En Flandre, le Vlaams Belang a fait une percée remarquable lors des élections du 26 mai. Son jeune leader Tom Van Grieken permet ainsi de remettre le nationalisme flamand sans concession au premier plan. Maîtrise de l’image et communication efficace font partie des ingrédients du succès.
Vlaams Belang : des scores inespérés
À l’instar des autres États européens, la Belgique s’est elle aussi rendue aux urnes dimanche 26 mai. Outre la désignation des eurodéputés, les électeurs étaient aussi invités à se prononcer sur la nomination de leurs représentants régionaux et fédéraux. À l’issue du scrutin, les nationalistes du Vlaams Belang ont été les grands heureux de la soirée.
Les résultats de la formation flamande ont effectivement largement dépassés les prévisions des sondages (annonçant un score de 14,8 % à la mi-mai). Le Vlaams Belang passe ainsi de 3 à 18 sièges à la Chambre des députés. Dans le même temps, il capitalise désormais 23 sièges au Parlement régional de Flandre. Contre 6 avant l’élection. Le parti de Tom Van Grieken obtient ainsi 18,5 % des suffrages, quand il n’en obtenait que 5,9 % lors du dernier scrutin de 2014. Une belle progression de 12,6 points qui met la pression sur la N-VA de Bart de Wever. Une N-Va qui a vu son électorat diminuer par rapport à 2014. Si elle récolte 25 % des suffrages, elle est loin de son score de 2014 (31,9 %).
Un cordon sanitaire intenable
Dans ces conditions, Bart De Wever va devoir négocier une alliance avec le Vlaams Belang. Une situation impensable il y a encore quelques jours tandis qu’un cordon sanitaire a été mis en place autour du Vlaams par les autres formations politiques depuis 1991.
Ironie de la politique, Bart de Wever, qui avait traité le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken de « clown » quelques jours auparavant, est désormais au pied du mur et doit revoir son point de vue sur les nationalistes flamands intransigeants.
Après la révélation des résultats du 26 mai, il a notamment déclaré que « la Flandre choisit le nationalisme flamand plus que jamais ». Rappelons au passage que la N-VA a souvent été critiquée ces dernières années pour son absence de volonté effective à mettre la Flandre sur le chemin de l’indépendance.
Mais Bart de Wever a visiblement compris que l’heure n’était plus à faire semblant devant les électeurs flamands : « La réalité de la Belgique francophone était plus que jamais éloignée des nôtres ». Le clin d’œil au Vlaams Belang est à peine masqué lorsqu’il affirme que la N-VA ne permettra jamais un gouvernement fédéral sans des partis flamands qui représentent une majorité de la population flamande.
À la N-VA, le temps de l’humilité et de la réflexion est donc venu : « Tout le monde devra réfléchir profondément sur la situation difficile dans les prochains jours », a déclaré Bart de Wever, qui a rappelé que les députés N-VA ont été « élus pour défendre l’identité et le bien-être de la Flandre et c’est notre seule mission à l’avenir ».
« Nous voulons une Flandre indépendante »
Du côté du Vlaams Belang, le message envoyé par les électeurs flamands et le gap entre les aspirations de ces derniers et les Wallons francophones a, semble-t-il, été bien compris. Tête de liste pour le Brabant flamand pour les élections fédérales, Dries Van Langenhove a résumé la situation juste avant la parution définitive des résultats en Belgique :
« Je pense que les gens en ont marre de voir que le gouvernement ne les écoute pas et prenne des décisions sans tenir compte de ce qu’ils veulent. C’est-à-dire moins d’immigration, une dette nationale allégée et que quelque chose soit fait pour remédier au sentiment d’insécurité et à la faillite de la Justice. ». Et d’ajouter : « Le gouvernement précédent a appliqué une politique de gauche et n’a pas répondu aux attentes des Flamands. Il a été puni pour cela ».
Quant à l’écart gauche-droite entre Wallons et Flamands, il explique : « En Belgique nous avons deux démocraties différentes. Les Wallons votent clairement à gauche tandis que les Flamands optent plutôt pour une politique de droite. Ce n’est pas seulement lors de ces élections-ci, mais c’est à chaque élection la même chose depuis des dizaines d’années ».
Sur la question du statut souhaité par le Vlaams Belang pour la Flandre, le jeune homme, qui excelle en matière de communication, précise : « C’est clairement indiqué dans notre programme: nous voulons l’indépendance de la Flandre afin de réaliser nos objectifs, de devenir maître de notre budget et de notre avenir ».
Percée du Vlaams Belang en Flandre: « Nous voulons une Flandre indépendante », explique une tête de liste du parti https://t.co/4KX7drkitr
— RTL info (@rtlinfo) 26 mai 2019
Vlaams Belang : communication soignée… et payante !
Si Dries Van Langenhove a rallié le Vlaams Belang avant ces élections, il s’est avant tout fait connaître comme fondateur du mouvement identitaire flamand Schild & Vrienden qui avait vu le jour en 2017.
Une ligne politique aussi dure qu’esthétique qui est aussi celle adoptée par le Vlaams Belang de Tom Van Grieken. Lissant son image sans renier ses fondamentaux, le Vlaams Belang n’a pas lésiné sur les moyens avant ce scrutin. En investissant notamment pas moins de 400 000 euros en publicités Facebook, partie digitale d’une campagne électorale moderne et incisive. Une formule qui s’est avérée payante en séduisant un électorat flamand jeune, masculin, séparatiste et résolument hostile à l’immigration extra-européenne. De quoi rappeler que, sans la forme, le fond n’a aucune perspective.
Flandres. Les nationalistes du Vlaams Belang et le boulet socialiste wallon [Vidéo]
Crédit photos : Facebook Vlaams Belang
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