a obtenu près de 46 % des voix tandis que la KE a recueilli 38 % des voix. Aucun sondage ne prévoyait un tel écart même si le PiS était donné gagnant par la plupart d’entre eux.
Celui qui a le plus perdu, c’est le parti agraire PSL (allié de la PO dans les gouvernements de Donald Tusk et d’Ewa Kopacz en 2007-15). L’électorat rural, plutôt conservateur, de ce parti a en effet préféré voter pour le PiS que pour la Coalition européenne dont faisait partie le PSL. Selon l’institut de sondages Ipsos, le monde rural a voté à plus de 56 % pour le PiS contre 27 % pour la KE. En ce qui concerne les agriculteurs eux-mêmes, ils ont voté à 70 % pour le PiS contre moins de 19 % pour la KE. Le chef du PSL Władysław Kosiniak-Kamysz accuse aujourd’hui Donald Tusk à cause de son discours du 3 mai précédé d’une intervention extrêmement agressive à l’égard de l’Église catholique (dont les évêques ont été qualifiés de « cochons se roulant dans la boue ») prononcée par un certain Leszek Jażdżewski, rédacteur-en-chef d’un média libéral-libertaire, sans que Tusk ni aucune autre des personnes présentes ne réagisse. Kosiniak-Kamysz, interrogé sur la télévision libérale-libertaire TVN sur les causes de la défaite de son camp, a estimé que « cela a commencé avec la charte LGBT [signée par le maire libéral de Varsovie, NDLR], après il y a eu l’intervention de Jażdżewski, et on dirait que c’était la 5e colonne du PiS. Donald Tusk a probablement plus mobilisé les électeurs du PiS que ceux de la KE ». Le leader du parti agraire a fait remarquer qu’en Pologne, avec un programme progressiste à la mode LGBT, « on ne peut pas gagner les élections ». « Le virage à gauche ne nous a pas aidé, il a mobilisé l’électorat du PiS », a-t-il ajouté.
Même la maire de Gdańsk, proche de la Plateforme civique de Donald Tusk, y va de sa volte-face. Alors qu’elle avait refusé de condamner la parodie de procession catholique samedi et dimanche, elle a publié mardi une lettre envoyée le jour-même aux organisatrices de cette parodie. Dans cette lettre, elle affirme n’avoir vu les images de cette parodie que tard le soir sur Internet et en avoir été profondément affectée en tant que mère venue à la « Marche des égalités » avec son enfant (sic!) et en tant que croyante, et elle écrit : « Comme je défendrai les droits à l’égalité des personnes LGBT+, des personnes en situation de handicap et des personnes discriminées à cause de la couleur de leur peau, j’exige aussi que l’on respecte les personnes croyantes. »
Il faut croire que les électeurs polonais ont infligé lundi une leçon à cette Coalition européenne qui avait cru à tort que les élections se gagnent à gauche en Pologne. Depuis la chute du communisme au pays de Jean-Paul II, aucun parti n’y avait jamais fait un aussi bon résultat que le PiS dimanche dernier.
Olivier Bault via Visegrad Post
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