Michel Gay nous adresse une tribune libre sur le nucléaire et les énergies renouvelables, en réponse à Henri Weill, rédacteur en chef du magazine de la Société des membres de la Légion d’honneur (La Cohorte) qui a fait publier un article à ce sujet dans le dernier numéro du magazine. Nous la reproduisons ci-dessous (et nous reproduisons également l’article décrié en question)
Bonjour Monsieur Weill,
J’ai été surpris de trouver hier dans La Cohorte n°236 une double page de publi-propagande pour les énergies renouvelables (EnR), dont la source indiquée est le Syndicat des énergies renouvelables.
Cet article intitulé « Énergies renouvelables – La parité à l’échelle mondiale d’ici quatre ans » débute de la même manière qu’un autre article déjà publié en avril 2018 dans Le Petit Journal et dont le contenu est quasiment identique.
Or, cette parité est une affirmation fausse. Les affirmations contenues dans l’article cité sont aussi fausses pour la plupart, ou biaisées, ou sont des généralités applicables à n’importe quelle source d’énergie, dont le nucléaire.
Ainsi : « La transition énergétique est en marche ». Laquelle ? Celle vers l’énergie nucléaire en Chine et dans le monde qui construit actuellement 52 réacteurs nucléaires ?
« Les EnR jouent un rôle de plus en plus essentiel dans le développement de systèmes énergétiques modernes et solides ». Faux. Ces EnR restent partout marginales (à l’exception de l’hydroélectricité qui est la seule excellente énergie renouvelable) et au contraire déstabilisent les réseaux et posent de graves problèmes d’équilibre instantané !
Le directeur du lobby des ENR (IRENA / Adnan Amin) déclare : « S’ils sont correctement gérés, les avantages de la transformation de l’énergie l’emporteront sur les défis ». C’est une grande généralité creuse qui ne veut rien dire, et qui s’applique aussi à l’énergie… nucléaire !
« … des productions électriques capables de concurrencer les technologies traditionnelles sans subventions étatiques ». C’est faux. Les subventions étatiques massives constituent toujours le socle du développement des EnR. Lorsque l’auteure évoque des prix « compétitifs », il n’est jamais tenu compte de la gestion et du coût de l’intermittence et de la variabilité fatale qui sont reportées sur les moyens de productions classique.
Lorsque le député Julien Aubert demande lors d’auditions en Commission d’enquête sur le coût des EnR en mars 2019 si on peut dorénavant supprimer les subventions de ces EnR « matures et compétitives », ces mêmes personnes qui en vivent grassement refusent pour ne pas effondrer la filière…
« … ces énergies vont atteindre la parité à l’échelle mondiale d’ici quatre ans ». C’est faux ! Et quel que soit l’endroit du monde, sauf pour l’hydroélectricité qui est habilement amalgamée dans les chiffres dans la suite de l’article.
« D’un point de vue économique, dans quatre ans, il n’existera plus de raisons valables de ne pas opter pour ce type d’énergies ».
C’est une affirmation « pro domo » gratuite et encore fausse ! (voir ici)
« … l’IRENA estime que la part de ces énergies dans la consommation finale de nombreux pays peut atteindre au moins 60 % »
C’est encore et toujours une affirmation gratuite et fausse reposant sur des études bidons aux hypothèses fantaisistes.
« La Chine par exemple, pourrait accroître la part de ces solutions alternatives dans sa consommation d’énergie de 7 % aujourd’hui à 67 % en 2050 ».
On notera le conditionnel mais c’est du « grand n’importe quoi » ! La production d’énergie de la Chine est fondée sur le charbon et le gaz pour au moins encore 100 ans et ils construisent actuellement 11 réacteurs nucléaires et les Chinois viennent de mettre en service les deux premiers EPR au monde…
« Dans l’Union européenne, cette part pourrait passer d’environ 17 % à plus de 70 %. »
Le conditionnel est de rigueur et chacun est libre de raconter n’importe quoi… L’auteure aurait tout aussi bien pu écrire la même chose pour le nucléaire !
« Quant aux États-Unis, ils pourraient voir ces proportions atteindre deux tiers ou plus ».
Sauf qu’en ce moment, ce pays investit massivement dans le gaz de schiste et se désengage des EnR !…
« Les ENR permettent de faire des choix optimisés d’un point de vue économique et environnemental ».
C’est un « bla-bla » creux car les EnR ont besoin de beaucoup plus de métaux et émettent plus de déchets et de gaz à effet de serre par kWh produit que le nucléaire…
« L’Inde affiche également une ambition profonde sur la part de ces solutions propres dans les nouvelles installations de production électrique ».
Mais l’Inde (comme la Chine) inclut le nucléaire dans les solutions « propres » ! Et ce pays construit actuellement 7 réacteurs nucléaires et des négociations sont en cours avec la France pour la commande de 6 EPR !
« L’éolien, même s’il présente de la volatilité, a une capacité de production en continu ».
C’est encore faux ! Il peut n’y avoir du vent nulle part en Europe. Le « foisonnement » éolien est quasiment inexistant non seulement en France mais aussi en Europe et pendant de longues périodes !
« Pourtant, les coûts sont tels qu’aujourd’hui, le solaire aura bientôt la préférence ».
C’est faux ! Le solaire photovoltaïque est la plus ruineuse et la plus intermittente des sources d’énergies ! Plus c’est gros, et plus ça passe ! Et « la preuve » donnée par l’auteure est une estimation… du lobby des EnR, l’IRENA… En voilà une « preuve » solide !
« Le commissaire européen en charge de l’énergie met en garde contre une crise énergétique sévère d’ici vingt ans si rien n’est fait ».
Oui, il a raison. Le développement des EnR conduit l’Europe dans le mur et il faudrait rapidement arrêter cette erreur stratégique majeure catastrophique et ruineuse pour tous les citoyens ! Mais je ne crois pas que l’auteure l’avait vu dans ce sens-là…
« Enfin, dans l’encart, il est indiqué que les énergies renouvelables peuvent être considérées comme inépuisables à l’échelle du temps humain ».
Le nucléaire durable a 5 000 ans de réserve pour les réacteurs surgénérateurs dans le monde actuellement, ce qui peut aussi être considéré comme « inépuisable à l’échelle du temps humain ».
« Elles sont générées à partir de phénomènes naturels, comme l’eau, le soleil, le vent, la chaleur produite par la terre ».
Faut-il rappeler que la chaleur de la terre résulte en grande partie de la radioactivité naturelle de la terre et que la réaction nucléaire de l’uranium qui est un métal est aussi un phénomène naturel… L’énergie nucléaire est donc verte à l’aune de ces critères…
Monsieur le rédacteur en chef, vous l’aurez compris, je suis désolé que la revue des membres de la SMLH ait offerte une telle tribune à une propagande mensongère et honteuse pour des sources d’énergies ruineuses dont nous n’avons pas besoin (sauf hydroélectricité).
La date de parution de cet article tombe à pic pour influencer des décideurs peu au fait des réalités de la production d’énergie au moment où se discute la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et il serait étonnant que ce soit un hasard…
Comme chacun a le droit de donner une opinion et un avis, il serait souhaitable qu’une double page vante aussi les mérites du nucléaire et corrige les affirmations fausses contenues dans cet article qui, malheureusement, participe à la désinformation des Français.
Cordialement.
Michel Gay
Chevalier la Légion d’honneur
Trésorier de la SMLH Savoie
http://www.vive-le-nucleaire-heureux.com
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