Un des éléments-clé des résultats des élections pour le Parlement européen de mai 2019 est la percée, ou la confirmation, dans plusieurs pays, de partis dits nationalistes ou patriotiques.
L’Italie, éternel laboratoire de la politique, voit la Ligue, dirigée par le très populaire vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, triompher en obtenant 34,3 %, alors que l’autre parti nationaliste, Frères d’Italie, décroche 6,5 %. Le mouvement antisystème M5S, qui prend part au gouvernement national aux côtés de la Ligue, ne reçoit que 17,1 %.
Si ces résultats ne concernent que la composition du futur Parlement européen, ils modifient, en fait, les rapports de force au sein du gouvernement dominé par le M5S. Ils ouvrent également la voie à de possible élections anticipées devant conduire à une victoire du centre-droit, au sein duquel les deux partis nationalistes, la Ligue et Frères d’Italie, devraient avoir le dessus sur la formation politique conservatrice-libérale déclinante de Silvio Berlusconi.
Matteo Salvini, dont le parti avait obtenu seulement un peu plus de 17 % lors des élections législatives de 2018, est désormais le maître du jeu politique en Italie, tenant en otage le gouvernement M5S-Ligue, tout en ayant la possibilité de le faire tomber afin de triompher dans les urnes lors de nouvelles élections législatives.
Dans le cadre du scrutin régional au Piémont, le candidat du centre-droit (Ligue, Forza Italia, Frères d’Italie, …) arrive premier avec presque 50 %. Des élections municipales au sein de quelques villes d’Italie ont donné des résultats partagés.
En France, le Rassemblement National arrive premier avec plus de 23 %, Debout la France est à 3,5 % et les Patriotes à 0,65 %.
Au Royaume-Uni, le Brexit Party de Nigel Farage gagne les élections européennes avec plus de 31 % et l’UKIP obtient 3,5 %.
En Pologne, les conservateurs et patriotes du PiS décrochent 45,4 %, alors que la formation K’15, avec 3,7 %, ainsi que la Konfederacja, avec 4,5 %, ne passent pas le seuil des 5 % nécessaires en Pologne afin de siéger au sein du Parlement européen.
En Hongrie, le Fidesz du Premier ministre Viktor Orbán est à plus de 52 % et le Jobbik à 6,4 %.
En Belgique, les deux partis nationalistes flamands obtiennent en Flandre respectivement 22,5 % pour la N-VA et 19,3 % pour le Vlaams Belang. Lors des élections régionales et nationales, qui se sont tenues en même temps que le scrutin européen, les deux partis obtiennent ensemble plus de 40 % en Flandre.
Aux Pays-Bas, le Forum voor Démocratie de Thierry Baudet décroche 10,9 % (soit + 10,9) et fait son entrée au Parlement européen en obtenant trois sièges alors que l’autre parti patriotique, le PVV de Geert Wilders, chute de plus de 6 points et obtient 3,5 %. Le PVV perd ses 4 députés européens mais devrait en obtenir un à la suite de l’attribution de sièges supplémentaires après le Brexit.
Au Luxembourg, l’ADR obtient 10,04 % (soit +2,51) et pas d’élu. Déi Konservativ décroche 0,53 %.
En Allemagne, l’Alternative pour l’Allemagne obtient 11 %. Ce parti se maintient au sein du Parlement de l’État de Brème et obtient de bons scores au sein de certaines villes de l’est du pays lors d’élections municipales.
En Autriche, le parti nationaliste FPÖ, victime du scandale de la vidéo d’Ibiza, sauve les meubles en recevant 17,2 %. Le chancelier social-chrétien Sebastian Kurz (ÖVP) obtient une victoire à la Pyrrhus. En effet, alors que son parti a reçu presque 35 % lors du scrutin européen, Sebastian Kurz subit une motion de défiance au Parlement ce lundi 27 mai, introduite par les sociaux-démocrates du SPÖ et votée également par les députés du FPÖ.
En Suède, les Démocrates suédois obtiennent 15,5 %, au Danemark, le Parti du Peuple danois chute et décroche 10,7 %, en Finlande, les (vrais) Finlandais 13,8 %, en Estonie, l’EKRE 12,7 %, en Lettonie, l’Alliance Nationale 16,4 %, en Lituanie, Ordre et Justice près de 2,6 %, en Tchéquie, le SPD 9,14 %, en Slovaquie, le SNS 4 %, à Malte, le Mouvement Patriotique Maltais 0,3 %.
En Slovénie, le SNS obtient 4 % alors que le Parti démocratique slovène (SDS) de centre-droit et opposé à l’immigration, allié à un autre parti de centre-droit – le SLS -, récolte ensemble avec celui-ci, près de 26,5 %.
En Bulgarie, les partis patriotiques obtiennent : 7,2 % pour le VMRO, 3,6 % pour Volya, 1,15 % pour le FNSB et 1,08 % pour Ataka.
En Grèce, l’ANEL (Grecs Indépendants) reçoit 3,46 %, le LAOS près de 2,7 % et Nea Dexia 0,66 %. Aube dorée frôle les 5%
En Croatie, les Souverainistes croates (Hrast+HKS) décrochent 8,51 % et 1 siège, la Liste indépendante de Mislav Kolakusic 7,89 % et 1 siège, le Živi zid 5,66 % et 1 siège, les Indépendants pour la Croatie de Bruna Esih 4,37 % et pas de siège.
En Espagne, Vox entre au Parlement européen avec plus de 6 %.
En Roumanie, les résultats toujours préliminaires indiquent de faibles scores pour les patriotes.
Notons qu’au sein de certains pays, tels que la Slovaquie, Chypre, Malte et la Grèce, des mouvements nationalistes (très) radicaux obtiennent des résultats honorables. Dans ce dernier pays, le Premier ministre post-communiste Aléxis Tsípras (Syriza) a annoncé, à la suite du scrutin européen, régional et municipal, qu’il demandera des élections législatives anticipées après le second tour des élections régionales et municipales du 2 juin.
Lionel Baland (animateur du blog http://lionelbaland.hautetfort.com/)
Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2019, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Une réponse à “Elections européennes. Le score des partis nationalistes en Europe”
[…] progression écologiste est réelle. Mais moins notable que celle des mouvements populistes dont le nombre de sièges devraient passer de 145 à 190 (plus 45). Une progression contrastée […]