Fin 2018 et début 2019, de nombreux dirigeants politiques, journalistes et commentateurs avaient considéré que le mouvement des Gilets jaunes avait ruiné l’avenir d’Emmanuel Macron. Les résultats des élections européennes viennent de démentir ces pronostics.
En effet, Emmanuel Macron a trois objectifs politiques pour assurer son avenir :
- être réélu aux élections présidentielles de 2022 en ayant Marine Le Pen comme adversaire au second tour,
- finir d’abaisser les anciens partis PS et Républicains, susceptibles d’entraver cette démarche,
- créer au Parlement européen une nouvelle force entre le PPE et l’alliance progressiste des socialistes et démocrates pour peser sur la politique de l’UE.
Les résultats de dimanche ont confirmé l’effondrement du PS réduit à 6,2 % alors que ce parti dispose de la plus grande base d’élus locaux. Même si la gauche, avec les verts, conserve un électorat de l’ordre de 30 %, ses électeurs sont répartis sur 5 formations – EELV / PC / PS / LFI / Génération.s. Cela les met hors jeu pour la présidentielle de 2022.
Il restait l’hypothèque des Républicains dans la mesure où François Fillon, malgré une campagne de diabolisation, était arrivé en troisième position avec près de 20 % des suffrages. Le résultat de 8,5 % de F.X. Bellamy efface ce danger. Après cet échec, le mouvement va probablement éclater comme le PS. Déjà, la partie la plus libérale de l’électorat républicain a rejoint Emmanuel Macron et la République en marche.
Cela devrait assurer à Emmanuel Macron ce deuxième tour gagnant pour les présidentielles de 2022 puisqu’en ciblant sa campagne sur la lutte contre « l’extrême droite » il a permis à Marine Le Pen et au Rassemblement national d’être la seule opposition à sa politique. Or, si l’on additionne les scores des électorat proches de celui du RN, comme DLF, les Patriotes, l’UPR et même Les Républicains, on atteint un total de 37,2 %.
Bien sûr, les élections européennes sont différentes des présidentielles mais la hausse de la participation non prévue par les sondeurs ou les analystes montrent que les Français s’intéressent toujours à la politique. Elle démontre également que les abstentionnistes appartiennent à tous les partis car le résultat final n’a pas été franchement modifié à l’exception peut-être des écologistes.
Au niveau européen, PPE et sociaux-démocrates ont perdu leur majorité absolue qui, depuis 1979, leur a permis de faire la politique de l’UE. Par contre, le groupe de l’Alliance des démocrates et des libéraux sort renforcé de cette élection. Il pourra faire ou défaire les majorités. Or les élus LREM seront le groupe le plus important de cette formation.
Enfin, la liste LREM arrive en tête dans la quasi-totalité des grandes villes, à l’exception notable de Marseille et Nice, et même des villes moyennes. Il suffit de voir les résultats de Bretagne et Loire-Atlantique analysés sur Breizh Info à l’exemple de Nantes, Saint-Nazaire ou La Baule. Donc, pour les municipales de 2020, La République en marche se trouve en position de force pour soit présenter des listes propres, soit participer à de nouvelles majorités avec les maires PS ou LR sortants. Cela finirait de faire disparaître du jeu politique central le PS et Les Républicains.
Avec ces élections, Emmanuel Macron vient de prouver que sa stratégie est payante, qu’il a une base sociologique solide de près de 25 % de l’électorat et qu’il n’a rien perdu de sa pugnacité.
Marine Le Pen et le RN ne doivent pas s’illusionner sur leur première place de dimanche soir. Pour être crédible, mobiliser au-delà de ce socle également de 25 % de l’électorat et créer la surprise en 2022, Marine Le Pen et le RN devront montrer une volonté de gagner et une combativité sans faille. C’est lors des municipales de 2020 qu’ils devront en apporter une première preuve.
Jean THEME
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