Les résultats de élections européennes du 26 mai en Loire-Atlantique ne peuvent pas totalement se comparer à ceux de 2014, la participation est en hausse de près de 6% et l’élection de Macron à la présidence de la République suivie de l’écrasante victoire aux législatives de son « parti » La République en marche ont changé le paysage électoral.
La Macronie s’installe
Comme prévu LREM arrive nettement en tête des suffrages dans le département de Loire-Atlantique, avec 25,6% particulièrement dans les communes les plus peuplées à l’exception de Rezé et Couëron. C’est elle qui est leader à Nantes (26,3 %), Saint-Nazaire (25,4 %), Saint-Herblain (25 %), Vertou (30,5%), Saint-Sébastien (27,3), La Chapelle sur Erdre (29,3%), Pornic (31%) ou La Baule (34,6%) en asséchant littéralement le PS et LR partis dominants depuis des décennies. Un vote qui se confirme dans de nombreuses communes du littoral, du Pays de Retz ou du vignoble. Clairement ce ne sont pas les seuls bobos privilégiés de la mondialisation ou les retraités qui ont voté LREM.
La fièvre verte
La deuxième place est surprenante puisque c’est Europe Ecologie – Les Verts qui totalise 18,9 % des suffrages exprimés. La liste de Yannick Jadot réalise en Loire Atlantique l’un de ses plus gros scores nationaux : 19%, en progression de 6 points. A Nantes, elle dépasse 24,3% des voix (un record national identique à Rennes !). EELV dépasse 20% à Saint-Herblain, Saint-Sébastien, Bouguenais, La Chapelle-sur-Erdre. A Rezé, Jadot est même en tête avec 24,5% ainsi qu’ à Couëron avec près de 21%, et à Indre 25,6% : communes qui ne sont plus ouvrières. Cette poussée verte se confirme aussi à La Montagne, Le Pellerin et dans la région de Notre-Dame-des-Landes, à Malville ainsi qu’à Guérande.
La Bérézina du PS
La liste PS-Place publique de Glucksmann qui se qualifiait « d’écologique et sociale » n’est plus que quatrième en Loire-Atlantique avec 8 % des voix,c’est un peu mieux qu’au national, un moindre mal dans un département où la plupart des grandes mairies sont socialistes de même que le conseil départemental, et où le PS jouit d’ un pouvoir culturel dominant et de nombreuses complicités médiatiques. A Nantes ville dirigée par le PS depuis 30 ans, la liste Glucksmann dépasse péniblement 9 %. La maire Johanna Rolland a quelque souci à se faire pour sa réélection, à moins que de nouvelles alliances… . A Saint-Nazaire fief socialiste depuis un siècle le PS fait tout juste 10 %, un record historique. Là aussi un score qui pèsera dans la préparation des prochaines élections municipales.
Avec 4% au plan départemental la « liste citoyenne du printemps européen » de Benoit Hamon ex PS n’a pas fait des miracles, un petit mieux à Nantes 4,8% comme à Saint-Nazaire, et un gros 5,8% à Rezé.
Les Républicains en voie de disparition ?
En 2017 François Fillon frôlait les 20% en Loire Atlantique. En 2014 l’UMP y obtenait 18,2%. En 2019 Les Républicains ne font plus que 7,6% encore moins qu’au national. Le parti attendait un miracle du choix d’un catholique versaillais proche de la Manif pour tous. Las, une telle dégringolade est sans précédent. Elle est générale sur l’ensemble du département. A Nantes LR se retrouve au même niveau que le RN 8%, à Saint-Nazaire c’est pire 5,5% comme à Saint-Herblain, 4% à Rezé. Les Républicains n’ont plus de véritable bastion en Loire Atlantique. Même à La Baule les riches retraités n’ont été que 18% à voter Bellamy. Pire, la déroute historique de dimanche a mis en évidence la disparition du maillage du parti de « la droite républicaine » dans les communes rurales. Dans certaines Bellamy descend à 3%.
L’UDI centriste de Christophe Lagarde doit se contenter d’un modeste 2,8%.
Pour la France Insoumise, la chute finale ?
En 2014, ce parti n’existait pas encore. Le Front de gauche avec le PC obtenait un modeste 5,3%, mais en 2017 le pétulant Mélenchon frôlait les 22 %. Aujourd’hui son parti est relégué à 5,9%, une dégringolade encore pire que celle des Républicains. Cette chute se constate dans tout le département : 6,1% à Nantes, 7,4% à Saint-Nazaire. Seules quelques anciens fiefs communistes comme Trignac permettent à la F.I. d’atteindre 10%.
Le frêle Yann Brossat signe un très faible score de 1,9%, une erreur de casting pour un Parti communiste qui n’en finit pas de mourir. Les travailleurs et travailleuses n’ont pas fait confiance non plus à Lutte ouvrière de Nathalie Arthaud qui doit se contenter de 0,9%.
Le score médiocre du Rassemblement national
Dans un communiqué le RN se félicite d’être la 3ème force politique de Loire atlantique comme en 2014. Mais à l’époque les 3 listes de tête se suivaient à moins de 2%. S’il progresse de 5 700 voix le RN n’en recule pas moins en pourcentage de 16,4% à 14,7%. Ce recul est net à Nantes où il passe de 10,1% à 8,3%. Il est moins marqué à Saint-Nazaire – 0,9% ( où le RN a 3 élus municipaux), alors qu’à Donges il obtient 29% en progressant de 4 points comme à Montoir de Bretagne avec le même score. Recul aussi à La Baule -1,5%. Toutefois dans de nombreuses communes rurales le FN est en progression, arrivant en tête dans plusieurs dizaines de communes du Pays de Retz au castelbriantais avec record à Juigné les Moutiers avec 48 %. Parti d’électeurs, le RN n’a pas d’implantation politique réelle en Loire-Atlantique à l’exception de la basse Loire nazairienne.
Les Patriotes de Florian Philippot, scission du RN, font un score dérisoire avec 0,3%. Une de leurs 2 conseillers régionaux élue municipale de Paimboeuf n’y obtient que 1,8% son record départemental.
Debout la France, le parti souverainiste de Dupont-Aignan n’obtient de son côté que 2,9% en recul de 0,6%.
François Cravic
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