Depuis 1970, La Solitaire du Figaro est devenue le passage obligé des coureurs au large pour débuter une carrière ou confirmer la capacité à se remettre en cause après moult expériences. Pour cette cinquantième édition marquée par l’arrivée d’un nouveau support – Le Figaro Bénéteau 3 –, le plateau est exceptionnel avec le retour de nombre de skippers au palmarès particulièrement étoffé…
Peu nombreux sont ceux qui ont scoré dès leur première participation mais presque tous ont ensuite continué sur leur élan pour passer à une autre série avec succès, en IMOCA, en multicoque ORMA puis Ultime, sur la Volvo Océan Race… Bref La Solitaire URGO Le Figaro est une telle expérience qu’il faut la renouveler au point qu’elle en devient addictive !
Pourtant, nombre de solitaires ont terminé en milieu de tableau ou même dans les profondeurs du classement à leur première tentative : Loïck Peyron (28ème en 1980), Alain Gautier (40ème en 1980), Jérémie Beyou (23ème en 1997), Yann Éliès (30ème en 1997), Éric Péron (29ème en 2006), Corentin Douguet (31ème en 2006), François Gabart (16ème en 2008), Adrien Hardy (24ème en 2008), Fabien Delahaye (18ème en 2009), Yoann Richomme (19ème en 2010), Arthur Le Vaillant (38ème en 2010), Thomas Ruyant (21ème en 2011), Charlie Dalin (23ème en 2011), Sébastien Simon (33ème en 2014), Martin Le Pape (24ème en 2015), Justine Mettraux (27ème en 2016)… Or tous (ou presque) font partie des favoris de cette 50ème édition !
Cent fois sur le métier…
Car à moins de deux semaines du départ de Nantes, les 48 solitaires sont dans les starting-blocks après s’être testés grandeur nature lors des trois premiers rendez-vous de la saison (Sardinha Cup, Solo Maître CoQ, Solo Concarneau). Qu’ils soient anciens vainqueurs d’étape ou au général, qu’ils soient multirécidivistes ou novices, qu’ils viennent de la Mini Transat ou de l’olympisme, tous doivent revoir totalement leur copie avec la venue d’un nouveau support bien plus exigeant que ses prédécesseurs. Surtout que tout est à faire sur le Figaro Bénéteau 3 : définir les abaques de vitesses, déterminer les meilleurs profils de voiles, appréhender les moments de pause (sommeil, alimentation, navigation…), comprendre les trajectoires favorables.
Deux à cinq mois de prise en main ne s’avèrent pas suffisants pour ces skippers extrêmement méticuleux quant au surfaçage des carènes, quant à la précision de l’électronique, quant à la facilité de manœuvre, quant à l’ergonomie du plan de pont. Et c’est justement cette exigence qui est mise en exergue lors de la Solitaire du Figaro et qui permet ensuite de passer à une autre série, peut-être plus prégnante côté préparation mais souvent tout aussi sollicitante côté navigation (IMOCA, Ultime, Ocean Race…). Car si les talents hexagonaux d’aujourd’hui sont aussi remarquables, c’est bien parce qu’ils sont passés par « l’école » du Figaro ! Alain Gautier, Loïck Peyron, Michel Desjoyeaux, François Gabart, Armel Le Cléac’h, Charles Caudrelier, Paul Meilhat, Yoann Richomme… ont déjà démontré leur capacité à transférer les enseignements d’un petit monocoque de neuf mètres sur des unités de 40 à 110 pieds…
Le temps des sourires !
Et si tous s’accordent sur la justesse du concept d’un voilier plus performant tout en étant plus radical avec ses foils, tous aussi savent que leurs résultats précédents seront remis en cause ! Car même si certains ont rapidement trouvé les manettes de ce nouveau support, rares sont ceux qui peuvent se projeter sur ce format en quatre étapes où chaque seconde compte. Souvenons-nous de l’incroyable arrivée à Saint-Nazaire en 2003, première année du Figaro Bénéteau 2, où Armel Le Cléac’h s’imposait au final de treize secondes seulement sur Alain Gautier après plus de 13 jours et demi de compétition !
Alors à Nantes pendant près d’une semaine (du lundi 27 mai au dimanche 2 juin), les pontons du quai de la Fosse vont vibrer aux noms des « stars » de La Solitaire URGO Le Figaro : les trois triples vainqueurs de l’épreuve (Michel Desjoyeaux, Jérémie Beyou, Yann Éliès), le triple vainqueur de la transat anglaise (Loïck Peyron), le vainqueur du deuxième Vendée Globe (Alain Gautier), les vainqueurs de la Route du Rhum en Class40 (Thomas Ruyant, Yoann Richomme), le vainqueur de la Fastnet Race toutes classes confondues (Alexis Loison), les vainqueurs de la dernière Transat Ag2R La Mondiale (Adrien Hardy et Thomas Ruyant)… La Solitaire est une course légendaire, certes pas la plus ancienne en solo, mais celle qui a le plus d’éditions à son compteur. Alors pour cette cinquantième, ils viennent ou reviennent en découdre sur plus de 2 000 milles entre Nantes, Kinsale, Roscoff et Dieppe : bienheureux celui qui prédit d’ores et déjà le scénario de cette compétition virale !
La Solitaire URGO Le Figaro en chiffres
– du 2 au 29 juin 2019
– 4 étapes – 2 115 miles
– 48 solitaires
– 12 bizuths
– 5 femmes
– 6 nationalités
– 1 nouveau bateau – 2 foils
– 20ème fois à Kingsale
– 22ème participation de Gildas Morvan
– 59 ans : E. Peyron
– 20 ans : E. Delamare
Crédit photo : DR
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